Fin du grand débat, et maintenant ?

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:56

Débuté le 15 janvier, le grand débat national se termine ce 15 mars. En complément des 83 cahiers de doléances transmis (une vingtaine, arrivée hors délai, a été ajoutée), 54 débats ont eu lieu aux quatre coins de la Haute-Loire, encadrés par les septs garants.
Outre les sept réunions au Puy (dont une où la transition écologique était au coeur des préoccupations à Yssingeaux), on relève quatre débats à Saugues ou encore cinq au Chambon-sur-Lignon. Il faut également noter la tenue de nombreuses réunions hors de ce cadre institutionnel, comme par exemple à Yssingeaux fin janvier.

Quels sont les thèmes les plus débattus ? La décentralisation d'abord...
Difficile de placer le curseur mais selon Jean Proriol, président de l’association des maires de France (AMF 43), la question de la mobilité était centrale, tout comme celle des EHPAD et de leur financement, ou encore celle de l'accès aux soins. "Des thématiques très présentes en Haute-Loire", souligne-t-il.
----Prudence sur le RIC
Pierre Gentes note que le RIC (referendum d'initiative citoyenne) est apparu à plusieurs reprises et il appelle à la prudence car il y a "parfois une certaine ignorance globale de la population sur des questions techniques".-----Quant au président de l’association des maires ruraux de France, Pierre Gentes, il insiste sur la question de la décentralisation, très prégnante dans ces débats : "depuis une vingtaine d'années, la volonté politique est de concentrer les choses, dans les métropoles, avec les pouvoirs et les moyens financiers, au détriment des autres territoires. Les gens en ont assez, il faut déconcentrer et revoir la loi NOTRe".

... mais aussi les questions de mobilité, de couverture internet et de présence des services publics
Même son de cloche chez Jocelyne Duplain, l'une des garantes du grand débat : "il y a un sentiment d'éloignement entre la politique nationale et locale, de différence de traitement entre l'urbain et le rural", alors qu'Arlette Arnaud-Landau a aussi relevé des doléances sur les questions de mobilité, de couverture internet et de présence des services publics, avec une opposition entre le monde rural et le Puy.
Serge Figon, lui aussi garant (voir la présentation des sept garants), a trouvé que la question de la VIème république était très présente, tout comme celle du vote blanc et de sa reconnaissance ou encore la volonté d'une réforme fiscale. "L'organisation de l'espace, des transports et de la place de la voiture" ont également été abordés, tout comme le quinquennat, jugé trop court pour une action publique efficace.

"Il n'y a pas eu de véritable débat"
C'est le constat dressé par Serge Monnier, professeur de philosophie, ex-maire du Puy-en-Velay et ancien député de la Haute-Loire. "Il n'y a pas eu de véritable débat, avec un échange d'arguments pour tenter de convaincre", explique-t-il, "il n'y a pas eu de heurts, pas de clash, mais plutôt un exposé de divers points de vue, à différentes altitudes, mais sans droit de suite, sans conclusion et sans délibération ". Il a assisté à quatre débats "lénifiants" et pour lui, on est "loin d'une amorce de la regénération de la vie politique"
Pour vous ce grand débat était plutôt une superposition d'idées ? Lorsqu'il faudra être constructif, le débat risque d'être plus problématique ? 

Quid de la représentativité avec "presque personne de moins de 40 ans"...
Si Pierre Gentes a jugé le débat "très utile", car il visait à "créer de la confiance entre le haut et le bas", on peut tout de même s'interroger sur la "très faible participation des jeunes", comme nous l'a confirmé Jean Proriol, et dans le prolongement sur la représentativité des publics ayant participé à ce grand débat. "En gros, on peut dire qu'on a presque vu personne de moins de 40 ans", nous répond l'un des garants quand Jocelyne Duplain tempère : "il y avait quand même des publics variés, avec certes des retraités mais aussi des actifs, et le nombre fait aussi la représentativité".

----"Un réel besoin de se parler"
"Plus de 80 personnes à Saint-Jeures un dimanche après-midi avec un grand soleil, c'est la preuve qu'il y a un réel besoin de se parler", estime Arlette Arnaud-Landau. Ces réunions ont duré 3h en moyenne ; on en a recensé plus de 10 000 en France.
-----... et de la présence des Gilets jaunes dans les débats ?
Quant à la présence de Gilets jaunes dans ces débats, difficile de trancher car certains l'ont peut être ôtépour venir mais la plupart ont semble-t-il plutôt boycotté le Grand débat national, même si des idées émanant du mouvement ont été reprises.
A contrario, pas un mot (ou presque) sur les radars et les 80 km/h, qui semblaient au coeur de la colère des Gilets jaunes au début du mouvement.

Et maintenant ?
C'est là toute la question et il n'y a pas vraiment de réponse pour l'instant, alors que les attentes sont énormes à écouter Pierre Gentes, qui assure : "c'est une sorte de plan Marshall qui est attendu, il y a eu un bon travail lors de ces réunions, il faut la suite maintenant". Des propos corroborés par l'ensemble des garants, alors que "ce bouillonnement d'idées peut déjà être repris en local", suggère Serge Figon.
Les services de l'Etat ne sont pas plus en mesure de donner le détail des mesures qui seront prises ensuite, "il est encore trop tôt pour le dire", reconnaît Rémy Darroux, sous-préfet de l'arrondissement du Puy-en-Velay et secrétaire général de la préfecture de la Haute-Loire, désigné référent départemental dans le cadre de ce Grand débat national.

Maxime Pitavy

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