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Francs-maçon : « Nous ne sommes pas secrets, nous sommes discrets »

Par Fanny_Gimenez , Mise à jour le 13/06/2025 à 11:00

Le week-end des 7 et 8 juin, le centre Pierre-Cardinal du Puy-en-Velay a accueilli le congrès régional de franc-maçonnerie du Grand Orient de France (GODF). À cette occasion, Nicolas Penin, Grand Maître du GODF, a participé à l’événement et a répondu à nos questions. 

Plus d’une centaine de participants étaient présents, représentant les 83 loges de la Région 5, l’une des plus vastes parmi les dix-sept que compte l'obédience en France. Ce rendez-vous annuel permet aux loges d’échanger sur des questions à la fois administratives et initiatiques, souvent en lien avec des sujets de société.

Une organisation semblable au modèle républicain

Contrairement à certaines idées reçues, la franc-maçonnerie, notamment le Grand Orient de France, fonctionne de manière, structurée selon un modèle républicain. Le Grand Orient est une fédération de loges, chacune constituée par des loges réparties sur toute la France.
« On est structurés comme une République », explique une membre. L’organisation repose sur une répartition claire des pouvoirs : un pouvoir exécutif (le Conseil de l’Ordre), un pouvoir législatif (le Convent) et un pouvoir disciplinaire, comparable à un pouvoir judiciaire.

Le Conseil de l’Ordre, présidé par le Grand Maître Nicolas Penin, se compose de 37 membres élus, incarnant l’exécutif national de l’obédience.

Le pouvoir disciplinaire, quant à lui, ne rend pas la justice au sens juridique du terme, mais peut prononcer des sanctions internes. Ce fonctionnement illustre la volonté de transparence, d’éthique et de respect du cadre républicain au sein de l’institution.

Nicolas Penin et Robert Gode ouvert au dialogue
Nicolas Penin et Robert Gode ouvert au dialogue Photo par Fanny Gimenez

Une obédience

Une obédience maçonnique est une structure fédérative qui regroupe plusieurs loges (assemblées locales de francs-maçons) qui partagent : des principes et des valeurs, effectuent des pratiques et cérémonies communes pour leurs travaux. 

Des loges structurées et ritualisées

La fédération est constituée de 1400 loges réparties sur tout le territoire français.
Chaque loge a une structure juridique dépendant du statut d'association de loi 1901. Comme toute association, elle a, à sa tête avec un président, appelé Vénérable Maître, un secrétaire, un trésorier, un orateur (chargé du respect du règlement) et deux surveillants (responsables des apprentis et compagnons).

Les réunions sont régies par un protocole précis, basé sur la triangulation : on ne s’adresse pas directement à un autre membre, mais en passant par les surveillants ou le président.
« Cela pacifie les débats », souligne Nicolas Penin, comparant cela au fonctionnement du Sénat, où l’on s’adresse au président plutôt qu’à ses collègues.

Lever le voile sur une pratique qui évolue

« Nous ne sommes pas secrets, nous sommes discrets », aime rappeler une membre.
Contrairement aux idées reçues, de nombreuses informations sur la franc-maçonnerie sont accessibles au public, et cela, depuis toujours, de nombreux ouvrages ont relaté ses principes et son histoire, comme le célèbre la divulgation de Samuel Prichard, l'un des plus célèbres écrits sur les secrets de la franc-maçonnerie.

« Vous êtes toujours autorisé à vous dévoiler, vous avez le droit de dire que vous êtes en formation, ce qui est interdit, c'est de dévoiler les autres »

Après la période trouble de la Seconde Guerre mondiale, que la franc-maçonnerie a connue, les nouveaux membres étaient souvent cooptés. Aujourd’hui, la tendance évolue :
« On est passés de 3 % à 13 % de candidatures spontanées pour entrer au Grand Orient de France », précise Nicolas Penin.

Si la parole semble aujourd’hui plus libre, la majorité des membres ne souhaitent pas divulguer leur adhésion « vous êtes toujours autorisé à vous dévoiler, vous avez le droit de dire que vous êtes en formation, ce qui est interdit, c'est de dévoiler les autres » signale une membre.

À l’ère du numérique

Tenue ou tenue blanche

Une tenue est une réunion rituelle entre les membres d’une même loge. Elle peut être dédiée à l’initiation, à l’étude, ou aux travaux maçonniques. La tenue blanche est, elle, une réunion organisée par une loge, mais ouverte à des non-adhérents à la franc-maçonnerie (profanes). Elle permet de faire connaître la franc-maçonnerie et d’échanger sur des sujets philosophiques ou de société, sans rituel initiatique.

À l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle, la franc-maçonnerie, fidèle à sa vocation humaniste, s’interroge sur les bouleversements que ces technologies provoquent dans nos sociétés.
Pour Nicolas Penin : « Ce ne sont pas des questions de technologie, mais des questions d’éthique. » C’est dans cet esprit que l’obédience a sollicité un échange avec la ministre du Numérique, afin d’apporter une contribution philosophique et morale sur ces enjeux. « On peut faire des réunions par Zoom, mais pas une tenue. Cela irait à l’encontre de nos valeurs », affirme-t-il.
En effet, la franc-maçonnerie repose sur une transmission symbolique et une ritualité incarnée, difficilement transposable dans un cadre virtuel.

Concernant l’intelligence artificielle, les francs-maçons y voient un outil, et non une menace, à manier avec discernement.
« L’IA peut être un outil formidable, notamment en médecine : elle permet de diagnostiquer certaines maladies que l’humain pourrait manquer. Mais comme tout outil, elle n’est ni bonne ni mauvaise en soi : tout dépend de l’usage que l’on en fait » ajoute Nicolas Penin.

Face à ces évolutions, la franc-maçonnerie reste vigilante quant à leurs impacts, notamment sur la jeunesse, l’éducation et l’apprentissage de ces technologies.

Entre symboles religieux et pensée laïque

« Le Grand Orient de France accorde une importance fondamentale à la laïcité. Cela ne veut pas dire être anti-religion, cela signifie que les religions se pratiquent, mais dans l’intime »

Dans le vocabulaire franc-maçon, on retrouve certaines similitudes avec celui des religions. Par exemple, le terme obédience peut rappeler les structures religieuses, tout comme les rituels, ou encore l’usage du mot profane pour désigner les personnes n’appartenant pas à la franc-maçonnerie. Entre eux, les membres se nomment frères et sœurs, renforçant ainsi l’idée d’une communauté soudée autour de valeurs communes.

Cependant, les francs-maçons tiennent à se distinguer clairement des communautés religieuses, et rejettent toute affiliation à un quelconque penchant sectaire. Comme le précise Nicolas Penin : « Il n’y a pas de culte, il n’y a pas de dogme. C’est l’obédience mondiale, libérale et adogmatique, parce que justement, il n’y a pas d’obligation d’invocation, de dogme, de vérité révélée. » Une membre ajoute « Le Grand Orient de France accorde une importance fondamentale à la laïcité. Cela ne veut pas dire être anti-religion, cela signifie que les religions se pratiquent, mais dans l’intime. »

Ainsi, bien que certains termes ou pratiques puissent évoquer le religieux, la franc-maçonnerie se définit avant tout comme un espace de réflexion libre, sans dogme.

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