Quentin Sicard, ingénieur-agronome et œnologue, a créé la Distillerie Volcanique en 2021, à Bayard, juste en face du Musée de la Mine de Brassac-les-Mines.
Un lieu chargé déjà d'histoire, où il a démarré la sienne, avec la ferme intention de mettre en valeur son savoir-faire artisanal et son empreinte locale, et proposer des spiritueux de qualité, concoctés entièrement par ses soins.
« Il y eu une phase d'installation assez longue, j'ai fait faire l'alambic sur mesure par un artisan en Dordogne qui est Meilleur ouvrier de France, qui travaille à l'ancienne avec son marteau.» raconte Quentin.
Des marques bien distinctes qui ciblent différents publics
Un système de distillation unique donc, pour des alcools uniques, segmentés en trois marques*, dont celle de coeur, la premium. L'objectif du couple est de conserver cette gamme premium, mais de proposer également des gammes plus accessibles qui visent un public plus large afin de s'assurer une récurrence en terme de volumes de vente.
« La Distillerie des Scories c'est notre marque haute gamme, où on a que des spiritueux fermentés et distillés. On est très peu à faire nous-même nos propres alcools, prendre une matière première brute, la faire fermenter, comme on ferait du vin ou de la bière, pour ensuite la distiller. »
Sous la marque Distillerie des Scories, la maison propose des whiskys, rhums et gins.
La Liquoristerie Volcanique dévoile depuis 2024 des liqueurs artisanales ultra-fruitées.
Et la nouvelle gamme ERUPTION (2025) vise un public plus large avec des spiritueux à prix accessibles.
Une classification floue dans ce secteur
Et là se pose un réel problème de transparence dans ces métiers de la production d'alcool, encadrés par un règlement européen où le terme "Distillerie" peut être employé assez librement, avec d'un côté ceux qui distillent vraiment, avec un matériel adapté, et ceux qui achètent des alcools déjà distillés et réalisent des macérations, bien plus rapides.
Les mots "artisanal" et "local" sont eux aussi utilisés à tout va, comme dans beaucoup de secteurs. Ce qui est bien souvent "local" « c'est la mise en bouteille », explique Quentin, et non la production, et le fait de retravailler un alcool déjà distillé avec notamment des macérations de fruits, peut suffire à parler d'artisanat.
L'Alambic et les spiritueux de la Distillerie Volcanique
Photo par ZoomDici
Des écarts se creusent alors entre les professionnels qui produisent de A à Z, et les autres, en termes de temps passé et de charges financières, mais ces écarts restent invisibles à l'oeil nu des consommateurs, faute d'encadrement plus rigoureux de ces professions.
« La partie fermentaire c'est 80 voir 90% du temps de travail »
« Pour le whisky, par exemple, on brasse l'orge. Une journée de brassage c'est 18 heures d'affilées, après il y a 72 heures de fermentation, avant de pouvoir distiller. La partie fermentaire c'est 80 voir 90% du temps de travail » explique Quentin, pour qui les journées de 24 heures sont bien souvent... trop courtes.
Réaliser tout le procédé de production c'est un sacré boulot, mais il reste encore à communiquer efficacement, promouvoir ce savoir faire, et le commercialiser : aller sur les marchés, sur les salons régionaux, nationaux, démarcher les cavistes, restaurants, et autres revendeurs. « Moi je ne suis pas commercial de métier, je suis dans la production ».
Sophie s'attèle à la commercialisation
Et c'est en cela que sa compagne Sophie se donne également corps et âme pour que le précieux navire reste à flot.
Mais ils le confient tous deux, ce n'est pas facile tous les jours. Beaucoup d'heures de travail, et une rude concurrence puisque ce véritable artisanat local tombe dans l'immense panier garni de la distillerie, sans réelle distinction sur l'étiquette de ce qui est fait "maison", ou pas vraiment.
Les Trophées des Terroirs
L’édition 2025 avait pour thème « Révéler la richesse des terroirs à travers l’innovation, les collaborations et la durabilité ».
Au total 120 projets à travers la France ont été présentés pour une sélection de six finalistes dans trois catégories : « métiers de bouche », « producteurs » et « fabricants de boissons ».
Trois lauréats ont ensuite été élus, un par catégorie, par les votes des professionnels et du grand public.
Mais il parait que le travail finit toujours par payer et les pépites bien cachées finissent tôt ou tard par être mises en lumière.
Ce Trophée des Terroirs 2025 en est la preuve. La distinction met en avant leur concept artisanal et du circuit court, l'utilisation de matières premières locales, et notamment l'utilisation d'une eau naturellement pauvre en minéraux issue d’un aquifère volcanique.
Le projet de produire de A à Z le whisky
Le jeune couple reste confiant, et même si l'avenir est encore incertain avec des choix de vie à faire, ils gardent l'oeil sur l'horizon, et sur ce projet de produire également leurs propres céréales, les orges, afin de maitriser 100% du processus de production de leur gamme de whisky premium.