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Un demi-hectare de forêt rasé pour laisser couler la Loire au Monteil

Par . . , Mise à jour le 08/12/2022 à 06:00

En septembre dernier, la forêt riveraine de la commune du Monteil appelée aussi ripisylve a été rasée à blanc. C’est environ un demi-hectares de forêt qui a été abattu. Objectif : « Nettoyer les bords de Loire et éviter les embâcles dangereux dans le lit de la rivière ». Pourquoi avoir rasé juste à cet endroit-là ? Ni avant, ni après, ni en face ? Existait-il d’autres solutions ou s’agit-il d’un écocide ? Éléments de réponses.

Un vrai poumon vert

La commune du Monteil, aux portes du Puy-en-Velay, possède un bon quart de ses limites communales avec la Loire.

Au bord du fleuve, sur les rives de ce cours d’eau, se dresse la forêt riveraine : ripisylve qui joue de nombreux rôles :

  • Maintien des berges contre l’érosion
  • Habitat pour de nombreuses espèces, protection contre le réchauffement de l’eau
  • Limitation du développement de végétaux envahissants
  • Filtre les eaux des ruissellements
  • Ralentissement des écoulements d’eau lors des crues
  • Limitation de l’évaporation par l’ombrage
  • Production de bois
Amas de troncs d'arbres coupés de la ripisylve du Monteil

« On est sur un méandre qui nécessitait d'être nettoyé puisque des déchets (pneus, grillages, ... ) s'y étaient amoncelés. »

En septembre dernier, la forêt riveraine de la commune du Monteil a été rasée à blanc. Objectif : « Nettoyer les bords de Loire et éviter les embâcles dangereux dans le lit de la rivière » selon la CAPEV (Communauté d’agglomération du Puy-en-Velay) à l’initiative de ces travaux.

« On est sur un méandre qui nécessitait d'être nettoyé puisque des déchets (pneu, grillages, ... ) s'y étaient amoncelés lors des crues de novembre 2019 et juin 2020 », a analysé Vincent Teyssonneyre, chargé de Mission GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) de la Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay.

« Ils risquaient à la fois d'être à nouveau charriés lors de prochaines crues, et/ou de créer des embâcles (obstruction du lit d'un cours d'eau, ndlr) dans le lit de la rivière. En favorisant l'écoulement de l'eau, on protège mieux l'ouvrage d'art situé un peu plus loin et appartenant au Département ainsi que les infrastructures proches, notamment la station d'épuration », a ajouté Vincent Teyssonneyre.

« Un joyau naturel détruit », alerte la Ligue de Protection des Oiseaux

Cette ripisylve du Monteil abritait près de 7 espèces de mammifères différents, 78 espèces d’oiseaux, 25 espèces de papillons de jour et une espèce d’amphibien.

« Cette ripisylve est une zone qui constitue un habitat tout à fait particulier que l’on ne trouve pas ailleurs, avec une grande variété de végétaux et des plantes spécifiques qui attirent une diversité d’oiseau. C’est un espace important pour la biodiversité, qui représente également un beau corridor vert pour nos territoires qui permet à pas mal d’espèces de traverser notre région », a expliqué Franck Chastagnol membre de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux).

Arbres tronçonnés de la forêt riveraine du Monteil.

« Tout arraché et tout défriché, c’est assez brutal. »

« C’est un traitement un peu déplacé qui a été fait sur cet espace. On n'est pas sûr que le résultat recherché sera bien là. On verra après des années. Tout arraché et tout défriché, c’est assez brutal. Je pense que ça méritait des études un peu plus approfondies. C’est un traitement un peu dur pour un milieu naturel d’exception qui se raréfie », a confié Franck Chastagnol.

Une intervention jugée comme ayant un faible impact environnemental selon l’OFB

Alors pourquoi avoir rasé juste à cet endroit-là ? Ni avant et ni après, ni en face ? Couper une forêt d’un demi-hectare était-elle la seule solution ?

« Avant d'intervenir, on s'est enquis auprès de l'Office Français de la Biodiversité (OFB) des contraintes liées à l'écosystème en place. L'intervention a été jugée comme ayant un faible impact environnemental, avec peu d'espèces sur site », a justifié Vincent Teyssonneyre.

À noter que les travaux, initialement prévus au printemps ont été décalé au mois de Septembre, à la demande de l'OFB, pour respecter la période de nidification des oiseaux.