En 2023, des enfants se prostituent, y compris en Haute-Loire

Par Clara Serrano , Mise à jour le 30/11/2023 à 06:00

Malheureusement, la prostitution des mineurs ne s'arrête pas aux frontières des grandes métropoles et concerne bel et bien la Haute-Loire. Pour sensibiliser les jeunes et les professionnels du département, un ciné-débat était organisé ce mercredi 29 novembre, au Puy-en-Velay. 

Depuis plusieurs années, la prostitution et le proxénétisme ont fait couler de l'encre en Haute-Loire. Mais malheureusement, ces cas, révélés au grand jour, ne sont que la partie visible de l'iceberg.

Katia Baudry, sociologue, chercheure pour l'observatoire national de la protection de l'enfance et cheffe de service d’Astheria de l’association Aurore en Seine Saint Denis, intervient dans le cadre de la diffusion du court-métrage "plan sous". " Ce court-métrage apporte une approche globale de la prostitution. En 12 minutes, on aborde un certain nombre de facteurs qui, cumulés, peuvent amener une personne à basculer " décrit-elle.

Ce court-métrage, réalisé par des lycéens de Seine-Saint-Denis, avait pour premier objectif de sensibiliser à l'esclavage moderne. La prostitution en faisant partie, ils ont ainsi dressé différents profils, tous touchés par ce fléau.

Aujourd'hui, le documentaire est devenu un référence pour les associations qui s'en servent pour sensibiliser les parents, les enfants et les professionnels à la prostitution des mineurs. 

Des profils divers

Contrairement à beaucoup d'idées reçues, Katia Baudry tient à préciser que la prostitution ne touche pas uniquement des mineurs non accompagnés, isolés ou sans papiers. "Ce qui crée la sidération, c'est que l'on parle de jeunes nés et élevés en France, scolarisés et insérés socialement."

La chercheure souligne également : "On ne parle d'ailleurs pas uniquement de jeunes filles. Les garçons sont également concernés, bien qu'en moindre quantités par rapport à elles."

En revanche, elle rappelle : "C'est une grave erreur de penser que le proxénétisme s'arrête aux frontières des grandes villes. Il est présent également en territoires ruraux, y compris en Haute-Loire."

Différents facteurs déclencheurs

Pour les garçons justement, les facteurs qui poussent les jeunes à se tourner vers la prostitution sont différents selon la sociologue. En effet, elle explique que "souvent, cela concerne des jeunes garçons en quête d'identité sexuelle. Qui tentent de mettre des mots et des expériences sur leur orientation, avec des hommes plus âgés et expérimentés."

Pour eux comme pour certaines filles, les volontés de rébellion, typiques de l'âge adolescent, peuvent pousser les plus faibles vers la prostitution. "Ce sont souvent des hommes qui arrivent dans un moment important pour la victime. Alors qu'elle se sent incomprise, vulnérable, l'homme apporte à sa victime un support et du réconfort. Il lui assure qu'à ces côtés, tout ira bien, et bien sûr, il lui précise qu'elle ne doit pas en parler." explique l'experte.

Enfin, elle évoque un nouveau facteur : les addictions. Par besoin, pour financer leurs addictions, certains jeunes en difficulté sont parfois tentés de se prostituer pour financer leurs achats de produits stupéfiants par exemple. 

Le danger des réseaux sociaux

"Le proxénétisme 2.0 passe par les réseaux sociaux. On prévient souvent les parents sur le temps d'écran de leurs enfants, mais la prévention sur ce qui peut y être fait est primordiale. Beaucoup se servent de ces sites plus ou moins connus pour échanger, et convenir d'un rendez-vous."

Ces mêmes réseaux sociaux consistent également un danger pour les jeunes, qui ne se rendent pas toujours compte des risques encourus. Les photos postées, l'utilisation de filtres, les messages privés, les commentaires, les comptes "ficha", etc. Les dangers sont aussi nombreux que majeurs mais parfois difficilement discernables. 

Comment intervenir ?

Quoi qu'il en soit, elle ajoute que généralement, les adolescents ne vont naturellement pas se confier à leur parents, par déviance, honte, crainte, etc. 

Il est donc nécessaire de savoir intervenir et guider les jeunes vers des solutions efficaces et durables, en les écoutant et les guidant, sans jugement. Pour cela, la sociologue souligne qu'il faut d'abord rappeler qu'aucun jugement ne doit s'immiscer dans la prise en charge de l'enfant.

Ainsi, elle rappelle que des numéros d'écoute sont disponibles gratuitement et anonymement : 

  • 119 : Pour des cas d'enfance en danger,
  • 3018 : Pour des cas de cyberharcèlement,
  • 3020 : Pour des cas de harcèlement scolaire.

Au bout du fil, des professionnels formés pour accueillir la parole des jeunes, les guider, et les aider si besoin. Le secret est évidemment garanti, pour palier à la crainte des jeunes, que les parents ou l'entourage ne soient informés. 

Localement, le dispositif Depistes œuvre pour sensibiliser et répondre aux questions sur la prostitution. Deux numéros pour les joindre : 06 58 35 69 35 et 06 58 35 68 56.

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1 commentaire

jeu 30/11/2023 - 12:16

je ne pensais pas que notre département était concerné. Si les faits sont connus, c'est un DEVOIR de les dénoncer, et il faut dans ce cas punir les clients et les proxénètes. S'il n'y avait pas de client il n'y aurait plus de prostitution. Les clients devraient se faire soigner avant tout. Quand aux proxénètes il faut que la justice les soigne : il n'y a aucune excuse à faire prostituer des enfants (des adultes non plus)