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Acte XVII des Gilets jaunes : un homme condamné pour avoir "insulté" des policiers

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:59

L'acte XVII des Gilets jaunes organisé le 9 mars dernier sous forme de rassemblement régional au Puy-en-Velay, avait suscité quelques inquiétudes notamment auprès des commerçants. Quelques jours avant, lors d'une réunion à l'Hôtel de Ville, le maire du Puy, Michel Chapuis et le préfet de l'époque, Yves Rousset, les avaient invités à se barricader. Un principe de précaution suivi par quelques-uns d'entre eux.

>> Souvenez-vous : Acte XVII au Puy : les banques se barricadent, les Gilets jaunes se défendent

Ce jour-là, on avait bien vu une marée jaune déferler dans les rues du Puy-en-Velay et quelques débordements se produire en fin de journée. En tout, trois personnes avaient été interpellées.
"Salut les singes, tiens voilà les singes"
Parmi elles, un homme âgé de 58 ans domicilié à Costaros. Ce 9 mars 2019, en début d'après-midi (bien avant les débordements), alors qu'il se trouve au niveau de la Tour de Pannessac et s'apprête à rejoindre le cortège de manifestants, l'homme croise le chemin de policiers de la CRS (Compagnie républicaine de sécurité) 34 venus en renfort pour assurer le maintien de l'ordre à l'occasion de ce rassemblement régional. "Salut les singes, tiens voilà les singes", leur adresse-t-il. Des propos qu'un capitaine de police de la CRS 34 lui demande de répéter, ce qu'il fait. Il est alors fouillé et dans son sac est retrouvée une bombe lacrymogène au gel poivre de 25cl. Interpellé sans qu'il ne montre aucune résistance, le quinquagénaire sera remis à la police nationale du Puy puis placé en garde à vue. 
"Ce n'était pas pour m'en servir contre eux"
Présenté ce mardi 22 octobre 2019 devant le tribunal correctionnel du Puy, le prévenu devait répondre de faits d'outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique et de participation avec arme à un attroupement. En ce qui concerne l'arme, le Costarossien gardien d'immeuble, a expliqué qu'il craignait des agressions dans le cadre de son métier, c'est pourquoi il s'était procuré une bombe lacrymogène. "Je l'avais oubliée dans mon sac, ce n'était pas pour m'en servir contre eux [les policiers, Ndlr]." Reste qu'il s'agit d'une arme de 6e catégorie qui constitue un danger pour la sécurité publique. 
"Insultes", "mauvaise plaisanterie"
Mais c'est la qualification d'outrage qui a animé les débats. Lors de sa garde à vue, le quinquagénaire avait justifié ses propos comme le résultat d'un "coup de colère" qui l'avait mené à emprunter des "insultes" entendues lors de précédentes manifestations. Mais dans son cas à lui, "ce n'était pas méchant, c'était juste pour rigoler, je plaisantais avec mes amis".
Son conseil, Maître Linossier, a plaidé la relaxe jugeant que "cette mauvaise plaisanterie" ne pouvait être qualifiée d'outrageante. Maître Bonnet, avocate du capitaine de police de la CRS 34 qui s'est constitué partie civile, en a proposé une interprétation différente, de même que le procureur de la République, Nicolas Rigot-Muller, qui a vu en ces propos "une atteinte à la dignité et à l'intégrité d'une personne" dépositaire de l'autorité publique, qui plus est.

Reconnu coupable, le quinquagénaire, qui avait jusqu'alors un casier judiciaire vierge, a été condamné par le tribunal correctionnel du Puy à 1 000€ d'amende dont 500€ avec sursis. Il devra également verser 300€ à la partie civile.
Stéphanie Marin