Entouré de ses soutiens, le maire de Séneujols organise sa riposte

, Mise à jour le 01/10/2022 à 17:00

Le 5 juillet 2022, la commune de Séneujols a été condamnée, en première instance par le tribunal judiciaire du Puy-en-Velay pour « destruction d’habitats d’espèces protégées ». Alors qu’il était resté plutôt silencieux depuis cette décision de justice, le maire, Serge Boyer, a organisé ce samedi 1er octobre une conférence de presse aux airs de meeting pour lancer sa contre-attaque. 

Serge Boyer, maire de Séneujols, entouré de ses soutiens Photo par Nicolas TERME

Une condamnation judiciaire en première instance pour « destructions d’habitats d’espèces protégées » 

Jugement du tribunal Judiciaire du Puy-en-Velay

La commune de Séneujols a été déclarée "coupable et entièrement responsable du préjudice subi".

De ce fait la municipalité est condamnée :

  • à une remise en état complète des haies et des murets sous une période de dix mois.
  • à verser 2000€ pour préjudice moral à chaque association s'étant constituée partie civile : France Nature Environnement 43 (FNE 43), FNE AURA et la LPO Auvergne.
  • à verser une indemnité à chaque association pour couvrir les frais de justice liées à cette affaire.

C’est une affaire sensible qui prend ses racines il y a plus de trois ans maintenant. A l’approche du grand concours national de labour « Les Terres de Jim » en juillet 2019, la mairie du petit village hôte de Séneujols avait dû effectuer plusieurs travaux de mise en conformité pour accueillir l’évènement et les 115 000 visiteurs. Au cœur de la polémique : l’élargissement d’un chemin d’accès et l’arrachage de plusieurs centaines de mètres de haies et de murets en pierres sèches. Plusieurs associations environnementales dénoncent alors la destruction d’habitats de sept espèces protégées d’oiseaux et de reptiles. Devant le refus de la commune de réimplanter le linéaire de haies et de murets, elles portent plainte. L’affaire, qui a donc pris un tournant judiciaire, débouche sur la condamnation en première instance de la mairie de Séneujols pour « destruction d’habitats d’espèces protégées ».

"La réalité sur l'après Terres de Jim" à Séneujols le 1er octobre 2022 Photo par Nicolas TERME

Un rassemblement de soutien et une marche sur « la réalité sur l’après Terres de Jim »

Entouré de ses nombreux soutiens, et appuyé par Les Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire et la Chambre d’agriculture du département, le maire de la commune avait donc convié la presse et les différents acteurs de ce dossier, ce samedi 1er octobre 2022, sur les lieux exacts où a débuté cette polémique judiciaire. Trois ans après, soutenu par les élus du département, de la région, les maires des communes alentours, des représentants des associations de chasse et des agriculteurs de la Haute-Loire, Serge Boyer entendait lancer sa contre-attaque face à « une décision de justice aberrante prise sous la pression des ayatollahs de l’environnement ».

« On cherche à faire du pognon sur notre dos ! »

Devant un public déjà acquis à sa cause, Serge Boyer est revenu sur l’organisation des « Terres de Jim », ses responsabilités en tant que premier édile de la commune sur « l’accueil et la sécurité des milliers de visiteurs » et les raisons qui l’ont poussé à mettre en œuvre le chantier d’élargissement du chemin en question. Fustigeant les simplifications et les différentes calomnies, le maire de Séneujols rappelle alors qu’il a simplement procédé « à de simples travaux d’aménagement d’une voirie déjà existante » pour désenclaver les propriétés agricoles et assurer la circulation en toute sécurité des différents festivaliers. Dénonçant avec véhémence « la nébuleuse environnementale qui cherche à régler des comptes personnels », il affirme que le territoire en question n’est en rien protégé aux yeux de la Loi et qu’il compte bien se pourvoir en appel à la suite de la décision judiciaire du mois de juillet. 

Défense de la ruralité et condamnation unanime des « lobbys environnementaux »

Responsables politiques locaux et nationaux, maires, députés, sénateurs, agriculteurs… les prises de paroles s’enchaînent alors au milieu de ce champ sur une tribune agricole de fortune. Tous sont unanimes pour défendre un « maire courageux qui n’a fait que son devoir » et qui doit aujourd’hui répondre de ses actes devant la justice parce qu’il a été « attaqué par celles et ceux qui ne font rien pour nos campagnes ». Dans ce meeting de défense de la vie rurale, de l’agriculture et de la chasse, Serge Boyer reçoit ainsi notamment l'assurance de l’appui du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes (représenté), de la présidente du département de la Haute-Loire (représentée), du député Jean-Pierre Vigier, des sénateurs Olivier Cigolotti et Laurent Duplomb ainsi que des responsables de la Chambre d’agriculture et des Jeunes agriculteurs du département. Au-delà du cas de Séneujols, les orateurs s’inquiètent du poids de ces « lobbys qui veulent gouverner à la place des élus du peuple » et dénoncent une « écologie punitive » qui vient « emmerder les élus de toutes les communes » au moindre projet d’aménagement du territoire.

Marche symbolique sur le chemin incriminé à Séneujols le 1er octobre 2022 Photo par Nicolas TERME

Concluant cette matinée de meeting, le maire de Séneujols invite alors la presse et ses soutiens à parcourir les quelques centaines de mètres de la voie incriminée pour constater les « exagérations et mensonges autour de cette affaire ». Mesurant lui-même la largeur d’un chemin « qui n’excède pas quatre mètres et non les sept mètres annoncés par les associations », Serge Boyer lance avec fracas sa contre-offensive pour défendre son honneur, sa mairie et une certaine vision de la vie rurale. 

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15 commentaires

lun 03/10/2022 - 08:12

La Haute-Loire, jusqu'au bout à contre-sens de l'Histoire. Alors que la lutte pour la sauvegarde de la planète n'a pas encore commencé, nos chers élus s'en prennent aux "ayatollahs" qui prônent une écologie "démesurée". Rappelons que la production de plastique explose, que la génération de gaz à effet de serre grimpe en flèche (50°C annoncés chez nous en 2030), que la biodiversité s'effondre à vue d'oeil. Tous ces élus comparaîtront un jour au tribunal de l'Histoire. Quant aux Terres de Jim, c'est une aberration au départ : monster trucks, hélicos, robots agricoles, labours profonds... une aberration. Une chose est sûre : le sursaut pour la survie ne viendra pas de Haute-Loire. Ici, on détruit, à tour de bras, et on s'en félicite.

dim 02/10/2022 - 23:09

Les élus font et votent la Loi. Les juges appliquent la Loi.

 

Quand des élus contestent une décision de justice, cela peut apparaître comme une tentative de pression sur la justice

dim 02/10/2022 - 22:33

un lot ( que dire GROS lot )  de protecteurs de la nature en défilé contre une décision de la justice de la France, grand BRAVO aux élus de la République pour le respect des décisions de la JUSTICE 

dim 02/10/2022 - 14:34

En Haute-Loire, certains ont un véritable sens de l'humour!

La semaine dernière, ils inauguraient une "maison de la découverte de la Nature"à Salzuit.

Financée à cent pour cent par les contribuables d'ici et d'ailleurs.

Réservée à l'usage des chasseurs en quatre-quatre!

Aujourd'hui, une petite manifastation de contestation d'une décision de justice est organisée par les mếmes élus. On est mort de rire: c'est l'expression de la démocratie.

Ce serait même: la défense de la ruralité!

"L'assistanat: non!

Les subventions: oui!

Il est vrai que respecter les lois de la République, ce n'est pas dans l'air du temps.

Il y a même des constructions de maisons et autres immobiliers qui se bâtissent sans permis.

Mais que fait la police? :-)

 

 

dim 02/10/2022 - 13:03

Les écharpes tricolores seraient-elles de sortie pour exercer une éventuelle pression sur la justice ?

Mais non nous sommes en France un grand pays démocratique rassurons nous.....

dim 02/10/2022 - 12:40

C'est à se demander s'il est bien nécessaire de placer notre bulletin de vote dans l'urne puisqu'il suffit d'une action de contestataires et opposants pour remplir les pages des gazettes locales .

Quand on analyse les résultats des élections, 90% des habitants de la Haute Loire n'existent pas pour les décisions sans oublier les raliements des béni-oui-oui

D'autre part,  nos prétendus représentants par les élections savent très bien où est leur électorat ! Ces députés et sénateurs représentent-ils la population de la Haute Loire ?  ou une certaine fraction  agissante avec des moyens que je refuse de désigner sans risques ?

dim 02/10/2022 - 10:19

Les maires aujourd'hui disent être victimes de beaucoup de choses, on les dit proches du peuple, mais quand on voit tout ça,  sur des applications de justice. Ce sont toujours eux les victimes. Quand au paiement des indemnités, ce sont nos impôts et notre argent qui leur servent à leur bêtises: Seunejols, Pralhac( 1000e par jour de retard), sabarot contre l'agglo à Chaspuzac. Cela commence à faire beaucoup, les maires se croiraient-ils les rois du pétrole en pleine crise du pouvoir d'achat. Au niveau communal, je pense qu'un référendum à chaque grosse dépense serait le bien-venu après tout c'est notre argent. MOI aussi je suis un rural à 100% pas un écolo, juste un citoyen comme une majorité de personnes dans les villages qui ne sont pas des déserts car on y habite.

dim 02/10/2022 - 07:41

Tiens donc, voilà les élus qui sont ressortis de leurs terriers ? c’est le cri du loup d’Auvers qui les a réveillés !!!

Nous les avons trouvé très absents cet été ( canicule ? oblige) sur la décision de justice concernant l’agriculteur de Mazeyrat contraint de se séparer de son troupeau face non pas aux lobbys « environnementaux » mais aux lobbys des opérateurs. 
De même ce printemps sur la décision de justice concernant le parc éolien du Deves face à l’opérateur canadien. 

Dans les lobbys c’est comme le cholestérol il y a les bons lobbys juteux et les mauvais trop écolos. 
«gouverner c’est prévoir » et   « Gouverner c’est mécontenter »  ou alors « gouverner c’est faire croire » selon Machaviel  ce qui explique le comportement de renard ? de nos élus pour piper le terroir   . 

 

dim 02/10/2022 - 00:11

Ah tiens donc: des députés, présidents de région qui viennent "défendre la vie rurale" !! Ah bon ?
Alors: quand on détruit les aires naturelles de notre espace rural: ils apportent leur soutien à cette destruction, et quand un agriculteur se meurt à Mazeyrat "potentiellement" à cause d'une antenne: ils ne sont pas là. 

Pas besoin de faire un dessin: nos élus sont à la recherche de voix, pas de la protection de notre ruralité: mais bien au contraire: sa destruction.

sam 01/10/2022 - 22:01

Il est vrai qu'il vaut mieux être du côté des condamnés, c'est moins risqué... Une belle rigolade tout ce barnum, Le maire aurait pu enfiler le masque de Jim, tant qu'à être dans le grotesque.

sam 01/10/2022 - 21:54

Des élus de tout niveau manifestant contre une décision de justice, quel pays! Moi aussi je suis un rural depuis plus de 60 ans et je connais l’importance des haies, nos ancêtres aussi la connaissaient, ce n’est pas une invention de ce qu’ils appellent les lobbys environnementaux. 

sam 01/10/2022 - 19:16

Oui rétrograde c'est le bon terme....

Concours de labour ?? pour quoi faire ?? Consommer un peu plus de pétrole et de subvention ??

sam 01/10/2022 - 19:13

Tout mon soutien !

Ras le bol de ces citadins  qui ne savent rien de chez nous, de toutes façons ils seront CONTRE !

sam 01/10/2022 - 18:54

Juste honteux de ne pas reconnaître les faits, à savoir, la destruction de l'environnement (haies, espèces protégés, biodiversité, paysages...) ! Pas besoin d'être un "ayatollah de l'environnement" pour comprendre ça, même si "l'accueil et la sécurité des visiteurs" ont été remarquables !

 

sam 01/10/2022 - 17:41

Si la ruralité c'est la destruction des haies elle a un parfum de vandalisme .

Comment peut -on ignorer que les haies sont toujours en déclin ? La Haute Loire se signale souvent par ses positions rétrogrades , dommage .