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Coupures électriques à l'hôpital, les syndicats dans le collimateur

ven 17/06/2016 - 13:46 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:42

Espérons qu'il ne s'agira pas d'une mauvaise habitude. Début décembre déjà, plusieurs coupures avaient émaillé le fonctionnement de l'hôpital, une panne dont le surcoût était évalué à 150 000 € et que le directeur de l'établissement, Jean-Marie Bolliet, tenait bien faire payer à Erdf.
Rebelote ce jeudi 16 juin : des brèves coupures électriques ont affecté  le Centre Hospitalier Emile Roux du Puy-en-Velay, de 8h30 à 9h environ. Une demi-douzaine de micro-coupures a été constatée avant que les installations de secours de l'établissement ne prennent immédiatement le relais.

"Des agissements irresponsables" qui "menacent la sécurité des soins"
En effet, les onduleurs permettent d'empêcher toute coupure pour les machines "vitales", comme par exemple pour les assistances respiratoires. Ensuite, les installations ont été raccordées au groupe électrogène, comme le prévoit le protocole. En d'autres termes, s'il n'y a pas eu de conséquences dramatiques, ces brèves coupures électriques ont tout de même constitué un trouble dans le fonctionnement de l'hôpital ponot.
"Le centre hospitalier va donc déposer plainte contre des agissements irresponsables", a déclaré la direction de l'hôpital ce vendredi matin, "qui, s’ils n’ont eu cette fois que des retentissements matériels, mettent à rude épreuve nos installations de secours et menacent la sécurité des soins que l’ensemble du personnel hospitalier porte tous les jours avec professionnalisme".

Electricité gratuite pour demander la renationalisation d'EDF-GDF
Selon l'établissement hospitalier, "ces incidents sont liés aux manipulations par des personnels syndicalistes de l’entreprise ex-ERDF, aujourd’hui ENEDIS". Ces derniers ont en effet procédé lundi soir à 21h à une manipulation permettant une fourniture d'énergie non décomptée, et donc gratuite, pour l'hôpital. Une action revendiquée au nom de l'intersyndicale et en protestation contre "le démantèlement des entreprises de l’énergie" et la loi anti travail. 
Ils dénoncent le bilan de douze ans de privatisation des entreprises EDF-GDF, mettant en avant "une augmentation des prix et une baisse des services". Le nombre d'agents en Haute-Loire a également chuté, de 580 en l'an 2 000 à 210 aujourd'hui. Ils réclament donc la renationalisation d'EDF-GDF. Vous pouvez retrouver l'ensemble de leur argumentaire dans ce document.

"Il n'y a aucun lien entre notre action de lundi soir et ces coupures"
Selon la direction de l'établissement, c'est donc cette intrusion dans le poste de livraison électrique, "sans autorisation", qui serait à l'origine des coupures de jeudi matin. Ils ont "modifié des paramètres de comptage électrique sur notre optimiseur électronique, en entraînant malheureusement la suppression des contrôles indispensables d’intensité, ce qui a causé les coupures observées. Cette intrusion a donc eu des conséquences directes sur la stabilité de notre réseau électrique", déclare la direction.
Du côté de la CGT Energie 43, on n'a pas la même lecture des faits. "Il s'agit de leur interprétation", nous répond-on, "il n'y a aucun lien entre notre action de lundi soir et ces coupures. Ils ont peut être eu des problèmes sur leur réseau et s'il y avait eu un problème lié à notre intervention, les coupures seraient survenues dès le mardi matin". Selon nos informations, il y a effectivement eu une opération de maintenance mercredi, une opération de contrôle inscrite dans le protocole. La modification des paramètres (gratuité de l'énergie), combinée à cette opération de maintenance, pourrait être à l'origine du dysfonctionnement de jeudi matin.

----Enedis porte plainte
La direction d'Enedis (ex-Erdf) "désapprouve totalement l'action revendiquée par les organisations syndicales [Ndlr: l'intervention de lundi]", réagit Denis Cadon, délégué territorial Grand Velay, qui a porté plainte contre X ce jeudi matin.-----
Une plainte va être déposée, mais contre qui ?
La direction de l'établissement hospitalier envisage très sérieusement de porter plainte. Reste à savoir si elle le fera contre X ou alors contre les syndicats, qu'elle tient pour responsables à demi-mot pour l'instant. "On peut avoir des revendications, certes, mais on ne met pas en péril la santé des gens", nous indique-t-on au centre hospitalier Emile Roux.
Une fois la plainte déposée, une enquête sera lancée et devrait permettre de faire la lumière sur les détails techniques de cette affaire. Le centre hospitalier rappelle en guise de conclusion que "ces dommages font écho à la coupure de fibre optique, par du personnel syndicaliste, qui avait privé de téléphonie et d’internet, l’hôpital et ses services d’urgences et de garde, début mai, pendant plus de 9 heures". Pierre Marsein, le secrétaire général de la CGT 43, s'en est d'ailleurs expliqué pendant plus de vingt minutes dans notre émission Le Scan.

La direction d'Erdf a bien évidemment été contactée, leur réponse ne nous est pas encore parvenue.

Maxime Pitavy