Syndicat enseignant, des mobilisations en perspective

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 09/09/2021 à 16:00

La première fédération syndicale en France de l'enseignement veut maintenir la pression contre les choix et les nébulosités du gouvernement. Une semaine après la rentrée, les militants annoncent déjà deux mobilisations d’ampleur, plus une troisième en soutien aux personnels AESH.

« C’est une rentrée frénétique avec beaucoup de combats que nous souhaitons porter rapidement, entame Louise Pommeret, co-secrétaire de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) Haute-Loire. Déjà, nous voulions mettre en exergue l’auto-congratulation que s’est octroyé le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer à travers son essai intitulé École ouverte. Il se montre en sauveur de l’École publique qu’il aurait été le seul à vouloir maintenir ouverte pendant la pandémie ».

Elle pose la question : « Contre qui s’est-il battu ? Personne. Car tout le monde était d’accord pour qu’elle reste ouverte. Alors, pendant que le Ministre invente des clivages qui n’existent pas, son enfumage, lui, existe bel et bien. Ceci au détriment des enseignants, des élèves et des parents d’élèves ».

Muriel Vignaud, Louise Pommeret, et Jean-Pierre Rioufrait. Photo par Nicolas Defay

Trois mobilisations dans les jours à venir

Le jeudi 23 septembre pour un plan d’urgence dans l’Éducation. Le mardi 5 octobre contre les « réformes antisociales des retraites et de l’assurance-chômage ». Et le mardi 19 octobre en soutien aux AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) dont la mise en place des PIAL (pôles inclusifs d'accompagnement localisés) a déchaîné et la colère et l’inquiétude du personnel en question. « La crise a montré le besoin de protections collectives et le manque d’investissements dans les services publics, appuie Louise Pommeret. La FSU appelle ainsi à se mobiliser en masse pour une rentré sociale, pour défendre les droits sociaux et les libertés de toutes et tous ».

« Pour la première fois dans le 1er degré, il y a eu l’embauche dès la rentrée de six enseignants sous le statut de contractuel, chose qui est simplement intolérable ». Muriel Vignaud

« Doit-on les écarter des sorties en risquant ainsi un grave problème de discrimination ?»

Le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles (SNUipp) et la FSU dénoncent le manque de précisions sur les passages entre les quatre niveaux de protocole sanitaire. « Nous ne savons même pas qui doit donner l’ordre de changer de niveau, déplore Louise Pommeret. Le préfet ? Le rectorat ? La direction de l’école ? »

Idem sur le sujet de la vaccination pendant le temps scolaire. « La FSU est favorable à une vaccination de masse des 12-18 ans. Mais comment l’organiser ? En extérieur ? De façon individuelle ? Par groupe ? Au sein de l’établissement scolaire ? » Enfin, le syndicat demande également des précisions pour l’organisation des sorties scolaires soumises au pass sanitaire. « Comment va-t-on faire avec les élèves non vaccinés qui n’auront bientôt plus accès aux tests gratuits à la fin du mois de septembre ? Doit-on les écarter des sorties en risquant ainsi un grave problème de discrimination ? »

« Le télétravail a tendance à couper du monde la personne et à détériorer son lien social. Assurément, cette pratique isole les agents ». Jean-Pierre Rioufrait

« Cela équivaut à la suppression de 166 collèges de 45 professeurs ! »

Muriel Vignaud du SNUipp met en lumière un fait sans précédent dans le département. « Pour la première fois dans le 1er degré, il y a eu l’embauche dès la rentrée de six enseignants sous le statut de contractuel, chose qui est simplement intolérable. Malgré toute la bonne volonté de ces personnes, elles sont par définition moins expérimentées qu’un titulaire et également moins payées. Nous demandons ainsi de vraies créations de postes et de classes là où l’effectif le justifie comme à Fay-la-Triouleyre et au Pertuis par exemple ».

D’après les militants, 7 490 postes d’enseignants ont été supprimés des collèges et des lycées de France depuis l’arrivée de Jean-Michel Blanquer. « Cela équivaut à la suppression de 166 collèges de 45 professeurs ! », se désole Louise Pommeret. Toujours selon leurs données, 63 600 nouveaux élèves ont pourtant été accueillis dans le secondaire.

« La FSU continue à se lever contre certains projets dévastateurs pour l’environnement à l’instar du chantier pharaonique de la RN88 porté par la Région ». Louise Pommeret

« Que soit respecté le grand principe de volontariat des agents publics dans le choix de télétravailler »

Jean-Pierre Rioufrait de la FSU soulève, quant à lui, les dérives que provoquerait le télétravail à outrance. « Il faut vraiment être vigilant, prévient-il. Car cette pratique a tendance à couper du monde la personne et ç détériorer son lien social. Assurément, le télétravail isole les agents ». Un accord a été signé le 13 juillet pour améliorer le recours au télétravail notamment dans la fonction publique territoriale, une sphère où « bon nombre de collectivités y restent réfractaires », affirme Jean-Pierre Rioufrait. Il insiste : « Nous demandons que soit respecté le grand principe de volontariat des agents publics dans le choix de télétravailler ou non ».

« Notre maison à tous brûle sans qu’aucune solution d’ampleur ne se dessine à l’horizon »

Sujet à part, la FSU s’empare aussi du problème mondial du réchauffement climatique. « Nos mobilisations seront aussi l’occasion de rappeler que notre maison à tous brûle sans qu’aucune solution d’ampleur ne se dessine à l’horizon, livre Louise Pommeret. Notre responsabilité à toutes et à tous est engagée, et plus encore à la lecture du rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, Ndlr). C’est pour cela que, localement, la FSU continue à se lever contre certains projets dévastateurs pour l’environnement à l’instar du chantier pharaonique de la RN88 porté par la Région ». Le principal syndicat des enseignants soutient ainsi le collectif de la Lutte des Sucs et les associations environnementales comme FNE 43 (France Nature Environnent).

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8 commentaires

ven 10/09/2021 - 13:05

Si le métier est si avantageux que ça, postulons ! Il y a plein de postes non pourvus ! 

ven 10/09/2021 - 12:15

Ceux qui disent qu'ils n'ont jamais vu des syndicats être d'accord avec les mesures, je vous invite à voir du côté de l'UNSA éducation. Ce syndicat progressiste est d'accord avec presque tout. Enfin ceux qui critiquent les revendications ne font pas partie du système et ne comprennent pas tout ce que Blanquer a mis en place. 

ven 10/09/2021 - 08:57

depuis 1968 (date de mon entrée dans la vie active) l'Education Nationale est perpétuellement mécontente des décisions prises par le ministère. C'est une maladie chronique qui ne se soigne pas. A croire que les responsables syndicaux passent leur journée à réfléchir commet ils pourraient démolir la dernière mesure. ça doit être fatiguant. Jamais je n'ai vu une décision qui reçoivent leur agrément. Râleurs permanents, je pense qu'on pourrait vous nommer ministre . . .  hé bien vous serez encore mécontent. Cherchez plutôt à supprimer les points de vente de drogue dans les établissements ; à éviter le harcèlement. Faire respecter la discipline.   

ven 10/09/2021 - 07:51

et voilà, cela continue, les ronchons, perpétuels insatisfaits, râleurs impénitents, reviennent à la charge au lieu de se concentrer sur leurs classes et leurs élèves qui en ont bien besoin en ces temps tourmentés..... 

ven 10/09/2021 - 07:41

Quelques remarques tous azimuths :

-si les syndicalistes étaient présents dans leurs classes, l'Education Nationale n'aurait pas besoin de faire appel à des contractuels.

-les syndicats se pré-occupent de l'environnement : qu'ils évitent donc de meubler leurs jours à produire des tracts et à envoyer des mails sans revendications.

-un syndicat d'enseignants s'engage dans la lutte contre le chantier de la RN88 ??? Ont-ils seulement compris la limite de leur mission ? Je n'imaginais pas que la voirie faisait partie de leur champ d'études.

Bref, si nos syndicalistes se mobilisaient pour des sujets d'Education qui en valent la peine (et il y en a), ils auraient beaucoup plus de crédit ! Pour prétendre défendre le travail, il faudrait aussi soi-même travailler ...

ven 10/09/2021 - 01:49

Bravo à ces enseignants qui posent les bonnes questions et qui tiennent leur poste, malgré leur ministre qui ne pense qu'à se faire mousser dans les médias, quitte à raconter les plus gros mensonges. La santé des élèves, de leurs parents, des enseignants et de leur entourage, M. Blanquer n'en a rien à faire : il préfère aller aux JO de Tokyo avec Macron ou se faire photographier en train de faire du sport tout l'été. Pendant ce temps là, il détruit peu à peu le service public d'éducation. Tous ceux qui ont eu une chance de réussite grâce à l'école peuvent être certains d'une chose : les enfants d'aujourd'hui n'auront pas cette chance, grâce à Blanquer, Vidal et Macron.

jeu 09/09/2021 - 22:41

Pour les démagos, les gens bien informés et autres retraités réaco-braillards, je rappelle que les chefs d'établissement n'ont pas un niveau supérieur aux profs étant parfois même n'ont jamais été profs. D'ailleurs ne confondons pas niveau et motivation, et d'ailleurs il ne faut pas espérer attirer les grosses têtes avec des salaires les plus faibles de l'OCDE.

Chacun est libre de défendre son job. Il est étrange de constater qu'il y a de moins en moins de postulants au concours de prof, alors que c'est pourtant un métier de privilégié selon certains. Bien sûr, il y a ces satanés vacances,  alors que les envieux deviennent profs mais acceptent d'abandonner leurs tickets resto, leur prime d'intéressement et de participation, leur treizième mois, leur CE. 

jeu 09/09/2021 - 19:01

HONTEUX  !! À peine rentrés les voilà qu'ils vont manifester après une année scolaire écourtée causée par le virus  !!! Certainement à l'initiative de ces "enseignants" dont le niveau est peut-être mis en cause par "le futur tri" par les chefs d'établissements. ..Rien d'étonnant alors...QUI va en subir les conséquences ?? Parents d'élèves et élèves dont il va falloir encore s'organiser pour les garder et/ou les faire garder à cause d'une catégorie de personnels privilégiés et irresponsables. Pfffffff...