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Un savoir-faire qui disparaît
Des gestes assurés. Le regard affûté. Un sourire constant. Observer Gérard Arsac fabriquer une couette au duvet de canard sauvage, c’est assister à une danse bien rodée. « Il faut plusieurs opérations pour qu’une couette soit parfaite, explique-t-il du haut de ses 40 ans d’expérience. La première consiste à coudre un percale, c’est-à-dire l’enveloppe de la couette. La majorité des percales dans le commerce sont en polyester-coton. Les miennes sont 100% coton.» Une fois fait, à l’aide de sa surjeteuse cinq fils, il faut descendre un escalier en colimaçon, invitant les pas sous la rue Saint-Jacques où d’imposantes voûtes en pierre se dévoilent alors. Le regard est tout de suite accroché par une étrange machine occupant presque toute la largeur de l’atelier. « C’est ma Sauterelle, nous apprend-t-il. Elle a été fabriquée dans les années 1920. C’est une vieille dame centenaire mais je n’ai jamais trouvé un engin aussi bien adapté pour faire un produit dans les règles de l’art ».
« Plus le flocon est gros, plus il sera efficace »
Au fond de la pièce, d’énormes sacs de duvet et de plume sont entreposés. « Les plumes sont pour les édredons ou les oreillers car elles sont étanches à l’air et à l’eau mais ne contiennent pas la chaleur, précise Gérard Arsac. Tandis qu’un flocon de duvet emprisonne l’air. L’air est un excellent isolant. C’est idéal pour une couette notamment avec le duvet de canard d’Eider. Plus le flocon est gros, plus il sera efficace. » À l’aide d’un aspirateur souffleur, il emplit le percale d’une certaine quantité de duvet. L’opération «homogénéisation» peut alors commencer. « Cette partie est très importante ! Je fais en sorte qu’il y ait la même quantité de flocon sur toute la surface. Ensuite, je place des aiguilles à des points précis pour emprisonner le duvet et basculer la couette sur la Sauterelle ».
Le flocon du duvet de canard doit être le plus gros possible pour emprisonner l'air efficacement. /Photo @ DR Nicolas Defay / Zoomdici.fr
----De Paris, Lyon, Valence et d'ailleurs, les gens font le trajet pour s’équiper directement chez Gérard Arsac. Il propose également la réparation des couettes, oreillers ou édredons. En fonction de l’état, soit il réutilise le duvet original du produit, soit il remplit le percale de son propre duvet. Ses coordonnées : 04.71.02.29.09. La Vitrine du Blanc au 20, rue Saint-Jacques au Puy-en-Velay.
-----Un engin indétrônable
La Sauterelle. Une vieille machine constituée de métal, de bois et de tissus qui permet de suspendre correctement la couette et de coudre toute sa surface. Pour réussir les tracés, il faut non seulement avoir le coup d’œil, le coup de main mais aussi... le coup de pied. Gérard Arsac commence à coudre en opérant une ondulation bien à lui où le corps dans son entier est mis à contribution. À le regarder, la gestuelle semble des plus simples. Mais le résultat force le respect. Les milliers de points de couture dessinent une série de vagues parfaites, délicates et sinueuses, répétées ainsi des centaines de fois. « Une couette en dimension 220 par 240 centimètres me demande environ quatre heures de travail au total, précise-t-il. Elle sera facturée 419 euros. Je fabrique à la cadence de cinq à six couettes par semaine mais tout dépend de mes commandes, des dimensions et de mes envies ».
Gérard Arsac utilise une Sauterelle, une piqueuse centenaire qui permet de coudre la surface d'une couette de façon optimale. /Photo DR Nicolas Defay / Zoomdici.fr
Trouver quelqu’un pour ne pas perdre ce patrimoine artisanal
Pendant des années, Gérard Arsac a partagé sa passion avec une personne employée à mi-temps. « Elle a, à son tour, pris sa retraite il y a trois ans, partage-t-il. Depuis, je n’ai jamais réussi à trouver un stagiaire qui adopterait mon savoir-faire. Pourtant, mis à part quelques notions en couture indispensables, il faut simplement être un passionné. Et si je trouve quelqu’un qui veuille bien reprendre l’affaire et la confection des couettes à la main, je m’engage à le former totalement. »
Le commerce de Gérard Arsac englobe également deux autres activités. La vente de linge de maison comme les draps, housses de couettes ou encore serviettes, tous de fabrication française. La seconde est la vente de sommiers et matelas très haut de gamme. « Un lit en 160 coûte 5 500 euros et est forcément destiné à une clientèle particulière. C’est un produit excellent où chaque latte du sommier bouge en fonction de votre corpulence et de votre position ».
Nicolas Defay
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