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Le Majestic : un homme discret et passionné passe le flambeau

, Mise à jour le 21/10/2025 à 17:00

Institution du Puy-en-Velay, le Majestic s’apprête à vivre un tournant majeur : après 43 ans à la tête de l’établissement, Éric Dubois passe le relais. Une page se tourne, mais l’histoire, elle, reste bien vivante. Retour sur le parcours d’un homme discret, passionné, qui aura fait du Majestic un lieu emblématique de la ville.

Des débuts modestes à une brasserie incontournable

Créé en 1930, le Majestic a traversé les époques et vu évoluer les habitudes des Ponots. À ses débuts, il n’était qu’un bar PMU, affectueusement surnommé « le PM » par les habitués.

En 1982, Eric Dubois en association avec son père et son oncle font l'acquisition des lieux. Puis, en 1987, Eric Dubois rachète la totalité du commerce, bien décidé à lui donner une nouvelle dimension. À côté, jouxte une ancienne station-essence, plus en service puis un salon de thé " le Ceylan".

Rien ne prédestinait Éric Dubois à la restauration. Avant cela, il travaillait dans une exploitation agricole, auprès d’un couple de fermiers. Il en garde une vision du travail qu’il transpose à la restauration : « Ce n’est pas du tout les mêmes métiers, mais ce sont des métiers qui demandent de la passion, du temps et du travail. » En 1992, il réalise un tournant majeur en transformant le lieu en brasserie, après d’importants travaux d’agrandissement.

Le Majestic que l'on surnommait le "PM"
Le Majestic que l'on surnomme le "PM" Photo par Eric Dubois

« On sentait à l'époque que les bars étaient en train de, peu à peu, se ratatiner, donc il fallait essayer de développer ce qui se faisait à ce moment-là. » Eric Dubois

Il y a une quarantaine d'années, les commerces et l'économie étaient bien différents de ceux que l'on connait aujourd'hui. Eric explique « à l'époque, dans les années 80, on ouvrait à 5 h 30, 6 heures du matin parce que les gens allaient travailler tôt à cette époque. » puis ajoute « les bars étaient bondés à 13 heures, tout le monde allait boire son café. »

Mais les modes de consommation évoluent, et Éric Dubois l’anticipe en transformant le "PM" en brasserie, : « On sentait à l'époque que les bars étaient en train de, peu à peu, se ratatiner, donc il fallait essayer de développer ce qui se faisait à ce moment-là. » À cette époque, les brasseries étaient encore rares au Puy, la mode plutôt tournée vers les restaurants traditionnels.

Les épreuves du métier

Pour ce nouveau projet, il fait alors l'acquisition du local mitoyen et crée l'espace que l'on connait. Cependant, cette transformation ne s'est pas fait sans difficulté.

En effet, les travaux menés pour métamorphoser le Majestic ont pris une tournure dramatique : « Les architectes m'avaient mis maître d’œuvre et maître d'ouvrage. Et lorsqu'ils ont tout cassé, ils m'ont annoncé que le budget était largement insuffisant, et c'est ce qui m'a mis un peu dans la pagaille. » Eric Dubois est toujours resté discret sur ce moment de sa vie et a dû batailler pour sortir la tête de l'eau.

Il poursuit : « On a quand même terminé les travaux, j'ai tenu quelques années comme ça, et puis au bout de quatre, cinq ans, il a fallu que je me mette en redressement judiciaire pour arriver à faire face à l'endettement. »

Cette brasserie à l’ambiance chic, avec son enfilade de petites tables bordées de cloisons vitrées, ses banquettes moelleuses et son atmosphère feutrée, offre un charme unique et intemporel.

Malgré les épreuves Eric Dubois, ne renonce pas, il fonde un deuxième établissement, "Comme à la maison", afin d’augmenter son chiffre d’affaires et d’amortir les dettes : « j’ai dû créer une activité supplémentaire pour ramener encore un peu plus de chiffre d'affaires. » explique-t-il.

Jamais sous les projecteurs

« Comme si chaque jour et chaque service, c’était mes invités, comme si on les recevait à la maison. On a envie de les revoir, on a envie de faire plaisir. »

Homme de l’ombre, Éric Dubois n’a jamais cherché les feux des projecteurs, préférant l’action à la communication. À ses yeux, la qualité du service reste le meilleur outil de communication : « La communication va se faire toute seule à partir du moment où on fait bien son travail. »

Au cours de sa carrière, il fait preuve d'exigence avec lui-même et la vingtaine d'employés sous ses ordres, et porte comme mantra « Comme si chaque jour et chaque service, c’était mes invités, comme si on les recevait à la maison. On a envie de les revoir, on a envie de faire plaisir. », une devise qui lui a probablement permis de faire du Majestic un incontournable.

Eric Dubois devant son établissement Photo par Nadine Pleynet

Une relève dans la continuité

Aujourd’hui, Éric Dubois passe la main à Mehdi Souiki et sa compagne Nelly, qui connaît déjà parfaitement la maison avec de nombreuses années en tant qu'employée, « Nelly, ne se plaint jamais, et elle a toujours le sourire. » confie Eric. Mehdi, lui, prendra en charge la cuisine : « Il a des capacités en cuisine que moi, je n'avais pas. »

Le Majestic « C’était ma maison »

Malgré le départ, le lien reste fort « C’était ma maison », avoue Eric. Depuis samedi soir, le Majestic a fermé ses portes, une affiche annonce un petit lifting rapide et remercie la fidélité de la clientèle. Le service reprend déjà cette fin de semaine.

Quant à lui, Éric Dubois continue son activité au Palais, établissement qu’il a repris en 2021, sans la contrainte des cuisines et une équipe plus restreinte. Il ne parle pas encore de retraite, ni de repos, " J'aime construire les choses, mais j'arrive à une période de ma vie où je ne vais plus bâtir. Je vais essayer de garder un petit peu de stabilité" conclut-il.

 

Le Majestic dans les années 80
Le Majestic dans les années 80 Photo par Eric Dubois

 

 

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