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Au coeur du béton, la nature nait de l'art de Dege
Après près de 3 semaines de travail sous un soleil écrasant, la nouvelle œuvre de Dege vient tout juste d'être terminée. Réelle bouffée d'air et de nature au milieu du béton, c'est un spectacle plus qu'apprécié par les habitants du quartier.
C'est au 116 avenue Foch que la magie opère. Au milieu des murs de béton, des voitures, des immeubles, l'œuvre de Dege dénote. C'est un écrin de verdure rafraîchissant, vivifiant, apaisant, que l'artiste ponot a peint, durant près de 3 semaines.
Ce vendredi 9 août, l'œuvre est enfin terminée. Et c'est avec un léger pincement au cœur que l'artiste ponot quitte les lieux.
La démarche, c'est celle de l'OPAC, qui souhaitait apporter un peu de verdure au milieu des bâtiments.
« Les papillons sont prêts à fuir la morosité, la partie sombre de la forêt, pour rejoindre la lumière. »
Connu pour son travail hyper-réaliste, Dege ne déroge pas à ses habitudes. Encore une fois, les détails de la peinture en font la grandeur. Mais pas seulement. La grandeur de cette fresque se trouve par ailleurs dans le message qu'elle porte. Un message de vie, de grâce, et d'admiration pour mère nature.
« On peut voir en premier plan deux papillons, symboles pour moi de légèreté, de grâce, de majestuosité. Ce sont des insectes auxquels on porte peu d'attention, alors j'ai souhaité les mettre en valeur. Pour ce qui est du reste de la peinture, les tons bleus de la rivière représentent à mon sens la vie. Et le puits de lumière, en arrière-plan, symbolise Mère Nature. On voit d'ailleurs que les papillons sont prêts à fuir la morosité, la partie sombre de la forêt, pour rejoindre la lumière. »
« Ça permet aussi de sensibiliser les gens. Le parfait exemple, c'est cette petite fille qui est venue me voir il y a quelques jours en me disant "regarde, il y a un papillon ici !" Sans ça, je suis persuadé qu'elle ne l'aurait même pas remarqué. »
Un processus lui aussi impressionnant. Après avoir réalisé un dessin approximatif du projet, que celui-ci est validé par les commanditaires (et ici, par les habitants), il doit retranscrire son œuvre sur un mur de près de 8 mètres de long et 4 de hauteur. C'est là que la magie opère : « Je n'ai jamais su l'expliquer. Je fais ça comme ça. » Les formes, les proportions, les lumières, etc. Tout ça, c'est dans sa tête, et il parvient à les retranscrire à la perfection.
Une étape qui fait parler, bien sûr, tant ces espèces de traces au mur paraissent étranges aux yeux du commun des mortels, à mi-chemin entre hiéroglyphes et sinogrammes. Alors parfois, des murmures dénigrant son travail se font entendre, mais pas de quoi le décourager.
« J'entends, bien entendu, mais je laisse parler. Et ce sont les mêmes, des semaines plus tard, qui viennent me dire qu'ils aiment beaucoup mon travail. C'est marrant », s'amuse-t-il. « Et puis dès qu'ils s'aperçoivent que je ne suis pas là pour dégrader les murs, mais pour améliorer leur cadre de vie, alors c'est un pari pour moi », ajoute-t-il.
« Si je n'avais pas été là, ils seraient restés chacun chez eux. »
Les réactions des passants, les échanges avec eux, c'est justement ce qui anime (aussi) Dege. Il suffit de discuter 3 minutes avec lui pour comprendre à quel point le lien social que créé son art est important à ses yeux : « Quand j'arrive, je ne connais personne. Puis ça intrigue, les gens viennent me voir, posent des questions, regardent mon travail, etc. Et puis ils se parlent entre eux aussi. Regardez, ces personnes restent avec moi un petit moment. Si je n'avais pas été là, ils seraient restés chacun chez eux. C'est génial », se réjouit-il en montrant du doigt un groupe de trois hommes, installés tout près de la fresque, discutant de tout et de rien.
Le temps d'une simple interview, une dizaine de personnes sont passées par là, tous saluant l'artiste et son travail. Parfois assurant qu'ils pourraient « rester là des heures, à regarder ».
Il a d'ailleurs réalisé, avec des jeunes du quartier et du centre relais ado du Val Vert, deux autres fresques. L'occasion pour lui de leur faire découvrir son art, de leur enseigner quelques techniques, et de leur transmettre ses valeurs.
Ses valeurs, ce sont celles du vivre ensemble, et de la préservation de la nature, par leur mise en valeur artistique. Il fait d'ailleurs partie du crew VEC. « Comprenez vivre en couleur ou vivre en communauté. Ça veut aussi dire plein d'autres choses, mais ce sont les valeurs que nous portons », sourit-il.
Lors de chacune de ses réalisations, il tente de faire ressortir ces deux sujets, quelle que soit la demande qu'il reçoit. C'est notamment le cas pour son prochain projet.
« Mon prochain projet sera en lien avec la préfecture de Haute-Loire. J'ai hate, car c'est le plus gros et le plus visible que j'aurai réalisé jusqu'à présent. »
Alors qu'il vient tout juste de terminer cette peinture murale, Dege pense déjà à un projet qui le réjouit : dans quelques semaines, il débutera l'une de ses plus grandes réalisations : « Je vais peindre sur le pont de Montferrat, qui traverse la RN88, juste avant le rond-point de Lachamp. Ça va être grandiose. »
La demande, cette fois, c'est celle de la préfecture, le sujet : la sécurité routière. Un projet dont l'artiste se réjouit déjà, et qui lui permet de joindre ses deux sujets de prédilection : nature et vivre ensemble.
Ainsi, vous y retrouverez, dans quelques mois, un tableau composé d'un motard, sur son engin, équipé de tous ses équipements de protection individuelle (EPI), circulant sous un ciel chargé. Mais aussi un milan, un cervidé et un batracien, rendant hommage aux espaces naturels détruits par la construction de la RN.
« L'objectif, c'est de donner l'impression d'entrer dans la peinture en roulant sous ce pont. »
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