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Vaccination Covid en Haute-Loire : "22 000 doses sur les bras !"

Par nicolas@zoomdici.com jeu 10/06/2021 - 18:00 , Mise à jour le 10/06/2021 à 18:00

Ce chiffre, le directeur de l’hôpital Émile-Roux au Puy le répétera plusieurs fois pendant la conférence. 22 000 doses en attente de patients et des centres de vaccination presque vides. Une situation caractérisée de dramatique.

« Je ne comprends pas. Voir que depuis deux semaines, les doses restent sans preneurs. Qu’en cette fin de semaine, nous avons 22 000 doses sur les bras, 22 000 doses ! c’est un véritable crève-cœur. C’est un appel à l’aide que nous faisons là aux médias. Pour qu’il partage ce constat, un constat qui deviendra une hécatombe si nous n’inversons pas cette tendance ». C’est avec une voix grave et posée que le directeur du centre hospitalier Émile-Roux, Jean-Marie Bolliet, s’exprime entre les murs de la préfecture ce jeudi 10 juin 2021.

« Quand d’habitude il y a 200 personnes par jour dans le vaccinodrome du Stade Massot, hier (mercredi 9 juin, Ndlr), nous n’avons eu que 12 patients ». Jean-Marie Bolliet

Un des pires élèves

Les chiffres s’ajoutent les uns aux autres, exposant la situation de la vaccination contre la Covid-19 en Haute-Loire. Et force est de constater que la département est en train de subir un phénomène presque unique dans la Grande région et en France : un essoufflement flagrant pour se protéger contre le virus par le biais de la vaccination.

Actuellement, ce sont environ 100 000 altiligériens qui ont reçu une première dose (44 % de la population) et 53 000 une seconde (24%). « Pour s’en sortir et atteindre une immunité collective, il faudrait que 80 % de la population soient ainsi protégées dans les jours prochains, annonce la représentante de l’ARS (Agence Régionale de Santé) Haute-Loire. Contrairement aux autres départements, le notre accuse un profond désintérêt pour se faire vacciner ».

Marc Bouillet, président de la commission médicale d'établissement, met en exergue le paradoxe de la Haute-Loire sur la vaccination :

La Haute-Loire reste le département à avoir le taux d’incidence le plus élevé d’Auvergne-Rhône-Alpes après la Loire avec 82 pour 100 000 habitants (76,8 à l’échelle nationale). Si le taux de positivité est de 2,3 % en France, il est de 3,5 % en Haute-Loire.

« Si jamais il entame sa propagation, il y aura des conséquences délétères incontrôlables »

Si les équipes soignantes et administratives craignent autant les jours à venir, cela est dû à trois facteurs principaux. Le premier est la campagne de vaccination en berne. Le second concerne le brassage des population qui va devenir de plus en plus dense à mesure que la saison touristique avance. Le troisième, le pire, est l’installation dans nos contrées du variant Delta, autrement dit le variant indien. « Il est apparu en Haute-Loire au début du mois d’avril, précise Marc Bouillet. Il s’est ancré au mois de mai. Si jamais il entame sa propagation, il y aura des conséquences délétères incontrôlables, une pandémie que nous ne pourrons pas maîtriser ».

Le docteur Marc Bouillet lors de sa vaccination contre la Covid-19. Photo par Nicolas Defay

« Il n’y a pas dans ce mouvement complotiste le moindre microgramme de vérité »

Les gens qui dansent dans le Titanic, insouciants, heureux, pendant que le navire fonce doucement en direction du mortel iceberg. C’est ainsi qu’image Jean-Marie Bolliet la situation actuelle. « Nous devons absolument atteindre l’immunité collective avec que le variant Delta ne fasse ses premiers ravages !, appuie-t-il. Ce que je dis n’est pas catastrophique, ce que je dis est réaliste ! » Il décline alors trois éléments perturbateurs à la bonne marche de la vaccination dans le département et partout en France. Les indécis, les réfractaires et les complotistes.

Selon une étude britannique, le variant Delta est 40 % plus contagieux que l'anglais, lui-même 50 % plus contaminant que la souche originelle du Covid.

« Le vaccin est hyper efficace, gratuit et sans danger !, assure le directeur de l’hôpital ponot. Aucun virus n’échappe au vaccin Pfizer. Alors, pour les complotistes, les mêmes qui pensent que la Terre est plate et que Michael Jackson et Elvis Presley vivent tranquillement sur une île du Pacifique, je voudrais leur dire qu’il n’y a pas de puce qu’on injecte en sous-cutané par les seringues. La seringue est transparente. Ils peuvent regarder s’ils le souhaitent ». Il ajoute encore : « Ils ne vont pas recevoir la 5 G dans leur cerveau et ils ne vont pas devenir magnétiques et les objets en métal ne colleront pas à leurs corps une fois vaccinés. » Il termine : «  Et non, leur code génétique ne sera pas modifié. Il n’y a pas dans ce mouvement complotiste le moindre microgramme de vérité ».

Marc Bouillet complète en ce sens les mots du directeur :

Le vaccinodrome du stade Massot possiblement fermé à la fin août

Les intervenants rappellent également que les centres de vaccination éphémères ne portent pas ce nom par hasard. « Pour prendre l’exemple du stade Massot, on va pas pouvoir maintenir des gens qui viennent volontairement vacciner d’autres gens alors que personne ne se présente, s’indigne Marc Bouillet. Il faut vraiment profiter du fait qu’il n’y a pas d’attente, qu’on peut se faire vacciner très rapidement ». D’après Jean-Marie Bolliet, le centre du stade Massot devrait fermer ses portes à la fin du mois d’août.

Jean-Marie Bolliet pendant sa première injection. Photo par Nicolas Defay

Les moins de 18 ans peuvent dès aujourd’hui se faire vacciner

Malgré la date officielle du 15 juin qui signifie le lancement de la campagne pour les mineurs, Marc Bouillet invite ce public à venir dès maintenant : « En dépit de cette date, les moins de 18 ans peuvent venir se faire vacciner (avec une autorisation parentale, Ndlr). Nous ne sommes qu’à 5 jours de la date officielle pour ce public-là, nous avons des doses en attente, donc je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas les vacciner s’ils le souhaitent ».

Nouvelle règle de temps entre les deux injections

Pour faciliter la logistique entre la prise des deux doses de vaccin, une nouvelle mesure a été mise en place récemment. « Avant, l’espacement était précisément de 6 semaines entre les deux injections, livre Marc Bouillet. À présent, il est élargi entre 5 et 7 semaines pour que cela soit moins contraignant pour le patient, sans aucun risque concernant l’efficacité du vaccin ». Il ajoute encore : « La personne peut, à priori, également se faire administrer sa seconde dose sur le centre de son lieu de vacance même s’il faut privilégier son centre habituel ».