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Puy-de-Dôme : Les stations de ski sont-elles condamnées à la reconversion ? 

Par Nathalie Piendel , Mise à jour le 21/02/2024 à 12:00

À peine encaissée la première claque d'un enneigement faiblard cette année, que les stations de ski de Super Besse et du Mont-Dore tendent la deuxième joue à la Cour des Comptes et ses rapports d'enquête. 

Premier constat de la Cours des comptes : il fait de moins en moins froid, moins longtemps, et l'enneigement en est affecté. Deuxième constat : le canon à neige, ce n'est pas très écolo, ça consomme de l'électricité et ça pompe de l'eau dans les nappes.

Il y a déjà près de deux ans, France Nature Environnement mettait en garde face à l'utilisation des canons à neige. Aujourd'hui, c'est au tour de la Cours des comptes de se pencher sur le sujet, pointant du doigt ce palliatif qualifié "d'énergivore et destructeur des ressources en eau". 

Les stations du Sancy dans le viseur 

Dans le Puy-de-Dôme, les stations de Super-Besse et du Mont-Dore, n'ont pas échappé à la règle, qui leur a d'ailleurs bien tapé sur les doigts.

"Un équilibre économique encore très dépendant du ski et une stratégie d’intensification de l’enneigement artificiel, consommatrice d’eau et d’électricité, peu compatible avec les objectifs de développement durable."
La Cours des comptes reproche à la société Pavin Sancy (SAEML) qui gère l'ensemble de l'activité de la station de Super Besse, de faire reposer la quasi totalité de son chiffre d'affaire sur l'activité ski, investissant sur l'enneigement artificiel, plutôt que de prioriser la diversification des activités. 

"La diversification on connait et on est capable de s'adapter. (...) Mais sans la neige clairement on ferme", Vincent Gatignol, directeur de la station de Super Besse. 

"Dire qu'on ne diversifie pas assez, c'est mal connaître la station de Super Besse. Des activités de loisirs hors neige il y en a plein ici, on vient encore d'investir, avec le Super Coaster. La diversification on connait et on est capable de s'adapter. Mais les personnes elles viennent pour le ski, en premier lieu, et ensuite elles s'intéressent aux activités annexes. Mais elles ne viennent pas juste pour ça. Sans la neige clairement on ferme." 

Et concernant le développement durable ? "On ne pompe pas dans les nappes phréatiques mais dans le lac, et la neige quand elle fond retombe dans le lac. Alors oui j'ai des enneigeurs, et oui ça consomme de l'électricité, et ce n'est pas par plaisir croyez-moi, vu le prix que ça coûte ! Mais on est dessus et on travaille sur le photovoltaïque"

Le Mont-Dore en prend aussi pour son grade, même si le rapport pointe des efforts de diversification, avec une part des activités hors neige qui atteint près de 32 % du chiffre d’affaires, les comptes ne semblent toujours pas bons selon la Cours des comptes, et "ne garantissent pas la rentabilité et la pérennité de la société d’exploitation des remontées mécaniques".

"On fait dire ce que l'on veut aux chiffres. Chez nous les canons à neige ne représentent que 15 % du domaine skiable", Christophe Boivin, directeur de la station du Mont-Dore.

"Ces études permettent de s'interroger sur les perspectives d'évolution, mais elles se focalisent sur l'aspect écologique et ne prennent pas en compte toutes les données, notamment les emplois, et puis on fait dire ce que l'on veut aux chiffres. Chez nous les canons à neige ne représentent que 15 % du domaine skiable." 

Christophe Boivin n'est pas inquiet quant à l'avenir de sa station : "Je me projette par exemple dans 10 ans, un mois de février, finalement comme celui-ci, avec peu de neige. Ce qu'on souhaite c'est maintenir ces 15 % de neige de culture, pour conserver l'activité ski, et s'il neige, ce ne sera que du bonus. On fera comme on a fait là, alterner activités neige et activités quatre saisons. Les vacanciers repartent heureux, pour moi c'est le plus important." Le paramètre qui l'inquiète le plus c'est la charge fixe et importante que représente la maintenance des remontées mécaniques. 

Juridiction financière indépendante, la Cour des comptes est principalement chargée de contrôler la régularité des comptes publics, de l'État, des établissements publics nationaux, des entreprises publiques, de la sécurité sociale, ainsi que des organismes privés bénéficiant d'une aide de l'État ou faisant appel à la générosité du public. Elle informe suite à ses enquêtes, le Parlement, le Gouvernement, et l'opinion publique.

L’enquête réalisée par les juridictions financières a eu pour objet de préciser les conséquences du changement climatique sur le tourisme hivernal en montagne et d’examiner comment les stations s’y sont adaptées . Au total, 42 stations, réparties sur les Alpes, les Pyrénées, le Massif central et le Jura, ont été contrôlées. 

À l'échelle régionale comme nationale, le rapport fait état d'une situation dramatique, et d'un manque flagrant d'effort pour l'adaptation des professionnels du secteur. 

Selon le rapport toujours « La réduction de la durée de la saison hivernale s’explique par l’augmentation des températures, la diminution du nombre de jours de gel annuel, et l’altération du cycle de l’eau, rendant les précipitations plus aléatoires, si ce n’est moins abondantes. L’enneigement en devient significativement affecté.»

Voilà les données chiffrées délivrées dans le rapport d'enquête, relevées sur les deux trentenaires, de 1962 à 1991 et de 1992 à 2021. Dans le Puy-de-Dôme, la température moyenne a augmenté sur ces deux périodes, de 2,5 degrés, et on compte en moyenne 15 jours de gel en moins. 

Évolution des données climatiques annuelles entre les périodes 1962-1991 et 1992-2021. Photo par ORCAE, Impacts du changement climatique en Auvergne-Rhône-Alpes, février 2023

La production de neige, une stratégie régionale

Le schéma de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII), place la sécurisation de la production de neige au cœur de la stratégie d'adaptation des stations de sport d'hiver. 

Ce n’est que récemment, que la Région s'est penchée sur une politique de diversification de l’activité économique, pour la rendre moins dépendante de la saison hivernale grâce à un second plan montagne (2021).

D'une part, la place des investissements liés à la sécurisation de la neige y est moins importante (même si elle reste le premier poste budgétaire avec 30 M€), d’autre part, la chambre constate la montée en puissance des budgets liés à l’adaptation au changement climatique, en particulier grâce à l’adoption d’un plan diversification au sein du plan montagne (15 M€).

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