Le rendez-vous était donné à la CUMA des Rinardous, à Landos, où Didier Chapelle, président de la coopérative, a accueilli une centaine de personnes : agriculteurs, élus, anciens membres, pour l’inauguration de leur nouveau bâtiment. C’est également un moment pour faire le point et échanger, mais aussi profiter d’un moment de convivialité en ce début de saison déjà bien entamé pour les agriculteurs.
La CUMA, une solution face aux défis agricoles
Face à la hausse des coûts de production (carburant, matériel, engrais, intrants) tout comme aux normes, les nombreux dossiers à remplir pour bénéficier d’aides pèsent lourdement sur le travail. À cela s’ajoutent les aléas climatiques de plus en plus fréquents, avec des sécheresses, des pluies violentes ou des épisodes de gel, qui perturbent les récoltes et rendent la planification plus incertaine. « L’an dernier, il pleuvait tous les jours. Quand une fenêtre météo de trois jours s’est ouverte, on a réuni tout le monde pour s’organiser au mieux », raconte Didier Chapelle.
CUMA : Coopérative agricole
La CUMA (coopérative d’utilisation de matériel agricole) répond aux besoins des exploitations en regroupant plusieurs agriculteurs qui mutualisent l’achat, l’entretien et l’utilisation de matériel agricole afin de réduire les coûts et de faciliter leur activité. Il accompagne également à la gestion administrative et à la comptabilité.
Des coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA) ont alors vu le jour dans les années 1980. Les CUMA se sont progressivement développées et largement démocratisées, comme en témoignent les sept coopératives présentes sur le canton de Cayres-Pradelles. Face aux difficultés croissantes du monde agricole et à la précarité grandissante des exploitants, les agriculteurs ont dû repenser leur manière de travailler.
L’accès à la CUMA permet à chaque adhérent d’utiliser les équipements dont il a besoin, le temps nécessaire, et de payer en fonction. Avec soixante machines disponibles à la CUMA des Rinardous, certaines en double ou triple exemplaire.
Les machines étaient exposées devant le bâtiment
Photo par Fanny Gimenez
Nouveau bâtiment des Rinardous
Créée en 1991 avec seulement quatre adhérents, la CUMA des Rinardous en compte aujourd’hui 43. Pour répondre des nombreux exploitants, il a fallu s’adapter et investir. Un nouveau bâtiment a été construit sur un terrain central, non sans mal : « il est difficile pour les agriculteurs de se séparer de terre ». C’est finalement la famille Bérard, voisine du président, qui a vendu un bout de terre sur la commune. La proximité avec un transformateur électrique et un axe routier a aussi pesé dans le choix du site.
Ce hangar moderne, équipé de bureaux et d’un atelier, permet d’assurer l’entretien des machines sur place. Pour la gestion des plannings, les adhérents échangent via une messagerie instantanée (WhatsApp), indique Didier Chapelle. « Aux Rinardous, on ne fait pas de location à la journée ; dès qu’un outil est disponible, il peut servir au prochain. » Cette planification quasi immédiate permet une rentabilité du temps de travail et de l’utilisation des machines. Comme le dit le proverbe "Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin", dans le cas des CUMA, cela se vérifie pleinement.
Une collaboration entre investissement et énergie renouvelable
Depuis mai 2021, une nouvelle initiative a vu le jour : la SAS Le Soleil des CUMA, avec à sa tête Hervé Bérard. Ce projet innovant combine énergie solaire et développement coopératif.
Grâce au soutien de la SEML Devès Ensoleillée, des installations photovoltaïques ont été posées sur plusieurs hangars de CUMA. Cette structure intercommunale accompagne les projets sur les aspects techniques et administratifs et permet de sécuriser un tarif de rachat de l’électricité de plus de 12 centimes par kWh. Pour la CUMA des Rinardous, l’électricité est revendue à Enedis, le photovoltaïque représente environ 25 000 € de revenus annuels.
« En tant qu’agriculteurs, on préfère les vaches dans le pré plutôt que des panneaux, mettons les panneaux sur les toits et les vaches au pré. »
Malgré les revers que connaît le photovoltaïque, notamment la baisse de rentabilité liée à la surproduction, les contrats conclus antérieurement et « au bon moment » permettent une transaction et un rendement avantageux, explique Paul Braud, président de la communauté de communes Cayres-Pradelles et de la SEML, mais aussi maire de Saint-Jean-Lachalm, qui affirme devoir arrêter les éoliennes de la commune entre 10 et 16h à cause de la surproduction d’électricité. « aujourd ’hui c’est bien compliqué, et je crains que se soit encore plus à l’avenir » confie-t-il, exprimant ses inquiétudes quant à la viabilité économique de ces investissements à long terme.
Tradition et écologie
Hervé Bérard conclura son discours par une phrase à la fois imagée et pleine de sens :
« En tant qu’agriculteurs, on préfère les vaches dans le pré plutôt que des panneaux, mettons les panneaux sur les toits et les vaches au pré. »
À travers ces mots, il défend les valeurs du monde paysan, en mettant en avant le travail et le savoir-faire des agriculteurs. Il rappelle qu’ils nourrissent la population, qu’ils entretiennent les paysages et participent activement à la vie des territoires.
Cette déclaration invite à réfléchir à une transition écologique, loin d’être incompatible, avec l’agriculture, à condition d’un dialogue commun.
Les agriculteurs de Cayres-Pradelles se sont réunis ce 10 mai
Photo par Fanny Gimenez