Violences de l’acte III : deux Ponots '''entraînés par l'effet de foule'''

lun 14/01/2019 - 19:52 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:55

Effet de masse et curiosité
Interpellé le 6 décembre 2018 devant le petit Casino de Baccarat au Puy, le quadragénaire avait été placé en garde à vue pour des faits commis le 1er décembre 2018, en marge de la manifestation des Gilets jaunes : participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou de dégradations de biens, dégradation ou détérioration du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes et violence aggravée par deux circonstances suivie d’incapacité supérieure à huit jours. Suite à la présentation du prévenu en comparution immédiate devant le tribunal du Puy le 10 décembre 2018, le jugement avait été reporté à ce lundi 14 janvier 2019 avec une demande d'expertise psychiatrique.

À la barre du tribunal du Puy, lors de cette nouvelle audience, le Ponot de 44 ans a reconnu avoir participé à la manifestation du 1er décembre, « mais je ne savais pas qu’elle n’était pas autorisée. ». Selon ses propos, c’est la curiosité qui l’aurait mené sur la place du Breuil et puis « on m’a monté la tête, on m’a dit de défendre mes droits. » C’est alors que le quadragénaire, célibataire, sans enfant et sans emploi, s’est laissé emporter « par l’effet de masse. Je n’ai pas voulu ça, j’aurais dû partir. »

Mais il ne l’a pas fait, il y est même retourné après un passage à l’hôpital, blessé un peu plus tôt lors de la manifestation. Les témoignages des forces de l’ordre et les photos versés au dossier, présentent un homme en « première ligne » lors des événements violents qui ont débuté dans l’après-midi ce samedi 1er décembre. « Je n’ai jamais voulu faire de mal à quiconque et sûrement pas aux policiers ni aux gendarmes », a précisé l'homme niant avoir jeté des pierres ou des bouteilles en verre sur les forces de l’ordre comme il lui était reproché. « Je n’ai fait que donner des coups de pied dans les palets de lacrymogène. » Il a toutefois reconnu s’être introduit dans la cour d’honneur de la préfecture et avoir jeté sur un gendarme le contenu d’un pot de fleurs. « Deux gendarmes matraquaient une personne, j’ai voulu l’aider », a-t-il déclaré en présentant ses excuses à la victime « très choquée » rapporte le conseil de la partie civile. Quant au feu allumé devant le portail de la préfecture et qu'il aurait attisé, l'homme s'est défendu : « je n'y ai jeté que des graviers ». « Je suis en colère contre moi. J’ai fait une erreur. Je ne participerai plus à aucune manifestation. »

Le quadragénaire a été condamné à deux ans de prison dont un avec sursis assortis d'une obligation de suivre des soins addictologiques et de trouver un travail ou une formation. Il a été condamné à verser 3 000 euros de dommages et intérêts au gendarme blessé dans la cour d'honneur de la préfecture pour préjudices physique et moral. Le maintien en détention n’a pas été retenu. L’homme est donc reparti libre du tribunal.
« On a fait mal à ma fille, j’ai pris les nerfs » 
Un autre homme, âgé de 39 ans, a été présenté devant le tribunal ce lundi, là encore faisant suite à une procédure de renvoi prononcée le 10 décembre 2018. Le Ponot avait alors été placé en détention provisoire.

Lors de son interpellation le 8 décembre 2018, cet homme reconnu comme étant un membre actif du groupe d’individus ayant participé aux événements violents du 1er décembre 2018 ; était en possession d’un masque à gaz, d’un lance-pierres, d’objets métalliques pouvant servir de projectiles, d'une ceinture ainsi que d’un mégaphone. L’homme au casier judiciaire déjà bien fourni avec notamment des condamnations relatives à des ports d’armes et de violences à l’encontre d'une personne chargée d'une mission de service public ; expliquera alors que le lance-pierres servait « à tirer les canards » et qu’il n’avait pas l’intention de participer à l’acte IV des Gilets jaunes.

Toujours est-il qu’il a participé à l’acte III et au vu des témoignages des policiers et des photos prises au moment des faits, il y aurait participé activement au moment même où les violences montaient crescendo. Une policière dont le prévenu connaît le prénom, discutait avec lui, lui conseillant de ne pas « faire de bêtises », lorsqu’il lui aurait jeté une bouteille au visage, repoussée par un geste réflexe de la main portant le bouclier. L’homme a nié cette accusation, mais a reconnu avoir jeté des pierres et "une canette" en direction des forces de l’ordre ainsi que d'avoir proféré des insultes.

Lors de sa garde à vue, l’individu a précisé avoir été « emporté par la foule comme Edith Piaf ». Une version qu’il a maintenu à la barre du tribunal ce lundi 14 janvier précisant : « J’y suis resté 25 minutes au maximum. Ma fille m’a appelé, elle était à la patinoire et elle a été gazée. On a fait mal à ma fille, j’ai pris les nerfs », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « je regrette. »

Le procureur de la République a requis une peine de 3 ans de prison dont 18 mois avec sursis avec un maintien en détention « justifié par la forte possibilité d'une récidive ». L’homme a finalement été condamné à 30 mois de prison dont 15 avec sursis, assortis d'une obligation de soins psychiatriques et addictologiques. Le tribunal a prononcé le maintien en détention. Il devra verser la somme de 3 000 euros de dommages et intérêts pour préjudices physique et moral à la policière visée par le jet d'une bouteille, ainsi que 1 000 euros à chacun des quatre policiers victimes de ses actes.
Stéphanie Marin

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