Des prix équitables, pour un revenu paysan

Par Olivier Stevens , Mise à jour le 01/10/2021 à 07:00

C'est à Tarreyres (Cussac-sur-Loire) sur la ferme de Denis Bonneton que la Confédération paysanne de Haute-Loire a fait sa rentrée. Elle insiste pour qu'en matière agricole la politique de l'offre soit remplacée par celle de la demande.

 

Denis Bonneton exploite depuis 2003, une ferme laitière à taille humaine, ancrée dans son territoire, avec un système basé sur l'herbe: un résumé de ce que défend et porte la Confédération paysanne. C'est son porte-parole Adria Gomez qui prend d'emblée la parole: "Aujourd'hui nous constatons sur le département de la Haute-Loire une diminution constante du nombre de producteurs laitiers. Il y a de nombreuses raisons à cela: cessations laitières pour reconversion en allaitant, départs en retraite non remplacés, etc... Dans le même temps, une concentration et une industrialisation de la production de lait s'opère: agrandissement des troupeaux, bâtiments surdimensionnés, robots de traite, arrêt du pâturage.. Ceci est le résultat de la politique générale défendue par les organisations majoritaires et qui encourage à l'augmentation des volumes, pour compenser des prix toujours plus misérables."

"Il n'y a aucune prise en compte des coûts de production dans la formation des prix."

Et il quantifie son argumentation: " Nous assistons à une stagnation des prix des produits agricoles: le lait par exemple valait 330 euros la tonne en 2001 et...336 euros la tonne en 2021. Or, il y a une augmentation des contraintes liées à la production: montée en gamme et normes à la hausse, sans aucun retour de valeur ajoutée pour les producteurs. De plus les structures coopératives ou privées manquent de transparence. Enfin, il n'y a manifestement aucune prise en compte des coûts de production dans la formation des prix." Et il conclut naturellement: " Tout cela se fait au détriment des paysans et des paysannes.

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Un constat et des propositions

Adria Gomez explique ensuite: " Aujourd'hui, d'autres que nous font ce constat et nous nous en réjouissons. Nous défendons ces positions depuis longtemps. Cette situation est désastreuse mais nous avons de vraies propositions pour que ça change."

Ces propositions quelles sont-elles? "La confédération paysanne de la Haute-Loire demande la mise en place d'outils de régulation des volumes au niveau européen pour que la politique de l'offre soit enfin remplacée par celle de la demande." Une philosophie il est vrai, bien éloignée des principes d'orientations libérales édictés par la Commission de Bruxelles.

Rémunérer les producteurs et non plus seulement les industriels et la distribution

Ensuite la confédération paysanne en vient aux coûts réels: "La prise en compte des coûts de production dans la formation des prix est indispensable." Dans le même ordre d'idées: "la montée en gamme demandée par les acheteurs doit servir à rémunérer les producteurs et non plus seulement les industriels et la distribution." Et il termine:  "Il faut bien évidemment une véritable interdiction de la vente à perte."

Le constat est souvent le même: beaucoup de fermes laitières disparaissent. La moitié des exploitations ont disparu en 15 ans. Or le volume de production est toujours le même. Ce sont les prix qui ont été tirés vers le bas. Cependant l'argumentation est toujours basée sur les mêmes concepts clés, masquant la réalité des choses: on parle des volumes et pas des emplois. "On produit toujours autant et cela masque tout. On surproduit même." déclare un des intervenants.

C'est une restructuration qui ne dit pas son nom

"On nous demande de pallier les prix faibles par le volume. Ca masque tout" explique Denis Bonneton. "On nous demande d'augmenter en qualité sans compensation. On est incité à investir beaucoup dans des équipements qui seront obsolètes dans 10 ou 15 ans. Par ailleurs, depuis que je me suis installé, le prix du fuel a doublé et cela n'a pas été pris en compte. Ces mécanismes imposés sont permanents et leurs conséquences sont cachées. C'est une restructuration qui ne dit pas son nom." conclut-il.

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