Condamné jadis pour viols, un médecin exerce au Puy-en-Velay

Par Clara Serrano , Mise à jour le 21/03/2024 à 12:00

Condamné en 2005 pour quatre viols et deux attentats à la pudeur, un psychiatre exerce aujourd'hui à l'hôpital Sainte-Marie du Puy-en-Velay. Ce sont d'anciens collègues de travail qui ont découvert son passé tumultueux, « scandalisés ».

L'affaire a été (re)dévoilée par nos confrères de Médiapart ce 19 mars, 19 ans après sa condamnation. Un psychiatre accusé et condamné pour quatre viols et deux attentats à la pudeur exerce actuellement à l'Hôpital Sainte-Marie du Puy-en-Velay.

Se méfier de l'homme qui endort

Le neuropsychiatre était fréquemment consulté dans des émissions télévisées en tant qu'expert judiciaire. Il avait même travaillé pour la cellule judiciaire de l'affaire des tueries du Brabant. Une série de braquages sanglants qui ont plongé la Belgique dans la psychose pendant de nombreuses années. Alors que les auteurs ont sévi entre 1982 et 1985, ils ont fait de nombreuses victimes : 28 morts et 40 blessés. 

Le psychiatre joue alors un rôle essentiel dans l'enquête, puisqu'il aide les victimes à établir des portraits-robot en les hypnotisant. Des portraits qui servent toujours de référence aux enquêteurs.

Mais inculpé en 2003 puis condamné en 2005, le spécialiste écope de 40 mois de prison avec sursis probatoire, d'une obligation de consulter un psychiatre et d'une interdiction d'exercer temporaire, d'une durée d'un an. Il est acquitté d'un 5ᵉ viol.

Elles étaient déjà victimes d'abus sexuels ou d'inceste

En effet, toujours selon le média fondé par Edwy Plenel, les six plaignantes avaient décrit aux enquêteurs belges un mode opératoire bien précis et similaire. D'abord des étreintes, puis des massages, pour arriver aux actes sexuels non consentis. Des faits que le principal intéressé a simplement qualifiés de « graves erreurs déontologiques », plaidant des relations consenties. Certaines le consultaient après avoir été victimes d'abus sexuels... d'autres d'inceste.

Une nouvelle vie... au Puy

C'est plusieurs années plus tard, et après avoir purgé sa peine, que le docteur choisit de venir exercer au Puy-en-Velay, au sein de l'hôpital Sainte-Marie.

Puis ce sont ses anciens collègues de travail qui découvrent son histoire, après avoir fait des recherches sur son passé. Un infirmier qui a travaillé avec lui, il y a plusieurs années confie d'ailleurs au média : « Ça nous a scandalisé. [...] Même si les faits sont très graves, tout le monde a le droit à l'erreur, il a purgé sa peine, mais on ne devrait pas le mettre dans une situation où il peut recommencer ». 

Interrogée plusieurs fois par la rédaction de Zoomdici, la direction actuelle de l'établissement n'a pas souhaité apporter davantage de précisions

La responsabilité de la direction ? 

Pourtant, la direction de l'établissement explique aux journalistes de Médiapart que la direction alors en poste (qui n'est plus la même aujourd'hui), s'était assurée d'un casier vierge et d'une inscription valide à l'ordre des médecins. 

On lit donc dans les lignes de l'article : « Frédéric Delmas (directeur actuel de l'établissement, Ndlr) n'était pas en poste lors du recrutement du psychiatre en 2016, mais il assure que sa prédécesseure s'était "assurée que son casier judiciaire était vierge de toute condamnation et que son inscription à l'ordre des médecins était effective. Aucune contre-indication à son embauche est apparue." »

 

 

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