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Madama Diawara condamné à deux mois de prison avec sursis

Par olivier@zoomdici.com mar 02/11/2021 - 12:00 , Mise à jour le 02/11/2021 à 12:00

La décision a été rendue ce vendredi matin par le Tribunal du Puy-en-Velay.

Le jeune Malien a été reconnu coupable d'usage de faux documents administratifs.

Madama Diawara est donc jugé coupable des faits reprochés, à savoir l'usage de faux documents administratifs pour justifier de son identité pour obtenir un droit de séjour.

" Les documents sont des faux et il ne pouvait l'ignorer" Le juge.

L'argumentation du juge s'appuie sur les expertises et suit les réquisitions du procureur de la République, à savoir deux mois de prison avec sursis.

" Les documents sont des faux et il ne pouvait l'ignorer", déclare-t-il dans le prononcé du jugement.

Le jeune Malien, sous le coup d'une obligation de quitter le territoire, a fait le choix de rentrer en clandestinité pour éviter l'expulsion vers son pays d'origine.

"Madama Diawara n'avait pas conscience qu'il utilisait des faux documents" Maître Linossier, son avocate.

Son avocate Cécile Linossier avait plaidé la relaxe, estimant que l'intentionnalité était absente. "Cette condamnation est une grosse déception. Les faits ne sont pas constitués, nous le maintenons. Madama Diawara n'avait pas conscience qu'il utilisait des faux documents."

La contrefaçon des passeports, cartes d'identités et actes de naissance en Afrique de l'Ouest et surtout au Mali est aujourd'hui devenu le "sésame" pour les milliers de migrants sahariens ou sub-sahéliens qui veulent entrer en Europe, via l'Algérie le plus souvent. Selon une source proche de l'ambassade malienne, "En 2020, plus de 2 800 ressortissants maliens ont été refoulés hors des frontières algériennes car ils avaient utilisé de faux papiers maliens pour rejoindre l'Europe ou s’installer au pays. Les tentatives se sont poursuivies et amplifiées ces dernières années, grâce notamment au développement et au perfectionnement des réseaux."

Désormais, les papiers maliens ouvrent les portes de l’eldorado européen.

Toujours selon la même source, qui travaille en lien avec la police de l'air et des frontières française, "plus de 12000 Africains de différentes nationalités ont été arrêtés et refoulés vers leurs pays d’origine pour la même raison. Désormais, le passeport ou d'autres papiers maliens ouvrent les portes de l’eldorado européen."

Ce constat est également établi par Antoine Glaser, spécialiste du Sahel et du Sahara: "Plusieurs dizaines de filières de plus en plus structurées abusent certaines personnes ou se servent de leur identité pour se livrer à les activités illicites en Europe comme sur le sol africain."

La vigilance de la police de l'air et des frontières s'est accrue

Les autorités maliennes reconnaissent les difficultés à établir et maintenir un registre d'Etat civil à jour et sécurisé. La vigilance de la police de l'air et des frontières s'est d'ailleurs accrue depuis quelques mois et des accords bilatéraux ont été revus et amendés. La détention de faux documents maliens est cependant souvent reconnue par les ressortissants maliens eux-mêmes puisque leur utilisation, tant dans les pays du Maghreb que sur le vieux continent, leur porte désormais préjudice à cause de la suspicion dont ils sont l'objet. 

Beaucoup d’aventuriers, candidats migrants ou faux étudiants, de diverses nationalités parviennent d'ailleurs facilement à avoir des documents d'identité maliens et se livrent, grâce à l'extension et à la diversification des filières existantes à des activités illicites, telles que le fabrication de faux billets, le détournement de fonds et des trafics en tous genres.

La famille d'accueil de Madama Diawara envisage de faire appel.

A la sortie du Tribunal, Véronique de Marconnay et Eric Durupt, la famille d'accueil du jeune Malien, semblaient dépités et mais voulaient rester combatifs : "C'est un innocent qui vient d'être condamné. Cette peine avec sursis peut paraître légère mais elle ne l'est pas. Tout condamnation, même minime, l'oblige à privilégier la clandestinité. On ne peut pas laisser condamner un innocent. On ne comprend pas cet acharnement, on s'interroge sur les raisons de cette condamnation."

La famille d'accueil de Madama Diawara, qui avait bénéficié d'un fort soutien populaire pour obtenir un droit de séjour, envisage de faire appel.