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Depuis Blavozy, Philippe Martinez appelle à participer à la grève de jeudi

jeu 10/09/2020 - 16:35 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:07

Environ 130 personnes, toutes syndiquées Cgt issues de différentes corporations, se sont retrouvées à la salle socioculturelle de Blavozy ce jeudi 10 septembre 2020. « Les sujets que nous traitons ensemble ciblent surtout l’emploi et les fermetures de sites, expose Pierre Marsein, secrétaire départemental Cgt 43. Depuis le début de l’année, 1 200 emplois ont été supprimés ou non recrés en Haute-Loire. Les TPE (les Très Petites Entreprises, Ndlr) en sont les principales victimes. 1 200, cela équivaut à l’ensemble des employés de Valéo et de Michelin réunis. C’est énorme ! » D’après Pierre Marsein, il y a environ 17 000 TPE dans le département.

Manifestation nationale du 17 septembre
L’autre volet de l’Assemblée générale a été la préparation de la manifestation et grève du jeudi 17 septembre à 10h30 à partir de la place Cadelade au Puy-en-velay. « C’est un appel, encore une fois, à défendre l’emploi, les salaires, la sécurité sociale et tout ce qui est lié, c’est-à-dire la santé ou les retraites, détaille Pierre Marsein. Ce sont nos cotisations qui sont utilisées pour payer les milliards des grosses entreprises et des actionnaies du CAC 40. Le Gouvernement ne cesse de détruire tous nos acquis ».

Zoomdici a pu rencontrer Philippe Martinez en amont de l’Assemblée générale. Entretien :

Connaissez-vous la Haute-Loire et pourquoi vous y être rendu aujourd’hui ?
"Je suis venu en Haute-Loire au dernier congrès des syndicats. C’est un département que je connais par ailleurs et c’est un très bel endroit. Je suis là car je poursuis ce que je fais traditionnellement. C’est-à-dire qu’il y a besoin d’aller échanger avec les syndiqués d’autant plus en cette rentrée de septembre où les questions sont nombreuses, diverses et inédites. Il y a besoin de prendre la température et de voir comment on aborde les sujets qui sont mis sur la table".

Quels sont les sujets principaux à aborder selon vous ?
"Nos priorités sont les questions de santé et de santé au travail, la protection des salariés mais y compris dans la vie quotidienne. Il va y avoir la question de la reprise de l’école et les questions d’emploi évidemment. Nous allons beaucoup discuter de l’annonce du Plan de relance du Gouvernement et quel regard la Cgt en a. Nous allons voir comment le Gouvernement est arrivé à se saisir des nombreux milliards qu’il vient de découvrir pour changer un peu la face des choses dans l’économie de ce pays. Bien sûr, les questions sociales seront au programme".

Quelles analyses portez-vous sur ce fameux plan de relance ?
"On pense que c’est un plan de continuité. C’est-à-dire qu’il y a toujours les mêmes choses qui sont annoncées, beaucoup d’aides pour les grandes entreprises notamment, des milliards, et pas grand-chose pour les salariés. Les « premiers de corvées », ceux qui travaillent dans les magasins, les agents de sécurité, les aides à domicile qui ont eu un rôle considérable pendant la période de confinement, ceux que le Gouvernement n’a cessé de saluer sont toujours payés comme au mois de janvier. Leurs salaires n’a pas bougé. Voilà les choses qui auraient dû figurer dans le plan de relance. Les augmentations des salaires ! Le Gouvernement a la main sur le Smic. Il aurait dû l’augmenter".

> Lire aussi : Face au virus, les agents de sécurité modifient leur activité (portrait d'Alain Soleilhac, vigile pour la société Velay Sécurité 21/04/2020)

Et pour la politique en générale du Gouvernement ?
"Le plan de relance est à l’image de ses choix. Beaucoup d’aides pour les grandes entreprises. Le Medef est d’ailleurs ravi de ce plan de relance. On donne de l’argent et on exige rien en échange. L’exemple de Airbus ou de Renault auxquels on a donné des milliards pour se voir annoncer derrière des plans de suppressions d’emplois illustrent parfaitement les faits. Donc c’est beaucoup d’aides pour les entreprises, beaucoup d’aides pour les actionnaires, et rien pour développer et garantir concrètement l’emploi ou augmenter le pouvoir d’achat des salariés et des retraités. Il n’y a pas grand-chose pour la jeunesse non plus qui est la principale victime de cette période de confinement avec un nombre de chômeurs élevé annoncé déjà au printemps. Ceux qui arrivent sur le marché du travail maintenant vont être en très grande difficulté".

> Lire aussi : ''J’étais parfois la seule personne qu’ils ont vue de tout le mois'' (portrait de Lucie Langlet, aide à domicile au Puy 03/05/2020)

Quels sont les objectifs de la manifestation du 17 septembre ?
"D’aller à la rencontre des salariés car il y a beaucoup de préoccupations. Nous avons proposé concrètement au Gouvernement des projets, des propositions de créations d’emplois, des propositions pour le service public. Dans un département comme la Haute-Loire par exemple, la question des services publics est essentielle tout comme la mobilité, le fret et les petites lignes. C’est autour de tout ça et de toutes nos propositions que va porter l’action du 17 septembre".

> Lire aussi : "Le virus a fait prendre conscience aux gens qu’on est utile" (portrait de Malaurie Deshors, agent de nettoyage à Super U Aiguilhe 10/05/2020)

Est-ce que le Gouvernement écoute vos propositions ?
"Le Gouvernement écoute. Mais entre écouter et faire, il y a un gros décalage. Malgré les déclarations du premier ministre qui s’est annoncé comme le champion du dialogue social, on voit bien qu’il y a un énorme fossé entre les paroles et les actes".

Et votre regard sur les moyens mis en place au travail dans ce contexte sanitaire ?
"Il y a eu beaucoup de déclarations contradictoires. Début mars, il n’y avait pas besoin de masques. Aujourd’hui, il est obligatoire. On pense d’ailleurs que c’est une bonne chose. Par contre, le port du masque est une contrainte pour travailler. On doit avoir des masques adaptés selon les lieux de travail par exemple dans les abattoirs ou les lieux humides où l’on sait que les masques traditionnels ont une efficacité moindre. Là où on est obligé de porter un masque, il faut organiser le travail différemment. Il est nécessaire d’avoir des temps de pause pour respirer. Le cadre du Gouvernement n’est pas assez précis et ne prend pas assez en compte les contraintes et la pénibilité du travail endurées par les travailleurs".

Nicolas Defay

Au printemps, nous avions consacré une série de portraits de travailleurs mobilisés mais oubliés pendant cette crise sanitaire.

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