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« Je préférerais une présidence départementale sans influence de tierce personne »

Par annabel@zoomdici.com , Mise à jour le 14/06/2021 à 16:00

Alors que Jean-Pierre Marcon s’apprête à tirer sa révérence après 50 ans de vie publique, le président du Département revient sur ses satisfactions, ses combats et ses perspectives en tant qu’observateur extérieur.

« Pour se porter candidat, il faut être jeune, enthousiaste… et inconscient ! » C’est ainsi que Jean-Pierre Marcon justifie, dans un éclat de rire tout en retenue, son départ de la vie politique à l’âge de 72 ans. Cette année, il a d’ailleurs fêté 50 ans de vie publique où il a presque tout connu - « une grande satisfaction », glisse-t-il : l’échelon communal dans son village natal de Saint-Bonnet le froid puis Dunières, la communauté de communes du Pays de Montfaucon, le Département, la Région Auvergne ainsi que le Conseil économique et social à Paris grâce à Jacques Barrot, sans oublier l'Assemblée nationale où il a remplacé Laurent Wauquiez, alors membre du gouvernement. Le président du Conseil départemental pour encore quelques jours en est d’ailleurs le doyen. « J’ai plus d’ancienneté que Michel Joubert, lance-t-il avec une fierté amusée, puisqu’il est arrivé huit jours après moi ! » Bref, si les élus n’étaient pas un peu fous, ça ne marcherait pas, estime-t-il, « surtout dans les lieux enclavés ». Et de se souvenir de ses débuts de jeune élu : « La sous-préfète de l’époque m’avait dit que j’étais inconscient… mais aujourd’hui l’économie locale se porte bien là-bas. » 

« Notre situation financière est excellente »

Au Conseil départemental aussi, le banquier de profession se félicite d’une gestion saine et maîtrisée. « Notre situation financière est excellente, nous avons encore un peu de marge, remarquait-il en janvier dernier, parce que nous nous sommes désendettés pendant cinq ans. » Et de prévoir que « la marge d’auto-financement du Département devrait se stabiliser, s’il n’y a pas de surprise désagréable, à nous de maîtriser nos dépenses sociales en trouvant des stages et des formations aux bénéficiaires par exemple. »

Même la crise sanitaire n’a pas ébranlé la collectivité locale financièrement. « On n'a jamais autant investi dans l’économie qu’en 2020, se réjouit-il, on a dépensé notre plan sur trois ans, soit 270M€, la phase Covid en 2020 ne nous a pas freinés exceptionnellement alors que le Conseil départemental n’a pas la compétence industrielle. » En effet, c’est la Région qui a récupéré cette compétence. Ce qui n’a pas empêché Jean-Pierre Marcon de débloquer des millions d’euros pour les entreprises sinistrées par la crise. « Je suis indiscipliné car passionné », justifie-il.

Le soutien à la vie économique du territoire c’est véritablement le fil conducteur de la carrière de Jean-Pierre Macron. Un fil qu’il ne lâchera pas, même une fois retiré des affaires. « Je pense m’investir dans le bénévolat pour rendre à la société ce qu’elle m’a donné », confie-t-il en précisant qu’il est plus important pour lui de militer pour l’économie que pour le social « car l’un découle de l’autre : remettre les gens dans le travail c’est réduire la détresse sociale ». 

Après le passage de relais, Jean-Pierre Marcon compte voyager, et notamment partir sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle.

Avant de passer les rênes au prochain exécutif du Conseil départemental après le second tour du 27 juin, l’assemblée actuelle a voté un budget 2021 qu’elle n’aura pas entièrement mis en œuvre. « C’est toujours délicat, juge-t-il, en tout cas je suis extrêmement satisfait d’être arrivé à la fin de ma feuille de route ! » Et de souligner le bon état d’esprit dont ont fait preuve les élus actuels de tous bords. « Lors des votes de délibérations budgétaires, les abstentions se comptaient sur les doigts d’une main. » 

« Les femmes ont transformé le Conseil départemental »

Parmi ces élus, les femmes l’ont particulièrement impressionné : « Attention, je reste opposé au principe des binômes instauré en 2015 parce que les binômes se sont juste divisé les cantons sur les délimitations des anciens cantons pour se simplifier la tâche, mais je trouve l’apport des femmes extrêmement positif. Au début, elles ne savaient pas ce qui les attendait mais elles ont vite compris. Elles ne viennent pas en dilettantes et je peux vous dire qu’elles ont transformé l’ambiance ici, la façon de travailler », se souvient celui qui a connu un Conseil départemental à une seule femme. 

Le Conseil départemental de la Haute-Loire réuni en session.
Le Conseil départemental de la Haute-Loire réuni en session. Photo par Archives Zoomdici

Un futur Conseil départemental sous la coupe de Laurent Wauquiez ?

Dans la campagne électorale actuelle, Jean-Pierre Marcon n’a pas pris position publiquement. « Tous les élus actuels auront mon soutien, a-t-il confié, et chaque binôme saura si je le soutiens ou pas. » Sur cinq cantons, la questionne ne se pose pas vraiment puisqu’un seul binôme est en lice. Le véritable enjeu de cette élection sera l’influence que réussira à rafler la « Wauquiezie ». Car jusqu’ici, le Conseil départemental échappait encore à demi-mot au président de Région. L’ancien préfet Yves Rousset en a dressé le portrait ainsi dans son livre choc La préfecture en feu !  : « Un îlot de résistance apparaît au Conseil départemental, dirigé par Jean-Pierre Marcon, composé majoritairement d’élus centristes (9 UDI, 18 divers droite et 5 LR). Cette collectivité élue en 2015 tente de jouer sa propre partition, ce qui lui vaut l’ire du chef et une succession de petites vexations, de petites manœuvres pour l’affaiblir. » À la perspective d’un futur Conseil départemental sous la coupe de Laurent Wauquiez, Jean-Pierre Marcon nous a répondu « Je préférerais une prochaine présidence départementale sans influence de tierce personne. »