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Un Brivadois porte la parole des motards au plan national

lun 12/10/2015 - 19:23 , Mise à jour le 12/10/2015 à 19:23

Pierre-Henri Marchand est prof d’histoire-géo au collège Lafayette de Brioude. Il pratique le karaté - discipline qu’il arbitre au niveau interrégional - et le surf à ses heures perdues. Et puis, il est motard. Il a attrapé le virus quand il était petit et, à 43 ans, il n’est pas guéri. « J’ai toujours voulu une moto, j’en avais marre de pédaler », plaisante-t-il. « Alors le 5 septembre 2001, en sortant de ma première heure de cours, je suis allé m’acheter ma première moto, une Suzuki 500 GSE ». Pierre-Henri Marchand venait de mettre le doigt dans l’engrenage... Le reste a suivi. Depuis, il a eu une bonne dizaine de bécanes. Des trails, des customs, des sportivo GT, des side-cars… « En ce moment, j’en ai 5-6 qui tournent », indique-t-il. « Mon dernier achat, c’est un scooter, pour mes déplacements urbains ». Pas de sectarisme, donc. Pierre-Henri Marchand aime tout ce qui a deux roues et un moteur.
De l’antenne FFMC de Clermont au bureau national
Ce n’est pourtant pas cette passion qui l’a conduit à adhérer à la Fédération française des motards en colère (FFMC) en 2002. Ce sont plutôt les interrogations qu’il nourrissait depuis un petit moment. « Je ne comprenais pas que les glissières de sécurité ne soient pas doublées d’entrée, parce qu’en cas de chute, à moto, ça découpe le mec, même à vitesse légale », explique-t-il. « J’ai entendu parler de l’action de la FFMC à ce sujet et je me suis dit qu’ils faisaient quelque chose d’intéressant ». Un sentiment qu’a conforté la lecture d’un article concernant l’intervention de l’antenne puydômoise auprès de scolaires. « Ce qui m’a plu, c’était l’idée de ne pas se centrer sur du contestataire », précise le motard. « La perspective de conduire une action positive auprès des publics les plus sensibles, selon une approche différente de celle des institutionnels, lacunaire et axée sur la répression, m’a incité à adhérer à l’antenne FFMC de Clermont-Ferrand ». Une formation Education routière jeunesse et une ribambelle d’opérations de prévention et de sensibilisation plus tard, Pierre-Henri Marchand monte l’antenne FFMC de Haute-Loire, qu’il structure et dirige de 2009 à 2015, pour finalement passer le relais et endosser de nouvelles responsabilités. Depuis mai dernier, il siège en effet au bureau national de la Fédération.
La France dernière de la classe
Avec cette nouvelle fonction, le Brivadois entend défendre plus ardemment que jamais les deux roues motorisés (2RM). Ce samedi 10 octobre 2015, équipé de son porte-voix, il était en première ligne, à Clermont-Ferrand, lors de la manifestation nationale contre les interdictions de circulation des 2RM en ville. « Nous exclure n’apportera pas de solution au problème des émissions de gaz à effet de serre », martèle-t-il. « Les 2RM réduisent les temps de transport et les problèmes de stationnement, participent à la fluidification de la circulation et ont une empreinte carbone limitée. Les interdire en ville, c’est contre-productif et stupide, faut pas sortir de Saint-Cyr pour le comprendre. Finalement, on ne s’attaque pas aux causes. C’est de l’homéopathie pour réduire les fractures ». Si Pierre-Henri Marchand est aussi remonté, c’est parce que, dans ce domaine, la France mérite, selon lui, le bonnet d’âne, alors même que le parlement européen a adopté le rapport du député Wim Van de Kamp et ainsi reconnu l'importance des deux-roues motorisés dans une politique de mobilité durable. « Le 2RM est une solution reconnue au niveau européen », insiste-t-il. « On est le seul pays d’Europe à vouloir mettre des restrictions de circulation qui incluent les deux-roues motorisés. Les autres ont compris ».
L’éducation plutôt que la répression
Du coup, le gouvernement français est clairement dans le collimateur du militant et les 22 mesures* annoncées par le Comité interministériel de sécurité routière (CISR), vendredi 2 octobre, ne risquent pas d’apaiser son mécontentement. « Ces mesures sont déconnectées de la réalité », dénonce-t-il. « Par exemple, on veut nous obliger à un contrôle technique, alors que moins de 1% des accidents mortels en 2RM sont causés par un défaut technique du véhicule. On reste dans le dogme ».
L’obligation de "délation" et le durcissement du permis moto restent aussi en travers de la gorge du Brivadois, tout comme les huit mesures liées aux radars. « On nous bassine avec la répression », fulmine-t-il. « C’est sûr, l’hyper-développement des radars, ça rapporte du fric tout de suite, mais la véritable problématique est dans les comportements ». Et pour les faire évoluer, Pierre-Henri Marchand prône l’éducation et la communication positive. « La FFMC participe au Conseil national de sécurité routière, qui reconnaît l’importance du continuum éducatif », précise-t-il. « Les mesures récentes du CISR n’en tiennent pas compte. Parce qu’éduquer les gens, ça coûte cher. Nous, on a des moyens limités, et de toute façon c’est à l’Etat de le faire. Il faut développer l’idée de partage de la route, pour que les gens fassent plus attention aux deux-roues, car c’est cette inattention qui cause le plus de morts. Dans deux tiers des cas, le motard n’est pas responsable de l’accident. On veut une vraie prise en compte du 2RM ». Et tant qu’ils ne l’auront pas obtenue, Pierre-Henri Marchand et ses collègues de la FFMC vont continuer à défendre leurs convictions becs et ongles.

I.A.
 

  • *Les 22 mesures annoncées par le gouvernement le 2 octobre

MESURE N°1 Multiplier par quatre le nombre des zones sécurisées par des dispositifs de contrôle automatisés, en installant notamment des radars « leurres » : il s’agit de créer des zones de contrôle de la vitesse, toujours signalées par un panneau, au sein desquelles des radars seront susceptibles d’être ou non présents.

MESURE N°2 Augmenter, dans les meilleurs délais, l’utilisation des radars embarqués dans des véhicules banalisés, en confiant leur mise en oeuvre à des prestataires agréés, sous étroit contrôle de l’Etat.

MESURE N°3 Développer et augmenter le nombre d’infractions constatables par les radars multifonctions (feux-rouges, vitesse, discriminants par type de véhicule, respect des distances de sécurité, détection des dépassements dangereux, franchissement de ligne continue, etc). A cet effet, le plafond du nombre des radars sera augmenté de 4 200 à 4 700, à échéance de 3 ans. Chaque implantation nouvelle de radars fera, comme c’est toujours le cas, l’objet d’une étude approfondie de l’accidentalité du site.

MESURE N°4 Augmenter la proportion, au sein du parc, des radars autonomes déplaçables, en portant leur nombre à 250 fin 2016.

MESURE N°5 Expérimenter l’utilisation de drones au service de la sécurité routière. Expérimenter l’utilisation des systèmes de lecture automatisée des plaques d’immatriculation pour lutter contre le défaut d’assurance des véhicules.

MESURE N°6 Étendre le nombre des infractions pouvant être constatées sans interception en bord de route (vidéoverbalisation, ou radar automatisé avec envoi d’une contravention), en commençant par le non-port du casque.

MESURE N°7 Elargir les possibilités de recours à l’éthylotest antidémarrage (EAD) sur décision judiciaire et le permettre sur décision préfectorale pour les contrevenants d’habitude.

MESURE N°8 Augmenter le nombre de contrôles des conduites sous stupéfiant : la prise de sang en milieu médical, consommatrice de ressources humaines des forces de l’ordre, sera remplacée par un test salivaire de confirmation, effectué au bord de la route.

MESURE N°9 Afin de dissuader la conduite sous l’emprise de stupéfiants, permettre aux officiers de police judiciaire et, sous leur contrôle, aux agents de police judiciaire, de prendre l’initiative de contrôles aléatoires de stupéfiants.

MESURE N°10 Lutter contre la conduite avec un faux permis ou avec un permis falsifié, par la création d’un délit spécifique permettant la confiscation du véhicule.

MESURE N°11 Lutter contre le défaut d’assurance : - en rendant obligatoire la présentation de l’attestation d’assurance lors de l’immatriculation du véhicule ou du retrait d’un véhicule mis en fourrière ; - en créant un fichier des véhicules assurés, consultable lors du contrôle automatisé de la vitesse ou par les lecteurs automatiques de plaque d’immatriculation des forces de l’ordre (LAPI), afin de détecter les véhicules non-assurés en circulation.

MESURE N°12 Améliorer l’accompagnement des victimes des accidents de la circulation et de leurs familles et faciliter leur indemnisation : - en permettant une prise en charge immédiate et efficace des victimes dès l’ouverture de l’enquête ; - en facilitant l’organisation des audiences correctionnelles dédiées au contentieux routier ; - en renforçant l’indépendance des experts requis par la justice en matière d’accidents de la route et d’indemnisation du dommage corporel, par la prévention des conflits d’intérêt ; - en réduisant les délais d’exécution de l’indemnisation des victimes.

MESURE N°13 Afin de sécuriser le parc d’occasion et de protéger l’acheteur, instaurer un contrôle technique pour la vente de deux-roues motorisés d’occasion à échéance de deux ans.

MESURE N°14 Conditionner la possibilité de conduire une moto de forte puissance (supérieure à 35 KW) à une formation qui ne pourra être effectuée qu’après deux ans de détention du permis moto.

MESURE N°15 Afin de limiter les blessures graves, rendre obligatoire le port de gants homologués pour les usagers de deux-roues motorisés.

MESURE N°16 Pour protéger les usagers de bicyclette de moins de 12 ans, rendre obligatoire pour eux le port du casque certifié.

MESURE N°17 Bâtir à échéance de 2 ans une base de données nationale des vitesses maximales autorisées, en libre accès, enrichie progressivement par l’ensemble des autorités ayant la compétence pour fixer ces vitesses.

MESURE N°18 Nouer des partenariats de long terme avec les sociétés qui par leur activité peuvent concourir à la sécurité routière (aide à la navigation, téléphonie mobile…).

MESURE N°19 S’agissant des véhicules, promouvoir auprès de l’Union européenne l’obligation progressive d’équipements innovants améliorant la sécurité routière (surveillance des angles morts, dispositifs de freinage d’urgence et systèmes de détection de la dérive de la trajectoire, système visuel et sonore de bouclage de la ceinture sur toutes les places assises, ergonomie des postes de conduite et lutte contre les facteurs de distraction que sont, par exemple, les écrans ou les téléphones…).

MESURE N°20 Assurer l’égalité pour tous en matière de respect des règles : - en créant la contravention de non-révélation de l’identité du conducteur par le représentant d’une personne morale propriétaire du véhicule en infraction (contravention de 4e classe de 650 €). - par un suivi effectif de la mise en jeu systématique de la responsabilité des agents publics qui commettent une infraction avec un véhicule administratif mis à leur disposition (sauf motif légitime inhérent à la mission).

MESURE N°21 Permettre à certains employeurs, en particulier les transporteurs, de connaître la validité ou l’invalidité du permis de conduire de leurs employés affectés à la conduite (à l’exclusion du solde de points et de toute autre donnée personnelle).

MESURE N°22 Restaurer l’égalité de traitement entre conducteurs français et étrangers : - afin d’assurer le recouvrement de leurs amendes, en inscrivant dans un nouveau fichier les conducteurs non domiciliés en France qui n’ont pas payé leurs amendes forfaitaires majorées (AFM) ; - à court terme, en créant un « permis à points virtuel » pour les contrevenants étrangers lors de leur passage sur les routes françaises, fonctionnant comme un permis de conduire à points français ; - en promouvant fortement au plan européen l’adoption d’une législation permettant la reconnaissance mutuelle entre Etats membres du retrait des points et des permis de conduire.

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