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Anastasia : l’histoire d’une réfugiée de guerre devenue ponote

, Mise à jour le 18/01/2023 à 06:00

C’est dans les prémisses du mois d’avril 2022 que les lecteurs de ZoomDici avaient découvert l’histoire tragique d’Anastasia, jeune ukrainienne arrachée par la guerre à son foyer et à sa terre. Dix mois après son arrivée, entrevue avec cette combattante de la vie qui compte bien s’enraciner en Haute-Loire.  

Anastasia à Vals-près-le-Puy durant son enfance à l'occasion de l'un de ses séjours Photo par DR

Une longue histoire d’amour commune entre l’Ukraine et le Velay

Nous l’avions rencontrée à Vals-près-le-Puy au début du mois d’avril 2022. Anastasia, jeune habitante de Boutcha, venait alors d’achever, avec deux comparses d’infortune et leurs enfants, son long périple depuis la frontière ukrainienne. Réfugiée de guerre, elle débarquait pourtant en terres connues, elle qui, dix ans auparavant, venait régulièrement passer ses étés chez Bernadette dans « sa deuxième famille de cœur ».     
C’est en 2007 qu’elle découvre pour la première fois le bassin ponot à l’occasion d’un séjour thérapeutique dans la ville de Vals-près-le-Puy. Enfant de la région de Tchernobyl, elle vient alors chercher en Velay une atmosphère plus saine que les effluves toxiques qui s’échappent de l’ancienne centrale soviétique. Elle reviendra régulièrement, les étés, dans cette petite banlieue ponote. Elle y apprendra le français à l’école Saint-Louis, y rencontrera des amis et y trouvera une « seconde famille d’adoption » chez son hôte Bernadette. 
 

Anastasia est devenue serveuse dans un restaurant ponot de la place Cadelade Photo par Nicolas TERME

Une réfugiée de guerre devenue ponote

Jetée par la guerre sur les routes de l’exil, la jeune ukrainienne se réfugie donc avec sa fille en Haute-Loire à la mi-mars 2022. Coupée de son mari, de sa famille et de ses amis laissés en Ukraine, Anastasia tourne rapidement son regard vers l’avenir. Elle entame alors une courte formation dans le domaine de la restauration et passe une certification de secouriste. De simple stagiaire dans un restaurant de la place Cadelade au Puy-en-Velay elle signe un CDD en tant que serveuse dès le mois de mai. Son premier salaire en poche elle quitte alors le nid de ses hôtes pour prendre définitivement son envol, seule avec sa fille, en louant son propre appartement.

« Ma vie et mon cœur sont au Puy désormais »

Malgré le récent retrait des forces russes de Boutcha et la possibilité de revenir au pays, Anastasia voit pourtant son avenir loin de son Ukraine natale :     
« J’ai finalement quitté mon mari et fait revenir ma mère Nadia près de moi. Plus rien ne m’appelle donc là-bas. Ici je peux être autonome alors qu’en Ukraine il est difficile de survivre en tant que femme célibataire. Je veux refaire ma vie en Haute-Loire et imaginer un avenir plus radieux pour ma petite fille ».    
Epaulée par sa mère pour élever et garder sa fille Kira, Anastasia se consacre ainsi désormais à temps plein à son travail de serveuse pour lequel elle a décroché un CDI au début du mois de septembre. 

Un goût de vivre et des projets plein la tête

Soutenue par ses proches, ses amis, ses collègues et ses responsables au restaurant, Anastasia aime regarder la vie avec un regard plein d’optimisme :    
« Ici tout le monde est adorable avec moi. Mon patron, mes amis, mes collègues m’ont tous aidée à démarrer une nouvelle vie. En salle, en contact avec les clients, j’ai engrangé de la confiance en moi et appris à mieux maîtriser le français. Mon travail c’est comme une deuxième famille ».     
Vivant le moment présent et se projetant aussi vers le lendemain, la jeune réfugiée se plaît même à imaginer un avenir radieux loin de la belliqueuse tragédie qui se joue aux frontières de l’Europe :    
« Pourquoi pas m’imaginer, dans quelques années, dans un métier plus calme pour voir ma fille grandir. Je prends beaucoup de plaisir à faire les ongles de mes amies et j’aimerais découvrir le métier d’esthéticienne. Dans la restauration ou dans l’esthétique j’investirai tout mon cœur à me construire un avenir ici… ».