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Se battre pour des moulins à Saint-Julien-Chapteuil

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 12/03/2022 à 07:10

Si Don Quichotte luttait jadis contre des moulins à vent, la cité capitolienne mobilise aujourd’hui ses forces pour réhabiliter ses moulins à eau. La municipalité, la Région et la Fondation du Patrimoine mêlent leurs signatures pour officialiser le lancement des souscriptions au profit de ces bijoux de pierre à Neyzac.

« C’est un projet patrimonial très important, déclare André Ferret, maire de Saint-Julien-Chapteuil. Nous avons acheté trois moulins en cascade sur les quatre implantés au cœur du village de Neyzac. Le dernier appartient à un privé. L’objectif est de réhabiliter cet ensemble magistral, teinté de beauté et d’histoire, pour en faire un circuit touristique et des plus agréables possible ».

Certains ont été construits au 17ème siècle et figurent même sur les plans cadastraux napoléoniens d’après Alain Groisier, véritable puits de savoir sur le sujet. « Napoléon avait demandé une enquête précise pour connaître leur nombre exact, livre l’historien. En 1809, 83 000 moulins à eau sont répertoriés en France. Rien qu’en Haute-Loire, ce sont 1450 moulins enregistrés. Sur la Sumène, 87 moulins sont répartis sur ses 25 kilomètres, plus la vingtaine de kilomètres de ses affluents. Cela représente un moulin tous les deux kilomètres ! »

Alain Groisier devant la meule du moulin de Guérin à Saint-Julien-Chapteuil.
Alain Groisier devant la meule du moulin de Guérin à Saint-Julien-Chapteuil. Photo par Nicolas Defay

« Redonner la vie à ce site d’une qualité aussi rare qu’exceptionnelle »

Avec son association Résurgence, Alain Groisier et d’autres passionnés passent alors plusieurs années et des litres d’huile de coude à débroussailler, rénover, reconstruire ces joyaux du temps et les remettre quelque peu en vie. Mais parce que la nature est plus forte que tout, le bras de fer s’achève finalement. Les ronces et les racines fouillent à nouveau les entrailles, détruisant lentement ces totems d’une époque où les meuniers étaient rois. « Face à ce constat, le conseil municipal a décidé de redonner la vie à ce site d’une qualité aussi rare qu’exceptionnelle », confie André Ferret.

« Le temps passe et chaque fois qu’il y a du temps qui passe il y a quelque chose qui s’efface ». Jules Romain, écrivain et enfant du pays

Apporter de l’eau aux moulins

Si la commune promet d’injecter 25 000 euros tous les ans et jusqu’à la fin du mandat pour réhabiliter et entretenir les lieux, elle fait appel à plusieurs partenaires comme la Région, par exemple. La Fondation du Patrimoine est également sollicitée et, par extension, tous les habitants du bourg et des villages.

« Pour que nous puissions bénéficier de l’aide de la Fondation du Patrimoine d’un montant de 15 000 euros, il faut que la population s’implique, précise le maire. Une fois la somme de 3 000 euros constituée de dons des habitants, des associations et des entreprises, alors la Fondation complétera le reste. »

Un coin de paradis et une plongée dans l'histoire des meuniers d'autrefois.
Un coin de paradis et une plongée dans l'histoire des meuniers d'autrefois. Photo par Nicolas Defay

Pour participer à l’aventure ?

Si vous souhaitez faire un don pour la réhabilitation des moulins de Neyzac, vous pouvez vous rendre à la mairie de Saint-Julien-Chapteuil et à son office de tourisme pour vous procurer un bulletin de don. Sinon, via le site internet de la Fondation du Patrimoine.

La force animale pour déplacer les arbres

Les travaux ? Ils sont nombreux. « Il y a un chantier énorme concernant la coupe des arbres qui encerclent les moulins, décrit André Ferret. Et parce que le site est fragile et sensible, nous utilisons des chevaux pour sortir les troncs ». Troncs qui sont mis gratuitement à la disposition des habitants de Neyzac comme bois de chauffage.

« Ensuite, l’association d’insertion Megaylit a conclu un contrat avec la mairie afin de remonter les murs en pierres sèches, continue le maire. Aucun béton ne sera donc utilisé. Tout sera naturel. » Toit en lauze, toit en chaume, charpente en bois, mise en eau des biefs (canal d'irrigation creusé dans la terre et le roc pour acheminer l’eau dans le moulin)... « Rien que pour les toitures, il est nécessaire de consacrer plus de 10 000 euros, souligne-t-il. Toutes les aides, petites et grandes, et toutes les subventions nous sont alors extrêmement précieuses ! »

Les chevaux pour évacuer les arbres.
Les chevaux pour évacuer les arbres. Photo par DR

10 km pour des siècles d’histoire

En parallèle à cette cure de jouvence, la cité de Jules Romains va baliser une randonnée pour que s’ouvrent à qui veut les pas des anciens, les pas de ces hommes sans qui le pain n’aurait pu être. « Les gens pourront partir de l’office de tourisme de Saint-Julien-Chapteuil et suivre le parcours des moulins, explique André Ferret. Au plus long, cette boucle fera environ 10 kilomètres ».

D’après le maire, le sentier passera même par le magnifique moulin de Guérin, dernier à avoir été bâti sur la Sumène. « C’était en 1890, nous apprend Alain Groisier. Il est donc très récent ! Il a continué à produire de la farine panifiable entre les deux guerres puis s’est totalement arrêté en 1960. Durant ses dernières années, sa farine était destinée aux animaux. »

La turbine à plat au moulin de Guérin, mue par la force de l'eau acheminée par le bief.
La turbine à plat au moulin de Guérin, mue par la force de l'eau acheminée par le bief. Photo par Nicolas Defay