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De Ferme en Ferme : de la graine à la Table de Vailhac

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:57

La vitalité au rendez-vous
C’est en effet ce que l’on constate en arrivant sur les lieux de cette ferme, composée d’une auberge et de plusieurs ateliers diversifiés entre Fix Saint-Geneys et Langeac, ce dimanche 28 avril 2019. Car Marie-Claire et David Dubois pratiquent, outre le maraîchage, de l’apiculture ainsi qu’ils élèvent des volailles, des poulets, des canards et des oies. Les couleurs et la diversité sont au rendez-vous en ce dimanche 28 avril 2019, une fin de mois où la vie commence à reprendre ses droits. L’accueil chaleureux nous est offert par une des filles de Marie-Claire et David Dubois. Et pour faire patienter les visiteurs, elle propose un jeu de reconnaissance des végétaux, de la graine à la plante, en passant par les noms français et latins de ceux-ci. Finalement, la connaissance de cette richesse biologique est vite limitée pour les non-initiés. Davantage encore quand il s’agit de variétés quelque peu oubliées dans notre consommation actuelle. Reprenons donc contact avec ce qui nous entoure.
L’amour du vivant et du territoire
A la Table de Vailhac, c’est l’observation du vivant et la sensibilisation à l’égard de sa qualité qui priment. David Dubois, notre guide pour cette visite, explique ainsi avec finesse : « nous ce qu’on recherche dans nos légumes, c’est pas forcément le rendement, c’est le goût, la couleur, et la valeur nutritive. Du coup on essaie de cultiver que des végétaux non hybridés, c’est-à-dire que des variétés de semences qu’on appelle ‘de population’ ». Car les semences paysannes, explique-t-il, ont des capacités de reproduction plus élevées et produisent aussi des végétaux plus résistants, mieux adaptés au territoire. Ce respect du vivant ainsi que des spécificités du territoire s’applique également à la manière dont la famille considère ses bêtes : « plus vous leur créez une ambiance de vie normale avec un mâle, des femelles, des petits, un espace grand, mieux les animaux se portent. Il y a cet équilibre qui se crée ». L’abattage se fait sur place, évitant aux animaux un certain stress et le plumage est exécuté à la main avec soin par Marie-Claire et David. La transparence du produit retrouvé à table est ainsi garantie.
La permaculture, une philosophie de vie
La famille Dubois applique certains principes de la permaculture, forme d’agriculture permanente, tels que le respect du sol, son enrichissement par des débris d’origine végétale formant ainsi une couverture qui le protège des rayons du soleil et qui limite l’évaporation de l’eau. L’absence de piétinement des buttes de culture et d’utilisation de machines pour le travail du sol en sont également des règles. A la place, ce sont les vers de terre et les microorganismes qui travaillent ce dernier et la famille Dubois y utilise uniquement la grelinette (alternative à la bêche). Puis quand les limaces arrivent, ce sont des canards appelés « coureurs indiens » qui peuvent venir réguler la population.
L’auto-régulation
Ce n’est donc pas uniquement l’humain qui exploite ici mais plutôt la nature qui guide la manière dont il faudrait le faire. La vigilance est cependant constante pour que l’ensemble soit harmonieux car la permaculture demande une certaine technicité et une organisation. C’est donc à long terme, au bout de cinq ans, qu’un équilibre naturel s’installe dans cette ferme où tous les êtres cohabitent. Dans cette optique, David Dubois constate que « plus vous avez de diversité, quelle qu’elle soit, aussi bien animale que végétale, plus l’équilibre se crée et en fait, les uns boulottent les autres et vous n'avez pas de catastrophes où vous avez l’invasion d’un prédateur ».
Favoriser le circuit court et la richesse locale
En plus d’être « quasiment en autosuffisance alimentaire aujourd’hui » avec sa famille, David Dubois se réjouit de servir dans son auberge plus de 80% des produits de sa ferme. Mais cette richesse du local s’exprime aussi par la reconnaissance du terroir, d’un « sol volcanique et très riche ». L’eau, élément primordial servant au maraîchage et à l’abreuvage des animaux, provient de la source, de « la montagne derrière », nous explique David Dubois, « c’est Briançon, en fait c’est un ancien volcan de pouzzolane et c’est une grosse éponge et qui accumule l’eau de nappes, c’est une eau souterraine qui est filtrée ». A terme, Marie-Claire et David Dubois, ainsi que leurs quatre enfants souhaitent produire leurs propres semences et assurer une reproduction pérenne de leurs bêtes de manière interne.

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La sensibilisation du consommateur
Pour cette famille, l’événement "De Ferme en Ferme" permet de montrer aux visiteurs des alternatives à la consommation qui est proposée dans la grande distribution, loin des produits industriels ou des légumes provenant de l’autre bout du monde. Dans un département aussi riche que la Haute-Loire, le consommateur peut, semble-t-il, choisir de privilégier un circuit direct, du producteur au consommateur. Sonia, 38 ans, d'Espaly-Saint-Marcel, se réjouit de cette visite qui montre « la beauté du métier » plutôt que ses difficultés. « Essayer d’apporter une conscience collective, de privilégier les circuits courts, essayer de privilégier l’économie locale » sont des critères qui motivent Sonia et son mari à participer à cet évènement annuel avec leurs deux enfants. Car, ajoute Sonia, il est important de se rendre compte de « ce qu’il y a à côté de chez nous ».

N.N.