Cinéma en Haute-Loire : comment reprendre ?

Par Opaline Martraix mar 18/05/2021 - 07:00 , Mise à jour le 19/05/2021 à 08:51

Un retour qui doit s'adapter au contexte sanitaire avec le couvre-feu et la question du « choix » des films. L'ouverture des salles est autorisée dès ce mercredi 19 mai.

La Grenette d'Yssingeaux, le Paris de Brioude et le Ciné Dyke du Puy rouvrent dès ce mercredi 19 mai mais la Capitelle de Monistrol attendra mercredi 26 mai pour lever le rideau.

Le 19 mai est synonyme de réouverture pour les cinémas français fermés depuis le 30 octobre 2020. Un retour après six mois de fermeture et environ 400 films en attente de programmation, voilà ce à quoi font face les professionnels du secteur. La question du « choix » des films mis à l’affiche lors de la réouverture se pose alors.

Tout un panel de films en attente

Cette rentrée cinématographique révèle toute la complexité de la programmation des films, organisée par le cinéma lui-même ou confiée à un organisme extérieur. Les cinémas doivent ainsi créer leur nouveau programme avec, en priorité, les films à l’affiche avant la fermeture d’octobre 2020.

« Nous devons reprendre avec les films avec lesquels nous avons fermé fin 2020 » Jonathan Cascina, directeur des affaires culturelles de la ville de Monistrol-sur-Loire.

ADN de Maïwenn, Michel-Ange d’Andreï Kontchalovski ou encore Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé… Des films dont la diffusion s’est vue écourtée dès leur sortie à l’automne 2020. A cela s’ajoutent les nouveautés françaises à prévoir progressivement en salle.

Photo par Ciné Grenette, Yssingeaux.

Cette liste sera ensuite enrichie par de nouveaux films, français et étrangers, dont la sortie est prévue cet été. Un panel de films dans lequel les professionnels doivent piocher. Films tout public, comédies, films d’art et essai… Une programmation qui doit ainsi proposer au public un large choix de films diversifiés.

Un programme équilibré

« Nous ne sommes pas totalement libres de choisir ce que l’on veut. Nous devons favoriser une programmation équilibrée chaque semaine et qui doit être homogène  », précise Jérémie Pandraud, directeur du Ciné Grenette à Yssingeaux. Un équilibre de programmation qui dépend des distributeurs de films, seuls décisionnaires du plan de diffusion de leurs films.

« C’est une négociation permanente avec les distributeurs pour obtenir des copies de films que l’on pourra diffuser en salle », Florence Roux, co-gérante du cinéma Dyke du Puy.

Le choix des films est ainsi « guidé » pour cette gérante du cinéma ponot. Guidé par une certaine dépendance aux plans de diffusion des distributeurs, ainsi que par la situation de chaque établissement avec une ligne éditoriale et un public qui leur sont propres.

Entre petits et grands cinémas, l’accès aux copies de films à diffuser n’est pas le même. « Les films arrivent d’abord dans les grands cinémas, pour ensuite être diffusés dans les plus petits. Cela permet une continuité de diffusion dans tout le département », explique Jérémie Pandraud. 

La taille de l’établissement et son public sont des éléments supplémentaires à prendre en compte lors de l’organisation du programme filmique. Une complexité de programmation propre à chaque cinéma, malgré un panel de films similaires.

Sur le site du Ciné Dyke du Puy et sa page Facebook.
Sur la page Facebook du Ciné-Grenette à Yssingeaux.
Sur la page Facebook du cinéma La Capitelle à Monistrol-sur-Loire.
Au cinéma Le Paris de Brioude, pendant la duré des travaux de rénovations du cinéma, les séances se feront à la Halle aux grains, place Grégoire de Tours à partir du dimanche 23 mai. Les conditions étant particulières, le tarif sera de 5,50€ pour tous les spectateurs et de 4€ pour les moins de 14 ans.
 

Une perte de lien avec le public

Des cinémas vidés de leur public ont pour certains, voulu malgré tout maintenir une attache avec les spectateurs. Via les réseaux sociaux, ils ont pu renouer ce lien avec la diffusion de questionnaires sur la culture cinématographique, d’informations pratiques et de présentation d’œuvres bientôt à l’affiche.

« Certaines personnes semblent très impatientes de revenir en salle, cela nous donne de l’espoir pour cette réouverture », confie Jérémie Pandraud du Ciné Grenette d’Yssingeaux.

Certains établissements comme le cinéma La Capitelle de Monistrol-sur-Loire se sont tournés vers des plateformes de Vidéo à la Demande (VOD) telles que La Toile. Une alternative qui reste tout du moins temporaire.

La Toile ?

C’est une plateforme de VOD en ligne qui travaille avec des cinémas partenaires. Elle rend accessible au public de nombreux films de diverses catégories.

L’intérêt du public cinéphile se tourne cependant davantage vers la diffusion en salle, dans un cinéma, lieu d’échange et de partage. Se tourner vers le streaming ou la VOD, un simple « pis-aller » pour Florence Roux : « Ce n’est pas notre métier. La vocation d’un cinéma, c’est l’accueil du public et la diffusion de films en salle. La pertinence de ces alternatives reste à questionner ».

Une réouverture inquiétante

L'ouverture autorisée dès le mercredi 19 mai réjouit bien sûr les professionnels et agents du secteurs. « Nous sommes tellement contents d’ouvrir à nouveau, après de longs mois d’arrêt », déclare Jonathan Cascina. Une joie qui s’accompagne "d’une grande inquiétude", souligne Florence Roux du Ciné Dyke.

« Les protocoles sont drastiques avec le système de jauge de spectateurs et surtout de couvre-feu. Les séances du soir ne seront pas possibles, alors qu’elles attirent souvent beaucoup de gens », Florence Roux.

Ces fortes contraintes sanitaires réduisent ainsi considérablement l’accueil du public. En cause, les différentes jauges d’accueil mais également les mesures sanitaires à respecter sur place qui peuvent décourager les spectateurs. « Le système de jauge en pourcentage est très inégal pour les petits cinémas qui ont déjà peu de salles », précise Jérémie Pandraud.

Un soutien efficace de l’État ?

L’État, ainsi que le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) soutiennent les établissements et professionnels du cinéma depuis le début de la crise. Aides exceptionnelles, plan de relance économique… Des aides qui offrent un peu d’oxygène aux cinémas. « C’est une réelle perfusion pour nous, on sera moins en difficulté que lors de l’ouverture de juin 2020 », indique la gérante du Ciné Dyke.

« Cela a surtout permis qu’aucun cinéma altiligérien ne ferme sur l’ensemble du département », Jérémie Pandraud.

Un soutien qui ne concerne pas tous les cinémas de manière uniforme. Certains petits cinémas municipaux, comme celui d’Yssingeaux, restent éligibles à très peu d’aides de l’État. Un soutien bienvenu, pourtant bien loin de compenser une activité normale, peut-être à nouveau possible cet été.

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