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La grippe, le vaccin, moi et les autres

ven 18/01/2019 - 15:46 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:55

L’épidémie de grippe vient de commencer ces derniers jours en France. Elle va durer a priori entre 4 et 8 semaines. Huit régions sur 13 sont même passées dans le rouge cette semaine (voir le bulletin hebdomadaire du réseau Sentinelles). Seul le quart Nord-Ouest du pays est relativement épargné même si la situation devrait vite se compliquer. Le virus s'est d'abord installé en Occitanie avant de migrer vers l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Nouvelle-Aquitaine, ou encore la Côte d'Azur. Le Cantal voisin fait partie des secteurs les plus touchés jusqu’ici. La Haute-Loire y est presque. La Loire est abordée par l'épidémie par son quart Sud-Ouest.

La campagne de vaccination a commencé le 6 octobre 2018. D’après l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes, alors que l’épidémie débute, la plupart des personnes à risque se sont déjà faites vacciner si l’on se fie aux années précédentes. En effet, ces personnes reçoivent un bon pour se faire vacciner gratuitement.
Après une pénurie de vaccins autour des 10 à 15 décembre au plan national (peut-être due à une sous-estimation des besoins dans les commandes aux laboratoires), 50 000 doses sont arrivées dans les pharmacies du pays depuis le 2 janvier. Elles sont réservées aux personnes ayant reçu le bon.
À la pharmacie Durez-Montel du Puy-en-Velay, aucune rupture de stocks : on avait prévu assez. Une vingtaine de boîtes sont encore disponibles. Nous avons demandé à la pharmacienne Dominique Durez-Montel si des clients se sont plaints d’avoir attrapé la grippe bien qu’ils aient été vaccinés.

Alors pourquoi, parfois, on est vacciné mais on attrape quand même la grippe ?

C’est ce qu’explique la responsable de l'antenne Auvergne-Rhône-Alpes/Bourgogne-Franche-Comté du réseau Sentinelles, le Dr Marianne Sarazin, basée à l'Hôpital Le Corbusier à Firminy. «  À partir des virus circulant dans l’hémisphère sud l’été, l’Organisation mondiale de la santé choisit les souches qui composeront le vaccin. Mais il suffit qu’il y ait mutation pour qu’une souche ne figure pas dans la composition du vaccin ». Pour autant, la professionnelle de santé assure, qu’en termes de probabilité, il vaut mieux se vacciner.

Quant aux discours anti-vaccins, elle les qualifie d’ « âneries » et d’argumenter : « Les vaccins ont sauvé des milliards de personnes, alors il y a peut-être eu des réactions mais de façon marginale ; on a monté des cas particuliers en épingle, c’est malheureux pour les personnes victimes de ces réactions mais il faut considérer le nombre de vies sauvées aussi. » Des propos similaires à ceux de Dominique Durez-Montel quand celle-ci est confrontée à des clients réticents face aux vaccins.

L’ Agence régionale de santé précise aussi que le vaccin contre la grippe saisonnière est « généralement bien toléré et ne peut pas donner la grippe car les virus présents sont inactivés ».

----Au 30 novembre 2018, le ministère de la santé notait une légère progression des couvertures vaccinales en France métropolitaine par rapport à la même période l'année précédente. La couverture s'élevait à 42,9% (+1,6%) pour l’ensemble des sujets à risque. La hausse est de 1,7% chez les sujets de 65 ans et plus (à 47%) et de 0,9% (à 25,8%) chez les sujets à risque de moins de 65 ans.-----La vaccination en pharmacie
Cette année, les ruptures de stocks dans certaines pharmacies du pays attestent d’ailleurs d’une forte demande de vaccination de la part des patients. C’est d’autant plus le cas dans les régions concernées par l’expérimentation de la vaccination en pharmacie dont fait partie l’Auvergne pour la deuxième année. À la pharmacie Durez-Montel, on a vacciné une centaine de personnes cette saison, soit une quarantaine de plus que l’an dernier : « Il s’agit en grande partie de personnes ayant reçu le bon de vaccination gratuite, mais aussi d’actifs qui ont profité de ce gain de temps car, en un quart d’heure ils étaient vaccinés, sans devoir prendre rendez-vous avec un médecin ou une infirmière ». Dominique Durez-Montel ne considère pas que les pharmacies prennent ainsi de la clientèle à ces praticiens : « Je ne propose pas, je laisse les clients faire la demande ». D’ailleurs, si à la campagne l’expérimentation a pu causer des frictions, en ville, les médecins se disent, selon elle, soulagés car ils croulent sous la patientèle.
Cette saison, 123 pharmacies proposent la vaccination contre la grippe saisonnière en Haute-Loire. L’expérimentation pourrait bien s’étendre à tout le territoire national à l’avenir, et même concerner d’autres types de virus dans les années prochaines.

Annabel Walker

> Voir la liste des pharmaciens autorisés à administrer le vaccin contre la grippe en Auvergne Rhône-Alpes