Tête de mule, cœur tendre : chronique d’une reconversion obstinée

Par Hélène DEPAILLER , Mise à jour le 24/10/2025 à 12:00

Temps de lecture : 3 minutes

"Ingénieure dans la biologie pendant quatre ans, je ne me sentais pas très utile. Je savais que je voulais rendre service, et mener des projets qui aboutissent rapidement." Le métier de cordonnier remplissait tous ces critères. Rencontre avec Romane Beneston, 28 ans, cordonnière fraîchement installée à Issoire.

Une reconversion inédite

Originaire du Mans, Romane arrive en Auvergne en 2017 pour ses études d’ingénieure, loin d’imaginer qu’elle deviendrait cordonnière à Issoire. Sans expérience ni lien familial dans le métier, elle découvre cette voie grâce à un accompagnement professionnel et à plusieurs rencontres avec des artisans passionnés. Convaincue, elle se forme à l’Afpa de Romans-sur-Isère, haut lieu de la chaussure. Le parcours n’est pas simple : sans financement, elle doit économiser pour payer sa formation et multiplie les stages au Cendre et à Saint-Flour.

Le choix du centre-ville

Romane ouvre sa cordonnerie en octobre, dans un ancien magasin de pêche rue Berbiziale. Le local, trouvé grâce à la mairie, la séduit immédiatement. « Je voulais être en centre-ville, là où il y a une âme », explique-t-elle. Pour elle, cette rue piétonne et commerçante incarne la convivialité qu’elle recherchait.

Des journées bien remplies

Ses journées commencent à 8 h et se terminent vers 19 h. Débutante, Romane prend le temps d’apprendre les bons gestes : « Je travaille lentement, tout prend du temps. » Entre réparations et accueil des clients, elle s’organise peu à peu, réservant les jeudis et samedis après-midi à l’atelier.

Un métier exigeant et varié

Les réparations les plus fréquentes concernent talons et patins, mais Romane aime surtout les travaux originaux, comme cette pochette sur mesure conçue pour un client. Ce qu’elle apprécie : la diversité et l’adaptation constante qu’exige chaque paire de chaussures.

Une clientèle reconnaissante

Sa clientèle, majoritairement âgée, se réjouit du retour d’une cordonnerie en centre-ville : « Certains passent juste pour me dire merci d’avoir ouvert », confie-t-elle. Elle propose aussi la duplication de clés et badges, avec des délais d’environ dix jours pour les réparations de chaussures.

Réparer plutôt que jeter

De plus en plus de jeunes viennent également pour des raisons écologiques. Romane encourage à prolonger la vie des chaussures : « Il faut venir avant qu’elles ne soient trop usées. » Pour elle, réparer, c’est aussi participer à la réduction du gaspillage et valoriser le travail artisanal.

Le bonus réparation

En attente d’une certification officielle, elle applique déjà le bonus réparation, qui réduit le coût pour les clients : environ 12 à 14 € pour une pose de patin et 16 à 17 € pour un talon. Ce dispositif soutient à la fois les consommateurs et les artisans.

Tête de mule

Le nom de sa boutique, Tête de mule, est un clin d’œil à la fois à la chaussure et à sa détermination : « C’est un message pour moi-même, car maintenant, c’est moi qui décide. » Entre douceur, ténacité et passion, Romane débute une nouvelle aventure prometteuse dans l’artisanat local.

 

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