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Sécurité routière : "2018 est une année noire"

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:56

"2018 est une année noire". Le préfet ne cache pas sa déception et les très mauvais résultats de la sécurité routière en Haute-Loire en 2018. "Pour le nombre de tués, l'année est catastrophique", déplore-t-il, alorsque Zoomdici se faisait déjà écho ce lundi midi dans l'article "Radars HS : la porte ouverte aux comportements dangereux" du nombre de flashs des radars en hausse en Haute-Loire en novembre - décembre 2018 par rapport à la même période l'année dernière, et ce malgré le fait qu'ils aient été mis hors service par les nombreux actes de vandalisme des derniers mois dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes. 

Le pire bilan de la décennie
L'année écoulée est en effet marquée par une dégradation très forte du nombre de tués sur les routes. Il faut remonter à 2009 pour recenser un tel niveau de mortalité.
Les chiffres sont sans appel : par rapport à 2017, les accidents mortels sont en hausse de 136 % (26 contre 11) et les victimes de la route de 142 % (29 en 2018 contre 12 en 2017, avec une moyenne de 18 victimes par an entre 2013 et 2017).
L'an dernier, à la même époque, au moment de dresser le bilan, on constatait que les 3/4 des accidents surviennent à la campagne. Pour 2018, près des deux tiers des accidents corporels se déroulent en rase campagne (63,7 %). La majorité des accidents mortels s'y produit également (19 sur 26, soit 73,1%). Fait inhabituel en 2018 : sept accidents mortels ont eu lieu en agglomération.


Surreprésentation de la Haute-Loire et des jeunes
Quand on s'attarde sur les âges des victimes, on s'aperçoit que les jeunes demeurent surreprésentés dans les accidents de la route. Les 14-29 ans sont particulièrement concernés et représentent un tiers des victimes des accidents et six décès, soit 20,6 % de la mortalité pour 15,8 % de la population altiligérienne.
Dans un registre similaire, la Haute-Loire, petit département, fait figure de mauvais élève car "c'est 0,36 % de la population nationale et 0,9 % des victimes de la route en France, donc c'est deux fois plus en proportion", s'inquiète le représentant de l'État.

Les causes des accidents mortels en 2018 et 2019
Dans le graphique ci-dessous, on constate aucune alcoolémie en 2017 contre quatre en 2018. Surtout, "une vitesse excessive ou inadaptée est le principal facteur des accidents (29,5 %). Elle est relevée dans près d'un accident mortel sur deux", selon les services de l'État.

Toujours plus de suspensions administratives de permis de conduire
Ayant rapidement vu la tournure que les événements allaient prendre (À mi-Avril, déjà autant de victimes de la route qu'en 2017), les forces de sécurité ont multiplié les opérations de contrôle et de prévention. C'est ainsi que 732 suspensions administratives de permis de conduire ont été effectuées, soit une hausse de 11 % par rapport à l'année précédente (732 contre 660 en 2017). "C'est en hausse constante depuis des années", analyse Yves Rousset.
Dans le graphique ci-dessous, on note une augmentation des stupéfiants parmi les causes de retrait de permis. "Nos kits sont de plus en plus performants", souligne le colonel Jean-Pierre Rabasté, commandant du groupement départemental de gendarmerie, "on a multiplié les dépistages avec les prélèvements salivaires". En zone gendarmerie, avec 256 infractions relevées, la conduite sous l'emprise de produits stupéfiants fait ainsi un bond de 40 %.

"On se concentre sur les excès de plus de 20 km/h"
Concernant la zone gendarmerie, 812 usages de téléphones, 616 non respect des ports d'équipements de sécurité (ceinture, casque...) et 343 infractions aux règles de priorité et de dépassement sont les principaux comportements dangereux relevés. "On se concentre sur les excès de plus de 20 km/h", assure le colonel, puisque les radars automatiques s'occupent du reste, "on a en 2018 plus de 3 000 infractions dont 7 % à + de 40 km/h". 
Le colonel Jean-Pierre Rabasté, commandant du groupement départemental de gendarmerie, insiste aussi sur la vitesse : « encore ce week-end, nous avons constaté 8 excès de vitesse à plus de 40 km/h dont deux à plus de 50 km/h ».

Des excès de vitesse en baisse en zone police
Du côté de la zone police, le bilan n'est guère plus flatteur mais il peut se féliciter de voir ses excès de vitesse en baisse de 10 % par rapport à 2017, avec 3081 infractions sur 45 596 véhicules contrôlés (contre 3380 en 2017). On est loin du triste record détenu par un automobiliste surpris à 115 km/h avenue Foch, en centre ville du Puy, il y a quelques années.
On note quand même "un relâchement des conducteurs", selon le commissaire de police Eric Cluzeau, avec 27 infractions pour le téléphone, 34 pour les règles de conduite et 82 pour les priorités). Surtout, "les policiers sont déterminés à mettre hors d'état de nuire les conducteurs aux infractions les plus dangereuses", ajoute-t-il, en référence aux 187 délits de fuite et 24 refus d'obtempérer, mais aussi 94 défauts d'assurance, 84 permis de conduire, 76 alcoolémies délictuelles et 85 stupéfiants. "L'ensemble des délits est en hausse très marquée", conclut le commissaire, qui rappelle que la sécurité routière ne représente que 5% de l'activité de ses troupes. 

Quels changements pour la police avec le contournement ? Même quand des Gilets jaunes s'y invitent ?
Eric Cluzeau est le commissaire du Puy-en-Velay. Est-ce que la mise en service du contournement du Puy a altéré le fonctionnement des équipes de police nationale ? Est-ce que ça compléxifie la tâche de vos équipes ? Sauf quand des manifestants s'y invitent ? 


Heureusement, il y a la prévention !
Enfin, pour finir sur une note d'optimisme, rappelons que les pouvoirs publics multiplient les actions de prévention et d'éducation. Au cours de l'année 2018, 172 actions ont été menées et 200 enfants d'écoles maternelles et centre de loisirs en ont bénéficié, ainsi que 600 élèves d'écoles primaires et 1 500 collégiens. Il faut ajouter à celà 2 200 lycéens (auxquels il faut ajouter les CFA, le Greta, la mission locale ou encore l'IME qui a conduit six jeunes au circuit du Castellet), 1 600 seniors et 250 salariés grâce aux actions menées dans 17 entreprises. "On va essayer de nouer encore plus de partenariats", prophétise le Préfet. Des lettres ont également été adressées aux médecins et pharmaciens du département pour qu'ils alertent au maximum les personnes des risques que certains médicaments peuvent avoir sur leur cobnduite.

Maxime Pitavy