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Déchets : Ça y est, la technologie vellave commence à s'exporter

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:51

Alors qu’en France et dans le monde, plus de 80% de nos poubelles ménagères sont enfouies ou incinérées chaque jour, la start-up auvergnate 3Wayste (détenue par la famille Charreyre, à Polignac) a breveté une technologie de tri qui permet de réduire de 90% la quantité de déchets ménagers enfouis ou incinérés. "C’est la première technologie au monde capable d’atteindre une telle performance dans des conditions industrielles éprouvées", assure l'entreprise de Haute-Loire. 
Depuis plus de deux ans déjà, la société Altriom exploite en Haute-Loire la première usine qui utilise cette technologie. Des visiteurs du monde entier viennent découvrir ses performances inégalées, comme nous nous en faisons régulièrement l'écho : Christophe Lambert, Alain Juppé, la commission environnement du Sénat...

Enfin, une autre collectivité que l'agglo du Puy fait le pari de la technologie polignacoise
L’usine de valorisation des ordures ménagères Altriom attire les foules. Il faut dire que cette vitrine de 3Wayste mise sur un triptyque infaillible pour n'importe quelle personne ayant en charge une collectivité : "c'est bon pour l'environnement. C'est bon pour les emplois créés. Ça coûte moins cher aux contribuables".
Problème : malgré un discours alléchant, aucune autre collectivité que l'agglo du Puy n'avait encore osé se lancer dans le grand bain. C'est désormais chose faite après quatre ans de démarche et l'accord trouvé ce samedi avec Bangalore, dont la population est aujourd'hui estimée à huit millions d'habitants. la technologie vendue devrait permettre de traiter 500 tonnes d'ordures ménagères par jour.

Du sur-mesure qui empêche la délocalisation... 
En Inde, "l'État central a décidé de prendre à bras le corps le problème des déchets", explique Fabien Charreyre, président de l'entreprise 3Wayste (qui détient Altriom), avec de très grosses infrastructures en perspective. "On nous met à disposition un centre pour trente ans", poursuit-il, "de façon qu'on y monte nos matériels et qu'on l'exploite".
Concrétement, celà signifie que l'entreprise polignacoise va fabriquer ses matériels en France, les mettre en container et partir les monter en Inde pour une exploitation sur place. Une façon aussi d'éviter tout problème de sous-traitance en Inde "alors qu'en France, je peux tout faire, tout contrôler, tout suivre".

----La création d'un deuxième centre dans les tuyaux
"Nous sommes en train de monter sur une capacité de sept centres par an, selon notre Business Plan, mais deux en 2018 suffiront largement à mon bonheur", plaisante-t-il.
-----... et qui garantit 250 000 heures de travail en région
La phase de fabrication aura lieu en Auvergne Rhône-Alpes, en Isère (38) précisément, avec le concours de RMIS (Rey Machines Industrie Spéciale). La chance de 3Wayste, c'est de proposer du sur-mesure, puisque chaque centre est unique. Ainsi, pas d'économie d'échelle et de risque de délocaliser l'activité.
"Quand on construit un centre et qu'on le met en container, ça représente 250 000 heures de travail en région", précise-t-il, "en franchissant la barre des quatre centres, j'aurai amené un million d'heures de travail sur le territoire, je serais très fier de ça si j'y arrive".

Un contrat qui peut ouvrir de nouveaux marchés ?
Fabien Charreyre est le président de l'entreprise 3Wayste (qui détient Altriom), qui vient d'exporter sa technologie en Inde. Qu'est-ce que la signature de ce contrat signifie ? Quels sont les perspectives de développement pour l'entreprise en Haute-Loire ? C'est un contrat qui peut ouvrir de nouveaux marchés ?

Le tampon de l'État français "renforce notre crédibilité"
En Inde, 3Wayste a signé un memorandum d'accord pour 25 centres. L'État indien a établi un accord cadre qui stipule que dans le cadre du programme de traitement des déchets, il est favorable (donc facilitateur) de l'installation de 25 centres identiques. Pour Fabien Charreyre, "ça reste du papier entre états" mais il reconnaît que "ça peut quand même aider pour aller démarcher des collectivités" car si le centre entre dans le programme Swatch Bharat (ndlr : programme indien visant à améliorer l'assainissement en Inde lancé en octobre 2014), comme celui délivré par l'entreprise polignacoise, la collectivité va pouvoir bénéficier de subventions de l'état central.
"En quelque sorte, on est labellisés par la politique nationale, c'est un accord cadre qui ne nous ramène pas d'argent mais qui renforce notre crédibilité", synthétise-t-il, "et j'ai le tampon de l'État français sur les signatures". Outre la crédibilité, cette vente va permettre à l'entreprise d'envisager l'avenir différemment: "on pouvait douter de notre technologie mais elle est aujourd'hui mise sur le marché, ce qui nous confère un flux financier qui permet d'assurer la vie de l'entreprise", se félicite-t-il

----I have a dream
Celui de Fabien Charreyre, c'est de créer, à Polignac, un centre de développement et de recherches dans ces technologies. "C'est mon l'ambition car nous sommes aujourd'hui précurseurs et on pourrait attirer divers talents, dans les métiers du dessin assisté par ordinateur, de la mathématique statistique, de l'algorythme, de programmation, de l'imagerie, etc.", complète-t-il.-----Des emplois sur le site de Polignac
Les emplois de l'environnement sont des métiers d'avenir et une jeune femme vient d'être embauchée à Polignac. Elle détient un Master en environnement et a rejoint l'équipe en décembre. Elle est actuellement en formation et elle assiste au chantier de déconstruction puis de reconstruction d'Altriom à Polignac (suite au terrible incendie de décembre dernier) afin de se former pour être en mesure, ensuite, de suivre des chantiers à l'étranger. 
Parmi les huit personnes qu'emploie 3Wayste, quatre sont sur le site de Polignac, "et on espère vite passer la barre des dix salariés", prophétise Fabien Charreyre.

Le calendrier du projet
"On nous livre déjà un bâtiment et un terrain sur place", détaille Fabien Charreyre, "donc j'espère pouvoir installer le matériel sur place en fin d'année pour lancer les travaux d'assemblage", soit environ quatre à cinq mois de travaux.
En France, le cadre réglementaire ne le permet pas mais en Inde, dans l'usine, le combustible sera transformé en électricité.

Robert Filipp à droite (pdg représentant 3Wayste) en compagnie du maire de Bengalore et du préfet de l'Etat de Karnataka et de Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

"On n'a peut-être pas des mines d'or ou de pétrole en Haute-Loire, mais on a la matière grise"
"Je suis très fier de cette signature car mon engagement d'entrepreneur", développe-t-il, "c'est de dire à nos enfants que l'on peut vivre en Haute-Loire, que l'on n'est pas contraint d'aller vivre à Paris pour monter des projets. On n'a peut-être pas des mines d'or ou de pétrole en Haute-Loire, mais on a la matière grise pour faire de l'innovation et si on la tourne vers l'export, alors oui, on peut monter des entreprises performantes".

Ce sont bien 25 millions d'euros et non 150 millions d'euros pour les frères Charreyre
La vente de cette usine requiert un investissement minimum de 25 millions d'euros pour l'entreprise indienne qui l'acquiert pour la mettre au service de la collectivité. Ce sont donc 25 millions d'euros qui vont venir gonfler le chiffre d'affaires de 3Wayste (société qui détient Altriom), même si le bénéfice est bien évidemment loin de cette enveloppe (il faut soustraire les coûts de marchandise, de main d'oeuvre, de transport, etc.).
Rencontré mardi, Fabien Charreyre a été précis sur ces chiffres mais nous lui avons demandé précision ce mercredi soir, par téléphone, alors que des confrères évoquaient le même sujet que nous, avec un chiffre de 150 millions d'euros... Ce dernier chiffre correspond au chiffre d'affaire escompté sur 30 ans par l'entreprise indienne qui a noué un partenarait avec la collectivité, alors qu'elle a déjà réalisé un investissement de 25 millions d'euros auprès de... 3Wayste et non Altriom.

Maxime Pitavy

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