Un ramassage de pommes de terre tourne au drame
Et si deux forcenés ouvraient le feu lors d'un spectacle à Espaly ?
C'est le scénario imaginé par la préfecture pour entrainer les forces de sécurité et de soins du département lors d'un exercice grandeur nature, ce mardi 13 janvier. Une scène qui fait froid dans le dos, mais qui permet surtout aux policiers, gendarmes, militaires, sapeurs-pompiers, urgentistes, ou services de préfecture et de gestion de crise de se préparer tous ensemble à l'éventualité d'une attaque.
Il est près de 20 heures, ce soir du 13 février 2024. Il fait frais, et les rues d'Espaly-Saint-Marcel sont calmes alors qu'un spectacle bat son plein à la MJC de la commune.
Tout à coup, l'alerte est donnée : une attaque vise la salle et ses occupants d'un soir. On ne sait ni combien sont les assaillants, ni même le nombre de victimes, mais les secours doivent agir au plus vite.
Se déclenche alors tout un protocole et une armée de policiers, gendarmes, secouristes, sapeurs-pompiers, etc. sont appelés en urgence sur le Chemin Via les Combes.
Le son assourdissant des armes automatiques s'entendent depuis l'extérieur du bâtiment, tout comme les cris glaçants des victimes. Le temps presse, car plus il passe, plus le nombre de blessés... et de morts, augmente.
Une exercice de coordination
Heureusement, tout cela n'est qu'un exercice de simulation, un scénario mis en scène grâce à des bénévoles "qui jouent le jeu des victimes".
L'objectif c'est d'abord, selon le Préfet de la Haute-Loire Yvan Cordier, "de tester la réactivité opérationnel des services", mais aussi "la communication entre les différents services d'intervention."
En effet, les entrainements, chacun les suit habituellement de son côté, pour agir au mieux le moment venu. Mais comme le précise le représentant de l'État, l'enjeu lors d'évènements d'une telle ampleur, c'est que tous ces hommes et ces femmes travaillent ensemble, de manière coordonnée et efficace. Ce sont d'ailleurs près de 150 personnes qui se sont mobilisées. Alors il faut que les informations soient communiquées clairement et rapidement.
Plusieurs cellules de gestion de crise
Alors pour que tout cela soit géré au mieux le moment venu, plusieurs cellules de gestion de crise se forment très rapidement, à plus ou moins grande distance du lieu du crime. Cette fois par exemple, le centre opérationnel police a investi l'école communale, située à quelques mètre en contre-bas de la salle. Là, la commandante des opérations de police coordonne l'action de la police, de la gendarmerie et des sapeurs pompiers, grâce à la collaboration des référents de chaque service.
Du côté de la préfecture, une seconde cellule de crise se met en place, avec un peu plus de distance sur les évènements. L'enjeu de ce "centre opérationnel départemental" est alors de garder en permanence le lien avec les services mobilisés sur le terrain, pour coordonner, communiquer, sécuriser, informer, et surtout prendre les meilleures décisions.
Sécuriser puis évacuer les blessés
Lors d'un tel évènement, heureusement plutôt rare en France, les forces de sécurité doivent intervenir rapidement et efficacement. Cet exercice est donc également pour eux un entrainement "en situation" qui permet de revoir les bases de leurs métiers.
Alors s'organisent tour à tour chaque corps d'intervention : d'abord les primo-intervenants, issus des équipages police secours, qui interviennent alors que la situation est encore inconnue. Ce sont les forces de niveau 1, qui tentent de se rapprocher des assaillants.Viennent ensuite les forces de niveau 2, la brigade anti-criminalité, équipée plus lourdement pour intervenir sur ce type de scénario, avec le support des gendarmes. Et enfin les secours se mobilisent pour mettre en sécurité puis apporter les premiers soins aux victimes (pompiers et Samu).
"Fr-Alerte, un nouvel outil technique révolutionnaire."
Enfin, cet exercice est également l'occasion pour la préfecture de tester le dispositif Fr-Alerte. Un système que le représentant de l'État qualifie de révolutionnaire, puisqu'il permet d'informer la population de la situation et de lui donner des indications sur le comportement à adopter : se confiner ou non à son domicile, et respecter les consignes des forces de l'ordre.
Le système adopté depuis 2022 fonctionne grâce à une diffusion sur tous les téléphones bornés sur un certain périmètre, d'un SMS ou d'une notification push. Ainsi, un message ainsi qu'un signal sonore très spécifique sont envoyés en début et en fin d'intervention, à la demande du préfet* :
"Ce message est un exercice de la préfecture. Une opération de police est en cours sur la commune d'Espaly-Saint-Marcel. Si vous habitez dans le périmètre, restez chez vous et suivez les consignes des forces de l'ordre. Merci de faire preuve de discernement et de ne pas relayer les rumeurs qui perturbent le travail des forces de police et des services de secours. Exercice exercice exercice."
"Exercice exercice exercice. L'exercice de sécurité publique organisé par la préfecture de Haute-Loire à Espaly-Saint-Marcel est terminé. Merci pour votre compréhension. Exercice exercice exercice."
Une révolution dans les communications mise en oeuvre suite à l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, et déjà entamée par la transitions des services de sécurité vers le programme "réseau radio du futur".
* Si vous n'avez pas reçu le message Fr-Alerte alors que vous étiez dans la zone concernée, trois solutions priment : vous étiez en "mode avion", votre téléphone était éteint ou vous n'avez pas activé l'option "messages d'alerte" dans les paramètres de votre mobile.
"Des retours d'expérience pour s'améliorer"
Directement après l'exercice, l'ensemble des forces mobilisées se réunissent pour établir un retour d'expérience, afin de déterminer, à chaud, quels sont les points positifs et ceux sur lesquels il faudra travailler rapidement. Une seconde réunion pour un retour d'expérience avec un peu plus de recul est ensuite organisé quelques jours plus tard, pour établir des pistes de travail et remédier aux éventuels dysfonctionnements repérés lors de l'exercice.
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1 commentaire
En ce qui me concerne pas d'alerte sur mon téléphone. Alors que nous étions informés. A revoir peut-être dans le debriefing.