L'Insee, dans une étude sortie en ce début septembre, fait un focus sur les stations de ski et pointe que sept stations sur dix à dominante hivernale connaissent un développement de leur activité l'été.
Au total, selon l'étude, la région Aura compte 183 communes de ski, employant environ 110 000 personnes en hiver avec un pic encore supérieur en février. Mais avec des hivers plus courts, et un enneigement disons fluctuant, avec de bonnes ou mauvaises surprises selon les années, les stations développent de plus en plus les activités estivales.
L'exemple du Mont-Dore
Dans le Puy-de-Dôme, à la station du Mont-Dore, contrairement à d’autres stations de moyenne montagne, ce développement ne date pas d'hier, et s’appuie sur des atouts naturels, notamment la randonnée et le thermalisme.
La station puydômoise est d'ailleurs citée dans l'étude pour sa particularité à avoir un pic d'été "quasiment équivalent, voire supérieur à celui de l’hiver".
Une nouvelle qui ferait chaud au cœur des enquêteurs de la Cour des comptes. Cette dernière avait pointé du doigt nombre de stations de ski et notamment Super Besse et le Mont-Dore lors d'un rapport d'enquête début 2024.
Deux collections : printemps/été et automne/hiver
Dans les stations, c'est un peu comme dans le milieu de la mode, il y a deux collections, printemps/été, et automne/hiver. Le directeur de la station du Mont-Dore, Christophe Boivin, ne dira pas le contraire. Pour lui, le terme "quatre saisons" souvent employé dans ce milieu n'est pas adéquat, il s'agit plutôt de deux grosses saisons.
"On a une répartition : 50 % de chiffre d'affaires l'été et 50 % l'hiver. Et en terme d'effectif "Si l'enneigement est vraiment là, on arrive à un effectif de 120 personnes. L'été, on est autour de 60-65 personnes." explique-t-il.
"On n'est pas en retard sur la transition climatique. On entend parler que de ça, beaucoup trop d'ailleurs" Christophe Boivin, directeur de la station du Mont-Dore.
Randonnées et activités outdoor
Ce qui attire les visiteurs l'été au Mont-Dore, c'est principalement la randonnée, le Puy de Sancy en vedette avec ses allures alpines et accessible via le téléphérique de la station.
"Ce qu'on a constaté, c'est qu'il y a de plus en plus de randonneurs, de plus en plus de gens attirés par la montagne, et sur le sommet du Sancy en particulier, le plus haut du Massif central. On a une vision à 360° sur la chaîne des Puys, on voit la Corrèze, on voit le Cantal, et avec un peu de chance, on peut même voir le Mont-Blanc".
Corde Game : une exclu du Mont-Dore
Mais il y a également pléthore d'activités : viaferrata, tyrolienne "la seule en France à être suspendue dans les arbres" selon Christophe Boivin, et des spécialités à succès, le mountain cart, le fatscoot, le tubing (descente de piste en bouée qui permet de réutiliser un tapis réservé aux lugeurs l'hiver) mais également une activité unique dans le Massif du Sancy : le Corde game.
Le principe : parcourir en équipe, liés les uns aux autres, un parcours tracé en forêt. "On trouve des obstacles, il y a différents choix et trajectoires et des questions aussi le long du parcours. Si on répond favorablement aux questions, on est dirigé pour faire la meilleure trajectoire."
Deux saisons : un équilibre fragile à préserver
Au-delà d'une attractivité assez naturelle pour cette station l'été comme l'hiver, et des activités variées proposées aux deux saisons, ce ratio 50/50 est assez rare, un jeu d'équilibriste délicat.
Le chiffre d'affaires hivernal étant en baisse, la différence entre les deux saisons n'est plus réellement notable, d'autant que les charges en été sont, pour le Mont-Dore, moins importantes qu'ailleurs. "On a une taille qui fait que, même si on n'a pas trop d'activité l'été, ça a un impact forcément, mais cela ne pèsera pas tant que ça sur le résultat final."
Et c'est tant mieux, car comme on le sait, le secteur touristique est un peu la marionnette de la météo, et il faut, pour ses acteurs, s'adapter constamment aux aléas climatiques, qui restent très imprévisibles, sans froisser Météo France...