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Opération jet de bottes par les agriculteurs au Puy

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 19/03/2022 à 06:00

Ras-le-bol ! Tel est le sentiment qu’éprouvent les acteurs de l’agriculture altiligérienne dont une partie s’est réunie vendredi 18 mars devant la préfecture ponote. Sous l’action non violente où des dizaines de bottes et de vieilles combinaisons ont été balancées sur le parvis du bâtiment d’État, c’est un vrai désarroi qui gagne les rangs des professionnels de la terre.

Le Premier ministre Jean Castex a détaillé le 16 mars les soutiens qu’il envisage appliquer au secteur agricole. L’élevage bénéficiera de 400 millions d’euros pour compenser les pertes dues à la hausse des coûts de production. Le gouvernement a également annoncé, en plus des 15 centimes HT d’aide par litre de carburant, dont le GNR, un remboursement anticipé de la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), un plan de sécurisation des engrais ou encore de nouvelles négociations commerciales.

Devant ces annonces « à mille lieux de ce que subissent au quotidien les agriculteurs », les visages des principaux intéressés restent figés. Pour signifier leur colère, environ 80 d’entre eux se sont retrouvés devant la Préfecture, porte-voix du terrain jusqu’aux plus grandes instances politiques.

Photo par Nicolas Defay

« Nous donner de vrais moyens et pas de petites miettes »

« Nous sommes là en réaction au plan de résilience pour l’agriculture annoncé par Jean Castex il y a deux jours, explique Claude Font, président du syndicat agricole FDSEA 43 et éleveur en Gaec sur la commune d’Auzon. Malgré ce montant de 400 millions d’euros au niveau national, le compte est loin d’être atteint ! »

Il continue : « Si on veut sauvegarder notre agriculture et qu’elle devienne autonome, il faut faire en sorte de nous donner de vrais moyens et pas de petites miettes. Les éleveurs, les agriculteurs et tous ces gens qui alimentent les français doivent pouvoir vivre dignement de leur métier et pas simplement en survivre ».

D’après l’Insee, l’inflation sur un an en France pourrait dépasser les 4 % d’ici fin mars, avec en parallèle une baisse du pouvoir d’achat de 0,9 % par rapport à 2021.

Photo par Nicolas Defay

« Nous demandons un plan d’urgence immédiat et pas vers la fin mai »

Tous ces morceaux de Haute-Loire paysanne discutent devant la préfecture. Ils attendent le départ pour offrir à la structure publique l’amas de bottes et de combinaisons qui grossit sur la place du Breuil. « Nous demandons un plan d’urgence immédiat et pas vers la fin mai comme assuré par le Premier ministre, livre Claude Font. Nous voulons des prises en charge de nos coûts de production et des avances sur trésorerie. »

Il souligne encore : « Si la loi Egalim 2 est correctement appliquée avec une compensation des surplus de charges, alors il est possible que l’on puisse encore produire. Autrement, la profession continuera de décliner à grande vitesse et les importations des produits alimentaires d’autres pays s’intensifier toujours plus ».

Photo par Nicolas Defay

« Ils n’ont d’autres choix s’ils veulent le pays autonome sur la question alimentaire »

Comme ses confrères et consœurs regroupés ce vendredi 18 mars, Claude Font s’inquiète des jours à venir. « On va rentrer dans les périodes de gros travaux avec les ensilages, les moissons, l’implantation des semis pour l’année prochaine...La hausse des carburants est très lourde pour nous. Ce n’est pas normal que le GNR (gasoil pour les tracteurs, NDLR) ait été multiplié par trois en quelque temps. »

Avant que les bottes ne fusent au-dessus des grilles de la préfecture, Claude Font conclut en ces mots : « Les politiques n’ont d’autres choix que de nous aider vraiment si on veut garder une production agricole française. Ils n’ont d’autres choix s’ils veulent le pays autonome sur la question alimentaire. »
Une délégation a été reçue par le préfet à 17 heures afin de faire remonter leurs revendications au ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et au Premier ministre Jean Castex.

"Le Premier Ministre vient d’annoncer le contenu du plan de résilience économique et sociale préparé par le Gouvernement pour aider les entreprises à faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine et préparer l’objectif de réduction des dépendances françaises.
FDSEA JA 43 regrettent que ces propositions de compensation de hausse des charges n’aillent pas plus loin. En effet, les négociations commerciales qui viennent de se terminer le 1er mars dernier tenaient compte des charges de 2021. Or, l’explosion est telle aujourd’hui sur l’alimentation du bétail, l’énergie et les intrants que les accords sont pour l’agriculture obsolètes.
C’est pourquoi FDSEA JA portent aujourd’hui deux revendications :
- Afin que les prix à la consommation n’augmentent pas de manière exponentielle : obtenir une véritable baisse de charges (Electricité, Gaz, Gazole Non Routier, Intrants, alimentation animale) permettant de conserver un potentiel de production visant à garantir l’autonomie alimentaire de la France
- Déclencher les clauses de renégociations et les clauses de révision des accords commerciaux du 1er mars pour tenir compte de la flambée des charges y compris pour les marques distributeurs.
Si rien n’est fait rapidement, de nombreuses exploitations se retrouveront en réelles difficultés dans les semaines qui viennent. C’est pourquoi, nous demandons à l’Etat de revoir sa copie afin de soutenir réellement l’agriculture Française et par conséquent les consommateurs Français
."