Une manifestation interprofessionnelle suivie au Puy-en-Velay

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 18/10/2022 à 16:30

900 personnes selon les chiffres de la Préfecture. 1 500 pour les syndicats. Le cortège composé du secteur public et privé et de dizaines de corps de métiers différents a ébranlé les rues de la cité pavée ce mardi 18 octobre.

Des jeunes, des vieux, des poussettes et des cheveux blancs, des ados, des adultes, des profs, des ouvriers, des aides à domiciles, des intermittents, des employés de Michelin, du textile et de bien d’autres corporations, des drapeaux syndicalistes, des panneaux indépendants...la ville du Puy-en-Velay a été secouée ce mardi 18 octobre, entre 10h30 et midi, par les slogans des manifestants aux milles visages.

« L’atteinte du droit de grève que représentent les réquisitions ! »

Le cortège est parti de la place Cadelade, a remonté le Breuil et le boulevard Saint-Louis . Il est ensuite redescendu par la même voie pour s’échouer devant la Préfecture de la Haute-Loire, lieu de tous les discours.

« Cette journée de grève et de mobilisation est la continuité de la manifestation interprofessionnelle et intersyndicale du 29 septembre pour obtenir des augmentations de salaire et se battre pour la retraite, lance Pierre Marsein, secrétaire général de la CGT 43. Nous sommes également ici pour soutenir les grévistes des raffineries et dénoncer l’atteinte du droit de grève que représentent les réquisitions ! »

Des panneaux pour s'indigner sur le déséquilibre de la distribution des richesses.
Des panneaux pour s'indigner sur le déséquilibre de la distribution des richesses. Photo par Nicolas Defay

« Je dis à tous les jeunes, tous les élèves, tous les étudiants de venir grossir les rangs des manifestations afin que vous soyez dignement considérés » Baptiste Gauthier, lycéen

« L’avenir ne se rattrape pas comme un cours scolaire ! »

Parmi les éléments de cette mobilisation, les jeunes. Souvent oubliés par les médias, le micro leurs a été tendu. « Osez !, pointe Baptiste Gauthier, élève au lycée de la Roche Arnaud aux côtés d’autres camarades. Je dis à tous les jeunes, tous les élèves, tous les étudiants de venir grossir les rangs des manifestations afin que vous soyez dignement considérés »

Il continue : « Je suis ici pour dénoncer le dispositif de Parcoursup qui est une machine à placarder des étiquettes sur la tête des étudiants. Pour les diviser et les stigmatiser. Un élève qui n’aura pas fait un cursus brillant ne pourra pas intégrer l’école qu’il souhaite tout simplement parce qu’il aura foiré un truc, une matière. »

Il termine ainsi : « Nous nous battons pour nos droits de demain ! Quel sens ont des études longues et complexes pour ne finalement pas faire le métier tant recherché ? Ou alors sous-payés ? Ou sous considéré ? Nous représentons le futur de la société active. L'avenir ne se rattrape pas comme un cours scolaire !  Il est nécessaire de faire valoir nos droits et imposer notre propre sens critique ! »

Des jeunes en place qui appellent au ralliement généralisé de leurs camarades.
Des jeunes en place qui appellent au ralliement généralisé de leurs camarades. Photo par Antonin Fournerie

« Les richesses, c’est nous ! »

Du côté des entreprises privées, Hervé Bancel, délégué CGT Michelin Blavozy, dénonce non seulement un grave déséquilibre du partage des richesses mais rappelle aussi sa vraie définition selon lui. « Les richesses, c’est nous !, insiste-t-il. Nous sommes les créateurs des richesses ! Quand les salariés s’arrêtent, plus rien ne rentre dans les poches des dirigeants. »

Il ajoute, chiffres à l’appuie : « Michelin a fait 1,7 milliards de bénéfices. La moitié sera reversée aux actionnaires. Et nous ? Rien. Après 25 ans de boîte, je touche 1 900 euros net. Un jeune qui commence attaque à 1 300 euros. Le gouvernement lui-même a préconisé un salaire pour tous au moins égal à 2 000 euros net pour vivre décemment. L’inflation nous étouffe tout autant que ce manque de considération de la part du grand patronat ! »

Hervé Bancel, délégué syndical à Michelin.
Hervé Bancel, délégué syndical à Michelin. Photo par Raphaëlle Simonnot

« Il est juste indispensable qu’ils aient un autre avenir que cette réforme destructrice leur promet »

En préambule à cette mobilisation, une regroupement s’est constitué à 9h30 devant l’inspection académique de la Haute-Loire pour « s’opposer à la réforme des lycées professionnelles annoncée par le Président de la République ».
 

 

Louise Pommeret, sous-secrétaire de la FSU 43 explique : « Nous considérons que cette réforme va provoquer la disparition pure et simple de la voie professionnelle en place depuis la fin de la seconde guerre mondiale. »
Elle déplore : « Si cette réforme passe, ce sera alors la fin à la formation à de véritables métiers, la formation de futurs citoyens qui ont encore la possibilité d’obtenir un niveau de qualification élevée pour s’insérer pleinement dans la vie professionnelle ».

Elle conclue en soulevant un point qu’elle estime d’importance : « Le combat de la FSU, c’est de mettre en lumière ce vivier de jeunes issus souvent des classes populaires. Ils semblent invisibles. Et pourtant ils représentent un tiers des lycéens toutes voies confondues. Il est juste indispensable qu’ils aient un autre avenir que celui promis par cette réforme ».

La tête du cortège arrivait au bd St-Louis que la queue était toujours place Cadelade.
La tête du cortège arrivait au bd St-Louis que la queue était toujours place Cadelade. Photo par Nicolas Defay

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9 commentaires

mer 19/10/2022 - 16:32

Se : Il faut se rappeler que moins de 10% des salariés sont syndiqués en France donc plus de 90% ne le sont pas et sont soumis à cette minorité qui bloque  et freine l'économie. Le secteur de l'artisanat en autre se dit le 1er employeur de France donc beaucoup de ces petites unités de production et idem pour le commerce risquent de fermer car l' augmentation des couts de l'électricité, essence...impacte directement leur résultat (1 boulangerie fermée sur bassin du Puy). Assez de difficulté actuellement de tout ordre aussi ne pas en rajouter....

mer 19/10/2022 - 15:37

qui mets en cause l'existence des syndicats et du droit de grève ? par contre la CGT innove en créant les grèves "préventives" et en ne respectant pas les accords majoritaires. Qui paiera l'ardoise vous et moi

mer 19/10/2022 - 09:33

Alors Merci la CGT, FO, FSU, Sud et compagnie pour exprimer la voie des salariés, qui comme moi ne peuvent pas toujours facilement se mettre en grève, ce que je regrette!

mer 19/10/2022 - 09:32

Mais heureusement que les salariés s'organisent en collectif. Il n'y a qu'à voir les conditions de travail dans les pays sans syndicat. Et sans eux, point de congés payés, point de sécurité sociale, mais des journée de travail à 15h/jour comme au 19ème siècle, les accidentés du travail obligé d'aller faire la manche pour survivre, le travail des enfants....  Je vois que certains préfereraient le modèle chinois ou nord coréen ou les syndicats sont interdits, mais allez y si ce modèle vous plait. On a la chances que nos grand parents se soient battus pour des conditions salariales qui ont progressé, et l'horizon humain doit tendre vars des progrès croissants...

mer 19/10/2022 - 08:19

Toujours la même litanie de bêtises et de clichés sur les soi disant privilégiés de syndicalistes....alimenté soigneusement par des médias fainéants 

Effrayant et surtout à côté de la plaque 

Qui crie aux privilégiés quand des salariés bloque l'Angleterre ?

Personne là c'est normal 

Faire grève pour des augmentations de salaires c'est vieux comme le monde !

Et bien justifié en ce moment non??!

Enfin petite information: 85% des accords signés en entreprise le sont par la CGT...

Réveillez-vous braves gens et battez vous pour vos droits !!!!

mer 19/10/2022 - 06:45

L : Comme à chaque fois le CGT se ridiculise un peu plus on ne peut pas être payé sans rien faire, mais les responsables CGT ne peuvent exister que si ils sémment le bazar et manipulent les salariés....combien de fonctionnaire, sécurité de l'emploi, dans ce défilé? Personne ne les empêche de postuler pour le privé pour gagner plus et pour certains par contre travailler plus. Non la CGT en autre ce n'est pas l'avenir.

 

mar 18/10/2022 - 22:21

OUI en est la retraite complète de base  minimale à 1100€ +100 pour inflation promise par         M Macron ???? Que propose les syndicats ?? SCANDALEUX de se retrouver dans la misère !!

mar 18/10/2022 - 20:15

C'est quand même étrange de défendre la consommation, les loisirs et l'accès au luxe pour tous et en même temps se prétendre environnementaliste, sobre et humble. Il suffit de regarder les péages d'autoroute et les terrasses des cafés les vendredis soirs pour se rendre compte, qu'en France, tout le monde a largement accès aux artifices qui délabrent notre pauvre planète. Faire miroiter à un smicard qu'il doit fréquemment pouvoir avoir accès aux voyages, aux restaurants et à ce qui fait de nos vies des "faux-bonheurs", c'est irresponsable. 

mar 18/10/2022 - 20:01

pauvre cgt qui prétend défendre les salariés et enfonce les précaires avec ses grèves. Un vote majoritaire çà vous dit quelque chose brillants démocrates. Combien sont payés les salariés de la CGT ?

S'il est vrai que le salarié produit des richesses il ne faut pas oublier qu'il a fallu investir pour donner au salarié les moyens de produire et pour cela prendre quelques risques non ? et puis en plus du salaire quelques avantages sociaux ?

Sur les lycées apprendre de vrais métiers loin de l'entreprise croyez vous que ce soit la solution c'est le fait de devoir s'insérer dans les entreprises qui vous effraie ? le blabla ne sera plus la seule vérité