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18 mois de prison ferme pour l'incendiaire de la rue du Bessat

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:57

C’était il y a un mois. Le 14 mai 2019, un feu avait été provoqué dans l’immeuble à l’angle des rues du Bessat et Sarrecrochet vers 12h30. Après une première comparution du suspect quelques jours après les faits, l’affaire avait été repoussée suite à sa confidence concernant des « voix » intérieures le poussant peut-être à agir. Un nouvel examen a donc été mené avec une expertise psychiatrique.

Plusieurs versions
L’auteur des faits, seulement âgé de 19 ans, donne plusieurs versions de l’acte entre l’interpellation, la première, et la deuxième comparution. Alors qu’il avait d’abord reconnu partiellement les faits selon la présidente, le prévenu argue qu’il avait « peur des représailles » à ce moment-là et que son acte découle d’un ordre qui lui a été donné. Au total, ce sont trois versions dont la présidente pointe du doigt l’incohérence. Puisqu’une autre dénonçait le locataire du logement visé, qui aurait demandé au prévenu de mettre le feu volontairement pour faire marcher l’assurance et ainsi obtenir une certaine somme d’argent. « Mais il n’a pas d’assurance », s’exclame alors la présidente.

Des témoins
Des témoins, notamment deux jeunes lycéennes, qualifiées de « courageuses » par le tribunal, et la caméra de vidéo-surveillance ont permis d’identifier clairement l’incendiaire. Mais le prévenu qui justifie son acte par son état « éméché » le jour des faits est en contradiction avec les propos des témoins qui voient dans cet incendie un acte prémédité, du fait de son attitude sereine et « tout à fait normale », voire déterminée. Ces deux lycéennes auraient même parlé au jeune homme, tout en tentant de le dissuader avant qu’il s’exprime sur les raisons d’un tel agissement : « mais il me doit de l’argent ! ». Ce serait donc une histoire de dette.

Une expertise psychiatrique
Le prévenu qui « regrette d’avoir mis le feu » reconnaît qu’il « aurait pu tuer une personne innocente » et dit plutôt de ses voix intérieures qu’elles représentent « le côté démon et le côté ange ». Manifestement, selon le psychiatre chargé de l’expertise, ce jeune homme n’a rien d’un dépressif ou d’un malade mental mais les traits d' « un grand adolescent ». Et quand le tribunal évoque l’enfance et l’adolescence de ce jeune adulte, le prévenu décrit une évolution difficile que son avocate prend au sérieux.

Un délit important malgré un casier vierge
Les conséquences de cet acte sont d’une certaine ampleur pour l’auteur des faits qui était pourtant inconnu des autorités. Outre ce délit majeur, il a été jugé pour acquisition, détention et transports de stupéfiants. Et les locataires de l’immeuble, tous victimes, veulent se constituer partie civile. Le procureur, pour qui « aller mettre le feu chez quelqu’un, symboliquement, c’est quelque chose de fort », explique que l’auteur des faits encourt normalement 10 ans d’emprisonnement. A l’issue de cette comparution, le jeune homme doit finalement passer 18 mois en prison et 12 mois de mise à l’épreuve avec sursis. Les soins psychiatriques et addictologiques, l’indemnisation aux parties civiles mais aussi l’obligation de suivre une formation ou de travailler font partie des injonctions que doit désormais respecter le prévenu.

N.N.