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"On ne peut pas enlever la neige avant qu'elle ne soit tombée"

lun 11/12/2017 - 17:56 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:49

De nouvelles chutes de neige sont venues altérer les conditions de circulation ce lundi 11 décembre 2017 en Haute-Loire, notamment tout le bassin du Puy qui s'est retrouvé enneigé. Des congères étaient également signalées sur la partie Sud du département.

Trois semaines de déneigement coûtent près de 500 000 €, soit un point d'impôt du Département
Sur la seule période du 6 novembre au 1er décembre 2017, soit trois semaines et un seul important épisode neigeux, plus de 54 000 km ont été parcourus, 1 243 Tonnes de sel ont été répandues (plus 1 660 Tonnes de pouzzolane), pour un coût de 447 765 € pour la collectivité. Soit près d'un point d'impôt pour le Conseil départemental de la Haute-Loire.

"Entre 150 000 et 200 000 euros la bête"
Assurer le fonctionnement du deuxième réseau routier le plus haut de France, avec 60 % des routes à plus de 800 mètres, dont 580 km à plus de 1000 mètres, demande en effet des moyens conséquents, comme l'explique Joseph Chapuis, vice président du Département en charge des transports : "320 personnes sont mobilisables et sont affectées à la viabilité hivernale. Lors des opérations, il y a plus de 100 personnes en permanence sur les routes pour conduire les engins. Cela représente 80 chasse-neige classiques et une dizaine d'appareils plus spécifiques, comme des fraiseuses ou des chenillettes".
Chacune de ces machines coûte "entre 150 000 et 200 000 euros la bête", précise Yves Rousset, le préfet de la Haute-Loire, "c'est un important investissement". Rappelons qu'après, un chasse-neige coûte jusqu'à 1 100 euros par jour pour environ 200 km effectués, et une fraiseuse jusqu'à 1 600 euros par jour pour un maximum quotidien de 10 km, suivant la hauteur des congères. Quant aux camions de la viabilité hivernale, le coût est d'environ 10 euros par km.

Impatience face au déneigement : un problème de génération ? 
Comment expliquer aux automobilistes impatients, et énervés d'attendre, que la neige ne peut pas être enlévée des chaussées immédiatement ? Cette impatience est-elle un problème de génération ? La réponse de Joseph Chapuis.

Trois réseaux pour le Département
Le Conseil départemental s'occupe exclusivement des routes départementales. C'est l'Etat, par l'intermédiaire de la DIR, qui s'occupe des routes nationales et autoroutes. Trois niveaux de service ont été définis pour le service hivernal sur les routes de Haute-Loire :
* Le réseau D1 comprend 1 700 km des routes les plus circulées, c'est-à-dire la moitié du réseau dont doit s'occuper le Département et les interventions s'y déroulent de 5h à 20h.
* Le réseau D2 comprend 940 km de routes secondaires et les interventions s'y déroulent de 7h30 à 17h.
* Le réseau D3 comprend les 860 km de routes restantes et les interventions s'y déroulent de 9h à 17h.

----Densité du trafic en Haute-Loire : 
- supérieure à 10 000 véhicules par jour sur quelques routes
- inférieure à 150 véhicules par jour sur de nombreuses routes.-----"Ce n'est pas une science exacte... c'est la science des acteurs de terrain qui permet de faire face"
"Ce n'est pas une science exacte, la neige ne tombe pas systématiquement avec le même débit, elle est plus ou moins collante... C'est la science des acteurs de terrain qui permet de faire face", analyse le préfet de la Haute-Loire Yves Rousset, alors que l'État entretien plusieurs centaines de kilomètres en Haute-Loire (essentiellement les RN 88 et 102, mais aussi un morceau de l'A75).
Le représentant de l'État s'appuie sur un triptyque infaillible : "des équipements bien dimensionnés au département, un personnel dévoué et une bonne collaboration entre l'Etat et le Département".

Zoomdici : Yves Rousset, De par votre fonction, vous avez dû voir divers territoires. Quelles sont les particularités que vous constatez sur cette problématique du déneigement en Haute-Loire ? 

Un mot d'ordre : que "les Altiligériens puissent se rendre au travail"
Il est évidemment impossible financièrement d'assurer un service 24 heures sur 24. En revanche, les horaires d'interventions sont flexibles en cas d'épisodes neigeux importants mais également en cas de demande des sapeurs-pompiers ou de la gendarmerie. Les engins peuvent alors intervenir au coup par coup. On compte 80 chasse-neige et dix fraiseuses. Les rotations s'effectuent environ toutes les deux heures. Rappelons que ces engins sont limités à 50 km/h.
C'est dans la salle de pilotage de la viabilité hivernale, à l'Hôtel du Département, que tout se joue. Une sorte de plateforme où sont réceptionnées les températures de l'air et de la chaussée dès 2h45 du matin pour ensuite assurer la logistique nécessaire pour que les routes soient ouvertes dès 7h du matin, afin que "les Altiligériens puissent se rendre au travail". Une trentaine de caméras infrarouge et cinq stations météo ont permis de réduire le nombre de patrouilleurs, qui demeurent encore une douzaine.

Des usagers (partiellement) informés
Face aux offensives de l'hiver, nombreux sont les conducteurs à se rendre sur Inforoute43.fr pour connaître l'état des routes en temps réel. Ce site, qui dépend du Département, enregistre 400 000 connexions par an. Mais depuis cet hiver, comme l'a révélé en exclusivité Zoomdici, les routes nationales n'y sont plus mentionnées.
Les DIR sont en effet obligés de faire remonter leurs données auprès du site Bison Futé et à ce jour, aucune société externe n'est en mesure d'accéder à ces données. "C'est une logique d'itinéraire car Bison Futé regroupe les données de plusieurs DIR", explique-t-on à la DIR Massif Central. Les élus du Conseil départemental se sont contentés de répondre qu'ils espèrent que "cette situation va se solutionner très rapidement" [elle l'est depuis, ndlr].

----L'an dernier, 3 500 Tonnes de sel ont été consommées. Le Département s'approvisionne auprès des Salins du Midi, à Arles.
-----La pouzzolane réservée aux citoyens de seconde classe ? 
Outre le raclage, il existe différentes formes de traitement, notamment de déverser du sel ou de la pouzzolane. Certains automobilistes ont le sentiment d'être des citoyens de seconde classe car leurs chaussées ne sont pas salées. Ont-ils raison ? La réponse de Joseph Chapuis.

Dix conseils de sécurité routière en période hivernale
1 - Consulter les prévisions météorologiques et de circulation (sur Zoomdici pour avoir les meilleures infos !) et suivre les conseils de prudence diffusés sur les ondes radio et sur les panneaux à messages variables
2 - Vérifier la pression des pneus " à froid " puisqu'elle varie en fonction de la température extérieure : plus cette dernière est basse, plus la pression mesurée est faible. Il est conseillé de rajouter 0,2 bar à la pression recommendée.
3 - Privilégier les pneus hiver, ils sont conseillés dès que la température est inférieure à 7°C. Ils améliorent l'adhérence et le freinage.
4 - S'équiper de chaînes sur les routes enneigées. Elles sont même obligatoires sur certains axes routiers. Attention, les chaînes modifient la conduite. Il est conseillé de diminuer sa vitesse (ne pas dépasser les 50 km/h), de faire un essai de montage avant de partir, de se garer à l'écart de la chaussée pour les monter (pour les autoroutes, il est interdit de les mettre sur une bande d'arrêt d'urgence).
5 - Tester les éléments sensibles au froid comme la batterie, les systèmes d'allumage et d'alimentation. Il faut aussi vérifier le niveau du liquide lave-glace antigel et l'état des balais d'essuie-glace.
6 - Emporter un " kit de survie " au froid (raclette à pare-brise, chiffon pour les vitres embuées et phares souillés, des ampoules de rechange, une lampe de poche, des vêtements chauds, une couverture de survie et de l'eau).
7 - Etre vu et bien voir puisque la luminosité est plus faible et l'environnement est plus difficile. Il est évident qu'il faut faire plus attention aux usagers vulnérables (conducteurs de deux-roues motorisés ou non, piétons...). La vitesse doit être réduite à 50 km/h dès que la visibilité ne dépasse pas les 50 mètres. Il convient d'allumer les feux de croisement dès que la luminosité commence à faiblir.
8 - Rouler lentement et à bonne distance, il faut donc prévoir plus de temps dans les déplacements.
9 - Allonger les distances de sécurité et adopter une conduite souple. Les dépassements intempestifs, les accélérations soudaines et les freinages brusques sont autant de risques de perte de contrôle du véhicule en cas de verglas.
10 - Ne jamais dépasser un engin de service hivernal en action. Cette interdiction vaut pour tous les véhicules motorisés.

Maxime Pitavy