Yan et Fullspeed sur le devant de la scène

Par Macéo Cartal , Mise à jour le 23/07/2021 à 06:30

Ils ont fait leur première scène devant plus de 3 000 personnes aux Nuits de Saint-Jacques, partageant l’affiche avec 47Ter et Soprano. Le rappeur Yan et le groupe electro Fullspeed se voient vite propulsés sous les projecteurs. Zoomdici les a rencontrer pour parler de leurs parcours et de leur propulsion dans le monde musical.

Ils ont 20 ans et ils se sont connus au collège et au lycée. Hier, ils partageaient leur passion et leurs productions sur les réseaux sociaux, aujourd’hui, ils ont joué devant plus de 3 000 spectateurs lors du festival des Nuits de Saint-Jacques au Puy-en-Velay. Pour Yanis Massard, alias Yan, ainsi que Mathis Roche et Bastien Mahinc, alias Fullspeed, ce fut une expérience incroyable pour eux, qui constitue sûrement un tremplin dans leurs carrières.

De 10 000 vues sur Youtube à la scène

Le 14 mai dernier, Yan sortait son premier clip sur la plateforme Youtube, intitulé « Bendo ». Grâce à la réalisation par Erwan Visual, un vidéaste ponot amis du rappeur, ainsi que par la mise en musique par Fullspeed, le clip a assez rapidement atteint plusieurs milliers de vues pour culminer à l’heure actuelle à plus de 10 000 vues. « Ma belle-mère travaille à la mairie et je connais très bien le fils d’Emmanuel Boyer, le responsable évènementiel. Je pense que ça a permis de parler de moi et du clip. Il m’a donc envoyé un message pour savoir si je voulais participer au concert, et bien évidemment j’ai dis oui » se remémore Yan.

Son passage sur la scène des nuits de Saint-Jacques a été un véritable boost pour lui, son compte Instagram a dépassé les 2 500 abonnés.

C’est l’histoire de trois copains…

Mathis et Bastien (Fullspeed) se sont rencontrés lorsqu’ils étaient au collège. Déjà, Bastien faisait des mix musicaux sur son ordinateur. Une passion qu’il a depuis plusieurs années maintenant. Mathis a découvert l’univers de Bastien et à tout de suite voulu faire quelque chose avec lui. C’est ainsi que le duo se forme, et commence à partager leurs réalisations sur les réseaux sociaux. Plus tard au lycée, en classe de 1er Bastien rencontre alors Yan, en filière STMG. Bastien fait du Beatbox et Yan écrivait de textes de son côté. « En fait, tout s’est fait pas étapes. Au collège j’écrivais des textes, au lycée je commençais à les mettre en musique, et puis ensuite s’en est suivi le reste. […] Je pense que [Fullspeed] n’avait pas été là, je ne me serai pas lancé » avoue Yan.

« Chaque son, chaque production a été un palier de progression », Yanis Massard, alias Yan

Histoire du nom de Fullspeed

Tout nom a une histoire. Celle de Fullspeed, comme beaucoup, part d’une chose insignifiante. Avec un groupe d’ami, Mathis et Bastien s’amusent à mettre des lunettes pour enfant, trop petites. Outre la dégaine cocasse qu’il s’en dégage, l’un d’eux dit alors « Avec ces lunettes, on a l’impression de voir vite. On voit en full-speed (toute vitesse en traduction littérale) ». Le nom du groupe était né d’un délire entre amis. Une identité visuelle qui pourrait être reprise à l’avenir par le groupe.

En août 2019, il commence à partager des freestyles de rap sur les réseaux sociaux (Instagram) qui lui ont permis de s’entrapiner, progresser, et avoir des retours sur ce qu’il faisait. Par la suite, Fullspeed est venu prêter main forte au rappeur en s’occupant des mix musicaux. Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle d’un autre groupe, plus connu cette fois, qui est 47Ter. Nos jeunes ponots jouaient en effet en première partie de Soprano mais aussi de 47Ter. Le trio parisien a commencé aussi jeune, en faisant de la musique dans un garage. Ici, Fullspeed et Yan se retrouvent chez Mathis, à Saint-Julien-Chapteuil, dans sa chambre où il y a l’ordinateur qui sert de mixage, et une cabine d’enregistrement improvisée entre un mur une armoire, avec de la mousse isolante.

 

 

Le studio d'enregistrement/montage Photo par Macéo Cartal

Petit à petit, ils ont progressés. Chaque morceau a été une étape dans leur progression. « Jusqu’à présent, chaque son, chaque production a été un palier de progression. J’ai commencé par sortir mes freestyles, puis ensuite la sorti d’un EP (NDLR : mini-album de quelques titres), puis ensuite le clip, et enfin le concert », expose Yan. « Quand j’écoute nos anciens sons, je ne peux plus les entendre. Quand tu sais que tu peux faire mieux, c’est impressionnant », dit Bastien. Un moyen de voir la progression effectuée.

« Comment s’est passé l’avant-concert ? »

« Aux balances, quand tu arrives sur scène déjà, le rêve commence. Rien que d’avoir le micro en main te donne une drôle d’impression », commence Yan. « Le micro, et tu sais que dehors, t’as déjà une queue immense de gens qui attendent, et que tout ce que tu dis, tout le monde peut l’entendre » se rappelle Bastien de Fullspeed. « Donc rien qu’aux balancent, tu te dis « Waouh », même si ça n’a duré qu’une minute. Ensuite tu descend, le public rentre, et tu vois 3 000 personnes qui attendent », nous explique Yan.

« Il ne faut pas oublier que nous, à la base, on fait de la musique dans notre chambre en slip. Sauf que là, il y a presque 4 000 personnes qui vont nous regarder faire », ironise Bastien Mahinc (Fullspeed)

« Au début, la veille et juste avant le concert, j’étais ultra stressé », explique Yan. « Rappelle toi, t’es allé 15 fois aux toilettes », le coupe Bastien en rigolant «  Ensuite, peu de temps avant de monter sur scène, il est 19h, le stress laisse place à l’excitation. Tu poses ton cerveau, et t’es prêt, t’as envie d’y aller. Tu peux plus reculer, tu peux plus te permettre de bégayer ? J’ai posé le cerveau, j’y suis allé », raconte Yan. « La scène, c’est une bulle. Tu es dans ta bulle et tu kiffes », rajoute Bastien. Chacun était tellement stressé que Mathis et Bastien (Fullspeed) ont tout bonnement oublié de rentrer au moment convenu. « Au final tout va très vite, tu te rends pas compte que ça passe », nous disent les trois amis.

Objectivement, même s’ils n’ont joué que six minutes et qu’il s’agissait de leur première scène (devant 3 500 personnes tout de même), nos trois jeunes talents n’ont pas à rougir de leur prestation. Aisance sur scène, rythme transmis au public et des spectateurs ultra réceptifs ont fait de leur passage une performance digne de professionnels.

Un après concert lunaire

Six minutes après leur entrée en scène, il est déjà temps pour eux de laisser la place aux têtes d’affiches. « À la sortie, tu finis ton show, et tu te retournes, et on tombe sur 47Ter qui applaudissent, nous félicitent, nous font un check… On a pas le temps de réaliser ce qui se passe que nos idoles nous félicitent et passent sur la scène où nous on est passé. » hallucine encore Yan. « Ensuite tu oublies, il y a une sorte de trou noir directement après », explique Mathis.

« On décide ensuite d’aller boire un coup à la buvette, et à peine on ouvre les grilles, un mètre une émeute. Des gens qui nous félicitent, veulent prendre des photos…. On a même signé des autographes », s’étonne encore Bastien. « Il faut aussi se rappeler qu’on est d’ici, qu’il n’y a pas si longtemps, on était dans le public, en fosse, à profiter des concerts et à rêver devant les stars. Je me souviens, en 2018, j’étais là, à regarder Bigflo et Oli, pendant la coupe du monde, et à tout simplement kiffer », nous rappelle Yan. « Donc pour nous, on avait fait notre truc, on s’est amusé, mais on ne pensait pas du tout être accueillis comme ça par la suite, c’est fou » rajoute-t-il.

« En août 2019, je commençais les freestyles sur Instagram, aujourd’hui on a joué devant 3 000 personnes, et on est même pas en août 2021 », Yan.

Tout s’enchaîne très vite pour nos trois compères. Des demandes de photos, des abonnements par dizaines (voire centaines) sur les réseaux sociaux, le trio semble véritablement décoller. Au moment de l’interview, à peine 48h se sont écoulées depuis leur passage sur scène et personne n’est encore redescendu de son nuage.

Quoiqu’il en soit, Yan et Fullspeed sont conscients de la chance qu’ils ont eu de se produire, même six petites minutes, sur cette scène des Nuits de Saint-Jacques. « Il faut se dire que certains artistes attendent des années avant de pouvoir faire ça », interpelle Mathis. En effet, tout est allé très vite pour les jeunes artistes. « En août 2019, je commençais les freestyles sur Instagram, aujourd’hui on a joué devant 3 000 personnes, et on est même pas en août 2021 », rappelle Yan, avec des étoiles plein les yeux.

Une perspective pour l’avenir

Yan et Fullspeed ont ainsi acquis une petite notoriété à laquelle ils n’avaient pas pensés. « Les gens nous font comprendre que, parce qu’on s’est produit sur scène, on est au-dessus des autres , s’étonne Mathis, et sincèrement, tu te prends un peu au jeu. Moi je voyais clairement je me roulais des épaules, parce que j’étais fier ». « Le lendemain j’étais en soirée, et plein de gens m’ont reconnu, m’ont parlé et m’ont félicité », se souvient Yann. Même chose pour Bastien qui ironise, en citant le rappeur Vald : « D’un coup, t’es devenu génial ». Bastien indique notamment qu’il a rendez-vous avec un studio d’enregistrement, et Yan, avec Fullspeed, a une proposition de première partie, signe que leur carrière, à peine commencée, peut leur permettre de croire en l’avenir.

« Ce genre de chose fait naître cette idée-là, de continuer dans la musique », Bastien Mahinc, de Fullspeed

L’avenir, d’ailleurs, nos trois compères le voient différemment avec cette nouvelle étape. En effet, quand on leur demande s’ils ont déjà envisagé ce genre de carrière pour l’avenir, on nous répond :« Ce genre de chose fait naître cette idée-là », comme l’a dit Bastien Mahinc. Pour Mathis Roche, ceci est plus évident. « Pour l’instant je travaille au McDonald’s pour pouvoir me payer du matériel. Personnellement, c’est ça, c’est la musique que j’ai envie de faire et pas autre chose », avoue-t-il. Pour Bastien, qui est en train de terminer un DUT MMI (Métiers du Multimédia et de l’Internet), cet avenir musical s’éclaircit et a de plus en plus l’envie de s’y consacrer à plein temps. « On ne s’en rend pas compte mais la musique, c’est cher », s’exclame-t-il. Pour Yan, qui est en BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport), la vision était tout autre. « Jusqu’à présent, je n’aspirais pas vraiment à percer. Je ne prenais pas la chose au sérieux. Je sortais ce que je voulais sans forcément penser à si ça allait plaire ou non. Mais maintenant, avec ce qui s’est passé, ma vision des choses a un peu changé. Je vais rester dans mes études tout en me consacrant plus à la musique, et on verra bien ce qu’il en sera », se confie le jeune rappeur.

Mathis est plus dans le mixage audio et montage, Bastien sur la partie création Photo par Macéo Cartal

Pour l’heure, les trois amis ont encore plein de projets en tête, des morceaux prêts à être dégainés sur les plateformes, et notamment la sortie d’un prochain EP, plus poussé cette fois-ci. En tous cas, tant que la passion les guide, ces artistes peuvent avoir une chance de se faire un nom prochainement, en faisant partie des quelques premiers à mettre en avant ce genre de musique au Puy-en-Velay.

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