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La Rue Ket : quand quelques gouttes de pluie font pousser un groupe de ziq

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 13/10/2021 à 23:00

Zoomdici a eu la chance d’interviewer Oliver Leite, l’un des quatre trublions de la Rue Ketanou. Entre rencontres, débrouille et amour des textes, il confie « ses mots pour tous » en attendant non pas les caravanes (seuls les fans comprendront…) mais le concert ce samedi 16 octobre à la MPT de Brives-Charensac.

"Je m'baladais sur l'avenue, le cœur ouvert à l'inconnu". Oui, ces vers ne sont pas de la Rue Ketanou mais de Joe Dassin (Les Champs-Élysées, 1967). Pourtant, c’est bien en se baladant ainsi, téléphone à l’oreille, qu’Oliver Leite, chanteur/guitariste/ percussionniste de la Rue Ket, a partagé quelques tranches de vies avec la rédaction de Zoomdici. Sans filtre, sans artifice, il explique la genèse d’un groupe né dans un lieu de réinsertion sociale il y a 25 ans, l’importance des textes au-dessus de la musique et surtout le partage, le partage et encore le partage.

Comment les membres du groupe de la Rue Ketanou se sont rencontrés ?

Olivier Leite : "Florent, Mourad et moi, nous nous sommes trouvés au Théâtre du Fil à Savigny-sur-Orge (91). C’est un théâtre de réinsertion sociale qui existe depuis 1975. Florent était là en tant qu’objecteur de conscience. Quant à Mourad et moi, des assistantes sociales nous avaient installés ici pour accompagner les jeunes sur place. C’était chouette car on était constamment ensemble et nourri, logé et blanchi toute l’année. Nous faisions des animations dans les prisons et dans les quartiers populaires avec les jeunes inscrits dans ce théâtre".

Quoi, quand, où...

La Rue Kétanou, c’est samedi 16 octobre dès 20h30 à la MPT de Brives-Charensac.
Billetterie active sur ce LIEN, ou à Auchan et à la MPT brivoise.
L'album live "À cru" est sorti ce vendredi 8 octobre.
Pour retrouver tous les albums du groupes, c'est ICI.

C’est de là que s’est formé le groupe ?

Olivier Leite : "Pas tout de suite. Mais déjà, cette expérience commune nous avait convaincus de faire, pour nous-mêmes, du théâtre de rue. En 1995, je me rappelle qu’il s’était mis à pleuvoir à Quimper un jour où nous devions nous produire sur une terrasse avec Florent. Là, lui ou moi a alors dit quelque chose qui restera dans l’histoire du groupe à venir : « On s’en fout ! Ce n’est pas nous qui sommes à la rue, c’est la rue qui est à nous ! ». Florent a noté cette phrase car il l’a trouvée belle pour en faire une chanson. De là, on a d’abord eu l’idée de créer un théâtre de rue qui parle de trois saltimbanques. On est donc allé cherché Mourad parti en Bourgogne. Une fois la pièce écrite avec une poignée de chansons, notre vie s’est complètement inversée".

Pourquoi cela ?

Olivier Leite : "Car les chansons avaient pris plus d’importance que le théâtre de rue. Un sentiment que le manager du groupe Tryo nous a aidé à concevoir. Il faut savoir que le tout premier album (en attendant les caravanes sorti en 2000, Ndlr) ne devait être conçu que pour nous, comme un album souvenir. Jamais on aurait imaginé que nous deviendrions un groupe de chansons françaises depuis cette phrase lancée dans une rue trempée de Quimper, il y a plus de 20 ans !"

La Rue Ketanou est ancrée depuis 25 ans avec la création de 7 albums studio plus un live (À cru, sorti vendredi 8 octobre 2021). Et pourtant la 1ère chanson du 1er album est le cri de ralliement des fans. Comment l’expliquez-vous ?

Olivier Leite : "C’est une chanson que nous avons tout le temps aimé chanter dans la rue. Elle vient de là, d’ailleurs. C’est notre ADN et notre revendication. Cette chanson veut dire que si on n'a pas d’espace pour chanter, on se le créera nous-mêmes. Cette chanson-là, on ne la chante plus dans les concerts payants car nous assumons nos textes. Une des paroles est « Entrée libre pour tout le monde, Là dans la dernière ronde, Sans première ni deuxième classe ». Cela fait 15 ans que le public ne l’attend plus dans une salle payante car elle perdrait tout son sens".

Pouvez-vous parler de vos influences musicales ?

Olivier Leite : "Pour être honnête, on s’en fout. Reggae, tsigane, balkan, rock, rap... on s’en fout. Ce qui nous importe ce sont les textes. Nous sommes des bricoleurs, des petits artisans. Nous n’avons pas de repères musicaux et on ne veut pas en avoir. On aime se perdre dans la musique sans savoir où l’on va. Nos arguments sur scène, c’est une caisse à légumes pour les percutions, une guitare, un accordéon. Mais surtout, nos textes ! Peu importe l’habillage instrumental tant qu’il porte le texte du mieux qu’il le peut".

Des textes qui semblent parler à toutes les générations...

Olivier Leite : "Oui, c'est vrai. Quand tu vois que nos textes parlent autant à des gamins des classes maternelles qu’à leur grand-parents, c’est beau. La chanson Les mots (Album En Attendant les caravanes, 2000) est parfois étudiée en classe. C’est un grand honneur pour nous. Encore une fois, le sens du texte est primordial pour nous. Les instruments autour sont là pour le supporter".

Comment expliquez-vous la longévité de la Rue Ketanou ?

Olivier Leite : "D’entrée, on savait que nous voulions faire quelque chose ensemble. S’encourager les uns les autres, faire d’autres projets en se souhaitant le meilleur, c’est ça qui nous paraît être le secret. Nous donner autant de liberté que la rue peut nous en donner à nous-même. On se propose nos propres voyages et on en fait un ensemble avec la Rue Ket. Comme dans toute les familles, il y a parfois des clashs et des doutes. Mais cela fait 25 ans que nous remontons toujours la pente".

Le dernier album studio est intitulé 2020. Qu’est ce qu’on peut trouver à l’intérieur ?

Olivier Leite : "Du partage, du partage et du partage ! Il y a plein d’artistes qui interviennent dedans comme Mouss et Hakim de Zebda, René Lacaille, Titi Robin, pour ne citer qu’eux. Ce n’est que du bonheur. On a vraiment mis les bouchées doubles. Mon coup de cœur est la chanson Gbaou Gbaou. Elle parle d’un festival de musique qu’on a fait au Bénin avec nos amis des Ogres de Barbaques. D’autre part, sur cet album, c’est le premier où joue Pierre Luquet, quatrième moussaillon du navire. Nous sommes arrivés avec nos bouts de textes et mélodies et nous avons eu 9 jours pour nous enregistrer. Comme les précédents, ce sont des chansons d’Amour et de révoltes".

Il y a aussi le tout dernier de la bande, À cru, sorti ce vendredi 8 octobre.

Olivier Leite : "Exactement ! C’est le dernier mais le premier en live. À cru comporte 19 titres dont 4 titres studio inédits composés durant le confinement. Il est en vente partout comme à la Fnac, Virgin, sur notre site et durant nos concerts. Et pour nos projets ? De la route ! Il faut qu’on joue pour remplir la tirelire. Et une fois qu’on a un peu de sous dedans, on regarde si on peut faire un disque, si on peut partir en tournée, etc. Tout se construit lentement, au fur et à mesure de nos pas et de nos rencontres".