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Costaros, du vent et de la poussière

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:07

Costaros au temps des travaux, c’est un peu une carte postale sépia illustrant parfaitement les bouchons de la route des vacances au temps des trente glorieuses quand il fallait franchir Lapalisse, Millau ou Sommières.
Et ce lundi 27 juillet, c’est jour de marché. La poussière soulevée par les voitures stationnant sur les parkings improvisés de l’entrée du village et les travaux de voirie qui continuent malgré l’été fait plutôt penser à une ville pionnière de l’Ouest américain.
En moyenne, 10 000 véhicules par jour traversent le bourg, le réaménagement de la traversée de Costaros démarré fin 2018, se divise en trois phases et s'articule autour de trois axes : la réfection des réseaux d'adduction d'eaux, celle du réseau d'assainissement et enfin l'aménagement de la surface de la route nationale.

----10 000 véhicules en moyenne dont 15% de poids-lourds avec des pics à 25 000 véhicules par jour en période estivale. Le chantier de 960 000 euros devait être terminé au début de l'année 2020.-----Costaros c’est un peu dust city, la ville du vent et de la poussière
L’atmosphère est étrange. D’un côté de la rue, tout est droit et lisse. On y marche à l’ombre du soleil levant. Par contre, coté Ouest, la route et les accès latéraux y sont complètement défoncés. On voit des piétons essayant de remonter vers leur voiture. Sur le côté gauche, les travaux sont terminés. À droite en allant vers Aubenas, par contre, ils sont loin dêtre achevés.
Entre les deux, un feu tricolore provisoire tente de règler le passage des véhicules vers Le Puy et de ceux vers l’Ardèche. Chaque file essaye de grapiller une ou deux places en franchissant l’orange, ce qui ne fait qu’allonger le temps d’attente de la file d’en face qui se venge de la même façon. Et c’est sans compter ceux qui viennent du marché, en surplus, par les rues latérales se mèler au flux quasi continu de voitures et camions. Forcément à certains moments, il se trouve des face à face.
Il manque simplement les notes d'un harmonica distillées lentement à la Sergio Léone pour se croire dans un bon vieux western. 

> Lire aussi : Costaros abat ses atouts pour revitaliser son centre-bourg (08/02/2019)

Comme éléments de décors à la sortie du village, des véhicules d’occasion sont recouverts de poussière sur le parking de la station de service. Au Sud, la route est malmenée par le vent latéral chargé de sable fin. Elle se joue des regards par les brumes de chaleur qui s’élèvent de sa chaussée brûlante. Pas besoin de traverser l'océan pour se retrouver sur la route 66 des States.

Depuis deux ans
Il y a pas mal de monde sur le pas des portes à regarder passer les véhicules au ralenti, spécialement sur le côté Est, celui qui est à l’ombre.
Comme ce monsieur qui annonce avoir des œufs fermiers à vendre et qui dit que : "Bon, c’est comme ça depuis deux ans alors, on s’y fait et puis c’est pour la bonne cause, ce sera plus joli après. Il faut bien qu’ils finissent les travaux qui ont été retardés par le confinement. Moi je leur tire mon chapeau à ces gars qui bossent au soleil".
Un peu plus loin, côté ombre toujours, il y a Liliane qui regarde elle aussi l’animation de la rue. "Les travaux ont commencé depuis au moins six mois et il doit bien y en avoir encore pour deux ans avant que ça se termine, partage-t-elle. Là, c’est lundi, il y a le marché ; les autres jours c’est quand même plus calme… à part le samedi et les vendredis soirs". Les gens d’ici ne semblent donc pas remontés concernant ces travaux qui perturbent leur quotidien depuis plus d’une année.
Devant le relais du plateau, un serveur est en train d’installer des assiettes et tente de fixer les serviettes en papier sur les tables de la terrasse qui jouxte la chaussée. Son patron, Thierry, est d’accord avec ce qui a été dit : "Les travaux, ils ont pas trop le choix, avec le Covid, il faut rattraper le temps perdu."  Il est déjà content d’avoir pu rouvrir.

"Ma femme est fragile des bronches et a du mal à respirer"
"Par contre, ce qui est vraiment gênant c’est la poussière, confie encore le restaurateur. Entre celle du chantier de la rue centrale et celle du chemin qui est derrière le restaurant, c’est difficile de supporter. Ma femme est fragile des bronches et a du mal à respirer".
Les employés de la société Eiffage qui installent des bordures de trottoirs travaillent au ras de cette circulation incessante. Les camions se suivent à la queue leu-leu en passant lentement leurs vitesses dans un effort intense pour redémarrer entre chaque fréquence du feu provisoire. Eux aussi respirent cette poussière et travaillent dans ce bruit continu. Ils communiquent par geste. Ils expliquent qu’ils sont là jusqu'à la mi-août au moins, mais qu'une autre équipe pourrait peut-être les remplacer un jour. Il faut dire que le goudronnage de la voie principale est programmé pour septembre. Les délais doivent être tenus.

"Il y a des choses bien plus difficiles dans la vie"
Juste à côté, Christine, propriétaire du relais des motards et de la brocante, n’est pas non plus courroucée par les travaux. Elle prend les choses comme elles viennent. La crise sanitaire et celle économique qui s’annoncent sont autrement plus graves que ces désagréments passagers. "Il y a des choses bien plus difficiles dans la vie, insiste-t-elle. Ces travaux, c’est une gêne, pour les gens de passage c’est sûr, mais c’est un mal pour un bien. Après, Costaros sera plus jolie. Et puis la saison touristique, de toute façon, elle était gâchée. Là, les gens roulent moins vite, ils ont le temps de regarder vraiment. Il y en a même qui se sont aperçus qu’il y avait une brocante à Costaros ! Pensez ! On est installé là depuis 23 ans. Et puis, pour la plupart, ils sont en vacances. C’est rien que cinq minutes de perdues".

Un marché néanmoins bien fréquenté
On a quand même trouvé quelques personnes que ces bouchons gênent et qui le disent du bout des lèvres. C’est le cas de Philippe, l’infirmier, qui depuis le matin a déjà dû se "les taper deux fois ! Je passe par derrière pour les contourner. À force c’est un peu long, ces travaux. C’est plus ça qui embête. Le facteur aussi est pris dans le bouchon, il doit traverser la ville et aller d’un côté à l’autre pour livrer ses colis. Il prend son mal en patience, lui aussi".
Et puis, il y a ces touristes qui trouvent que ça ne fait pas trop envie de rester dans le coin. "C’est dommage car les produits qu’on trouve ici sont de top qualité !, affirme Yann, venu de Toulouse. La région est belle et on peut dormir la nuit, au frais et sans moustiques". En dépit de ce contexte particulier où poussières, bruits et grincements de dents font partis du quotidien de Costaros, le marché a pourtant connu une belle affluence.

T.C.

En passant par Cayres et Le Bouchet Saint-Nicolas, votre trajet sera rallongé de trois minutes mais vous éviterez la traversée de Costaros pendant les travaux.