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Une réouverture des écoles le 11 mai paraît impossible pour les syndicats

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:04

C'est l'une des annonces du Président Emmanuel Macron qui a surpris ce lundi soir. Et sans doute soulevé beaucoup d'espoir également.
Mais la réouverture des écoles, à la date du 11 mai 2020 paraît "très surprenante, voire impossible" pour les représentants des syndicats de l'enseignement de Haute-Loire contactés ce mardi matin par la rédaction de Zoomdici.

----"Le problème, ce n'est pas la date du 11 mai, mais plutôt le processus"
-----Pas de reprise des cours sans un dépistage systématique
C'est la position de l'intersyndicale de l'enseignement de Haute-Loire (FNEC, FP FO, FSU, UNSA), qui a d'ailleurs lancé une pétition à cet effet, sinon, "on envoie les enfants et les personnels au charbon", juge Guy Thonnat, secrétaire de la fédération Force Ouvrière de l'enseignement, majoritaire dans le département, "c'est le préalable : si je dois retourner travailler à l'école, je dois savoir si je suis porteur et si d'autres le sont". Et l'intersyndiclae exige que les dépistages ne se cantonnent pas à ceux qui ont des symptômes comme l'a évoqué le Président lundi soir.
La question doit notamment être soulevée ce mardi après-midi par les syndicats auprès de l'inspectrice d'académie Marie-Hélène Aubry lors du CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Pour l'intersyndicale, le risque est que l'école devienne vectrice de la maladie.

Comment faire respecter les gestes barrières aux plus petits ? Et à la cantine ?
C'est l'une des premières interrogations soulevées par l'annonce présidentielle. S'il paraît déjà compliqué de l'appliquer dans le second degré, pour le premier degré, c'est tout simplement jugé impossible, "par nature, les jeunes enfants ont l'habitude de se tenir très proches pour communiquer", observe Magalie Laurent, secrétaire départementale du SE-UNSA. Concernant les masques, "si l'on considère que les enfants sont porteurs sains, il conviendra quand même qu'ils soient équipés, au même titre que les enseignants, mais leur port et leur manipulation à cet âge paraît très difficile". 
Autre question soulevée par Guy Thonnat : comment fera-t-on à la récréation ? Et à la cantine ? "C'est techniquement irréalisable", tranche-t-il. Surtout que la France demeure "en pénurie de matériel médical, que ce soit ,pour les masques ou le gel", relève Jean-Pierre Rioufreyt, co-secrétaire du SNUipp-FSU, premier syndicat de l'école primaire au niveau national, "pourra-t-on alors assurer la sécurité des personnels et des enfants ?", questionne-t-il.

Peut-on contenir 35 à 40 élèves dans une même classe ?
Dans le second degré, c'est plus le problème de réunir des personnes en un lieu confiné qui pose problème. "C'est impossible à réaliser", estime Jean-Pierre Rioufreyt, "avec des classes de 35 à 40 élèves, comment fait-on ? À moins de pousser les murs ou de faire cours en extérieur", ironise-t-il.
Et là encore, techniquement, bien des questions restent en suspens : élèves et personnels devront-ils porter des masques ? Des distances de sécurité seront-elles respectés ? Faut-il alors dédoubler les classes ? Installer du plexiglass ? Doit-on imposer des lavages de main automatiques comme dans le monde industriel (exemple à Michelin Blavozy) ?... "Le Ministre Jean-Michel Blanquer doit prendre la parole dans les jours à venir, on attend de voir si des détails seront donnés", avertit le co-secrétaire du SNUipp-FSU en Haute-Loire.

----"L'école s'est arrêtée brutalement le 11 mars, la reprise ne doit pas se faire dans la précipitation, la perspective du 11 mai paraît très rapide au regard de la situation sanitaire actuelle", déclare Magalie Laurent, secrétaire départementale du SE-UNSA.-----Plus pour la continuité économique que la continuité pédagogique
C'est en conclusion ce que dénonce Guy Thonnnat : "on continue dans l'incohérence en confinant les citoyens mais en déconfinant les travailleurs. Soit on confine, soit on ne confine pas. Ce n'est pas une mesure pour la continuité pédagogique mais pour libérer les parents qui doivent retourner travailler".
Pour lui, cette mesure est avant tout d'ordre économique et "on ne se soucie guère de la santé des personnels et des enfants", prenant en exemple l'arrivée tardive (lundi 6 avril) de masques pour le personnel encore sur le terrain pour accueillir notamment les enfants des soignants. Des masques qui n'ont "pas été fournis par l'Education Nationale mais trouvés grâce au système D et l'appui du réseau et des collectivités locales".

Maxime Pitavy