Une artiste engagée... Laureth Sulfate expose à Issoire

Par Hélène DEPAILLER , Mise à jour le 14/04/2025 à 15:05

Avec cette nouvelle expo "Ainsi soit-elle", Laureth propose un voyage immersif à travers ses œuvres grâce à différentes techniques de vidéo, photo, installation. D'apparence fantastiques, les thèmes abordés sont en réalité de vrais sujets, parfois lourds de sens. Une expo à ne pas manquer du 29 mars au 1ᵉʳ juin au centre d'art Jean-Prouvé.

Artiste contemporaine française et personnalité emblématique de la scène Street-art à Lyon, le travail de Chloë Gaudron alias Laureth Sulfate questionne. L'univers de l'artiste met principalement en avant des figures féminines. Elle préfère utiliser le corps féminin comme modèle au corps masculin. "Il y a une spiritualité, une bonté dans le corps des femmes. Je suis plus à l'aise avec les femmes." se confie-t-elle.

"Je ne suis pas prophète, on verra comment cela tourne mais on ne peut pas faire l'impasse sur les nouveautés", commente Laureth au sujet de l'intelligence artificielle.

Curieuse de nouveautés, l'artiste utilise ponctuellement l'intelligence artificielle. "Je ne suis pas prophète, on verra comment cela tourne, mais on ne peut pas faire l'impasse sur les nouveautés. Si cela permet d'améliorer le travail, et que cela demande moins de temps pour réaliser des choses un peu complexes, pourquoi pas", explique Laureth au sujet de l'intelligence artificielle.

"Mes sculptures déclament huit poèmes prières pour demander une sorte de pardon. Parmi les thèmes abordés : celui des Canary girls et des Radium Girls. Ce n'est pas vraiment religieux, c'est plutôt iconoclaste", explique l'artiste

Après avoir passé trois mois en studio son, Laureth parle de ses sculptures sur socles connectés qui chantent. "Les sculptures déclament huit poèmes prières pour demander une sorte de pardon. Parmi les thèmes de ces chansons : celui des Canary girls et des Radium Girls. Ce n'est pas vraiment religieux, c'est plutôt iconoclaste !", explique l'artiste.

Les radium girls 

On est en 1917. Des ouvrières américaines utilisent du radium pour rendre des montres phosphorescentes. Les pinceaux qu'elles effilent à la bouche sont emplis de radium. Leur santé décline très rapidement. Cinq de ces femmes tentent de poursuivre leur employeur en justice. Quelques-unes décèdent au cours du procès à cause de leur exposition au radium. L'affaire a été presque oubliée et enfouie.

Les radium girls travaillaient en 1917 pour United States Radium Corporation Photo par wikipedia

Les Canary girls

Les Canary Girls travaillent dans les usines britanniques de TNT au cours de la Première Guerre mondiale. Maniant à main nue des substances hautement toxiques, leur peau virent au jaune, ainsi que celle de leur bébé. D'où l'origine du nom de canary girls. 

Les Canary Girls fabriquaient des munitions à base de trinitrotoluène (TNT) Photo par Imperial War Museums

Pourquoi Laureth Sulfate ?

Le laureth sulfate est un produit agressif moussant que l'on retrouve dans tous les shampoings. L'artiste nous explique avoir choisi ce nom durant une période assez compliquée."C'était l'époque des attentats de Charlie Hebdo, où je travaillais beaucoup dans le street-art pour dénoncer l'extrémisme. Le pseudo Laureth Sulfate mettait un espace entre moi et les personnes dangereuses. C'était un nom assez rock and roll qui me correspondait."

"Laureth Sulfate mettait un espace entre moi et les personnes dangereuses. C'était un nom assez rock and roll qui me correspondait", affirme Chloé au sujet du choix de son nom d'artiste

La fresque de Laureth Sulfate sur le parking Suzanne-Noël Photo par Laureth Sulfate

Ce sera le deuxième passage de Laureth à Issoire. En 2023, elle réalise une fresque à l'effigie de Suzanne Noël pour le parking du même nom. Suzanne Noël, pionnière de la chirurgie esthétique, œuvre pour redonner de la dignité aux gueules cassées de la première guerre. Elle aurait également permis à certains résistants ou juifs recherchés de changer leur visage pour ne pas être reconnu par la Gestapo.

"Pour moi c'est logique d'être féministe. Je m'intéresse beaucoup à la féminité dans la société. Je ne sais pas si c'est ça être féministe mais en tout cas, mon art est engagé"

Malgré tout ce travail en faveur des femmes, Chloé ne se dit pas féministe. "Pour moi, c'est logique. Je m'intéresse beaucoup à la féminité dans la société. Je ne sais pas si c'est ça être féministe, mais en tout cas mon art est engagé." explique Laureth.

Une exposition de Laureth Sulfate à consommer sans modération, contrairement au produit du même nom.

Infos pratiques 

Centre d'art Jean-Prouvé - 19, rue du Palais 63500 Issoire - Tél. : 04 73 55 33 53 

Horaires d'ouverture
Du mardi au dimanche de 14h à 18h
Le samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h

Ateliers d'arts plastiques 
Public : à partir de 6 ans (présence d’un adulte obligatoire)
Du mardi au samedi, de 14h à 18h - sur réservation - Tél. :  04 73 55 33 53

 

 

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