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Sevarome : ''C'est le fruit de plusieurs années qui part en fumée''

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:33

Il y a deux mois, l'entreprise Sevarome, à Yssingeaux, était en proie aux flammes. La moitié du bâtiment a été détruite. Mais pas question de se laisser abattre. Comment se relever d'un tel sinistre ? Où en est-on aujourd'hui ? La réponse du directeur général de l'entreprise.
Le bâtiment sinistré est en phase de déconstruction, une phase qui devrait s'achever cette semaine et qui a pris du temps car il a d'abord fallu procéder à la décontamination du bâtiment, en triant l'ensemble des déchets jugés dangereux.

Le bâtiment ne sera pas reconstruit à l'identique
"A l'issue de l'opération de déconstruction, on va avoir un objectif de reconstruction de la partie détruite", explique Gérard Trivier, le Directeur Général de Sevarome. Elle ne devrait pas être reconstruite à l'identique, car "on avait déjà des projets d'agrandissement avant le sinistre et on va travailler à une amélioration un peu plus profonde du site", ajoute-t-il, qui devrait porter sur la sécurité du produit et du personnel, tout en aérant certains ateliers.
Mais la vocation première de cette extension n'est pas d'augmenter la productivité, "c'est avant tout pour rendre les opérations plus faciles et ainsi mieux contribuer à l'expression de nos créativités de produits". Les nouveaux locaux devraient être disponibles avant la fin de l'année 2015.

Sevarome intervient dans nos chocolats, nos confiseries ou encore nos glaces
Sevarome, qui a fêté ses 50 ans en 2014, présente un chiffre d'affaire de 7,5 millions d'euros. Il exporte dans le monde entier environ 25 % de sa production. Son coeur d'activité, ce sont les arômes et ingrédients alimentaires pour le monde du dessert. Sevarome intervient donc dans la fabrication de nombreux produits sucrés (hors boisson), du macaron à la crème glacée, en passant par les confiseries ou le chocolat.
Plutôt orienté sur le haut de gamme, Sevarome vend surtout aux artisans des métiers de bouche (pâtissier, chocolatier, confiseur...), aux réseaux de distribution de ces mêmes métiers ou aux industriels directement, pour qui des produits spécifiques sont développés.

----Nactis dispose de six sites de production en France (Bondoufle, Chartres, Yssingeaux, Furdenheim, Illkirch) et en Belgique (Schoten), de quatre filiales commerciales à l’international (Bulgarie, Etats-Unis, Pologne et Tunisie) et d’un solide réseau d’agents commerciaux. Il distribue sa gamme dans 50 pays d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Asie et du Maghreb. Il compte 250 collaborateurs, dont 175 en France et 75 à l’international. Il présente un chiffre d’affaires de 55 M€, dont 6 % est consacré à la recherche et au développement.-----La production est déjà revenue à près de 90 %
Si le sinistre de fin décembre n'avait pas engendré de chômage technique, il y avait tout de même eu deux semaines d'arrêt pour une partie de la production, sur certains produits. "On a perdu la moitié de notre surface après cet incendie", rappelle le Directeur Général de Sévarome, "il a forcément fallu s'adapter immédiatement, avec notamment la location d'un bâtiment séparé pour du stockage". Il a également fallu faire sous-traiter quelques produits "en interne", auprès de sites appartenant au groupe Nactis, auquel appartient Sevarome (voir encadré).
Le local sinistré, lui, abritait une partie de l'outil de production, ce qui a nécessité d'aussitôt racheter du matériel, mais il s'agit de machines spécifiques, ce qui implique une certaine inertie et toutes n'ont pas encore été livrées dans la zone industrielle de La Guide à Yssingeaux. Malgré ces obstacles, l'entreprise a déjà retrouvé une bonne vitesse de croisière, avec une production de l'ordre de 80 à 90 %. Pour revenir à la production initiale, il faudra certainement encore attendre deux mois.

Une ambiance plus confinée... de quoi ternir le moral des troupes ?
En attendant la construction des nouveaux locaux, les 40 employés de Sevarome (environ 39 équivalent temps plein) sont contraints de travailler dans une ambiance plus confinée, "ce qui n'est pas l'idéal", relève Gérard Trivier.
De quoi ternir le moral des troupes ? "Non, le moral est resté bon", répond-il, "les conditions de travail ont changé durant cette période intermédiaire, ce qui est de nature à offrir un petit peu moins de confort dans le quotidien mais on trouve quand même des solutions".

"C'est le fruit d'un travail de plusieurs années, voire décennies, qui part en fumée d'un coup"
L'incendie était lié à une erreur de manipulation sur un mélangeur. Il n'y avait eu qu'un blessé léger, mais d'importants dégâts puisqu'environ 750 m² avaient été ravagés par les flammes.
"Ce genre d'événement est très traumatisant, pour l'entreprise, pour les équipes... C'est le fruit d'un travail de plusieurs années, voire décennies, qui part en fumée d'un coup", témoigne-t-il, "c'est très douloureux, puis vient une période de réaction, où l'on veut lutter et retrouver son souffle. Vient ensuite une phase d'analyse : tout sinistre a une cause et on se doit de faire en sorte que ça ne se reproduise jamais, même si le risque zéro n'existe pas".

"Il nous faut vite retrouver nos espaces pour bien faire les choses, et ainsi vite retrouver le succès"
Ce retour d'expérience va-t-il donc se traduire par des aménagements particuliers de sécurité ? "Non, pas vraiment", répond-il, "car on était déjà bien conscients des risques encourus et on avait déjà mis beaucoup de choses en place". Il s'agira donc davantage d'ajustements.
Reste à savoir ce qu'on peut souhaiter à cet entrepreneur ? "Une très bonne renaissance", répond-il, "on est quand même en souffrance, même si le moral est bon, donc il nous faut vite retrouver nos espaces pour bien faire les choses, et ainsi vite retrouver le succès".

Maxime Pitavy

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