Pollution à Loudes : « Pas une victoire. Plutôt une grande étape de transparence »

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 11/05/2022 à 16:30

La Cour d’appel de Riom a rendu un premier jugement concernant le rejet des effluents industriels en surdose dans le lagunage de Pralhac à Loudes. Si l’Agglo du Puy ne trouve pas une solution dans un mois, elle devra verser 1 000 euros de pénalité par jour de retard.
Antoine Wassner, Directeur de la société Sabarot et Michel Joubert, Président de la Communauté d'Agglomération du Puy, échangent alors leurs points de vues.

En résumé ? Des effluents qui ont pollué des mois durant la rivière du Say à Pralhac (Loudes) et celle de Fontannes à Chaspuzac. Une zone d’activité où se serrent des entreprises branchées sur le lagunage mis en cause, totalement saturé par une pollution organique. Deux poids lourds en plein bras de fer judiciaire. Et des riverains qui n’en peuvent plus.

Au fil de cette affaire de pollution mise en lumière dans les différents médias de Haute-Loire depuis octobre 2021, des plaintes se sont ajoutées les unes aux autres. Après les deux collectifs des villages de Pralhac et de Fontannes, la Fédération de pêche saisit la justice en portant plainte contre X. La Police de l’Eau a également effectué une procédure en ce sens. L’objectif ? Désigner les responsables et les condamner en fonction du préjudice constaté. Le justice semble avoir tranché.

« Michel Joubert avait tous les documents ! Il savait tout ! Il est incroyable d’entendre que l’Agglo n’était pas au courant de ça ! Nous avons été totalement floués ! » Antoine Wassner, Directeur de la société Sabarot

Sabarot se défend....

Alors que l’entreprise Sabarot est, un temps, montrée du doigt après le résultat des analyses de l’eau en sortie du lagunage, cette dernière se défend aussitôt. En toute transparence, elle démontre les écueils de l’Agglomération du Puy-en-Velay qui est en charge de traiter les déchets de l’entreprise.

« En 2019, nous avions indiqué la quantité et la contenance de nos effluents à l’Agglo dans une convention de déversement, assure Antoine Wassner, Directeur de l’entreprise Sabarot. Elle mentionnait des rejets d’environ 2 000 équivalents habitants. L’Agglo connaissait donc ces données. En 2021, elle construit le lagunage de Pralhac. Nous avons appris, suite à la médiatisation de la pollution, que ce lagunage avait une capacité de seulement 190 équivalents habitants ! Dix fois inférieure par rapport à ce que nous avions signé ! Et c’est sans parler des effluents des autres entreprises qui utilisent aussi ce lagunage. »

« Aucun élément ne permet à ce jour de considérer qu’elle (la lagune, Ndlr) n’a pas été dimensionnée conformément aux besoins de la zone. La Communauté d’agglomération a engagé des démarches afin qu’un organisme indépendant puisse se prononcer quant au caractère suffisant de cette lagune ». Michel Joubert, Président de la Com d'Agglo du Puy

...mais l'Agglo également

Michel Joubert nuance l'analyse d'Antoine Wassner en soutenant que seuls les effluents domestiques devaient être rejetés dans la nature. « La Communauté d'agglomération, dans le cadre de l'aménagement de la zone d'activités de Combe Aérodrome, a pris l'engagement de traiter les eaux usées de nature domestique des entreprises implantées sur la ZA, insiste le Président de l'Agglo. L'unité de traitement réalisée au lieu-dit Pralhac a ainsi été dimensionnée en conséquence, sous forme d'un lagunage ».

Michel Joubert ajoute encore : « Le problème de pollution rencontré à Pralhac ne résulte pas à notre sens de la conception du réseau. Mais il est évident que des mesures doivent être prises afin d’assurer la préservation de l’environnement ».

« Sous astreinte de 1 000 euros par jour calendaire de retard »

Le mercredi 4 mai, l’Agglo du Puy et la société Sabarot se retrouvent alors entre les murs de la Cour d’appel de Riom. Quand la première estime que tout a été fait dans les règles pour la construction du lagunage, la seconde prouve, documents à l’appui, que le dispositif est bien trop petit pour absorber les effluents de Sabarot et des autres entreprises présentes dans la même zone.

L’ordonnance rendue le lendemain, soit le jeudi 5 mai, donne alors raison à Sabarot Wassner. La justice exige de la collectivité ponote « à mettre en place, en urgence, une solution temporaire, adéquate et palliative de traitement des effluents de la ZA de la Combe afin de renforcer la capacité de traitement du lagunage de Pralhac, notoirement sous-dimensionné. » D’autre part, pour s’assurer que l’Agglo s’active sur le sujet, elle lui permet un délais d’un mois pour trouver une issue « sous astreinte de 1 000 euros par jour calendaire de retard ».

« Ce qui est dommage est que si Michel Joubert nous avait avertis dès le début du problème, nous aurions réagi aussitôt et évité toute cette pollution et la mauvaise image que cette affaire a généré ». Antoine Wassner

« L’Agglo a fauté »

« Ce n’est pas une victoire, nuance Antoine Wassner. Mais plutôt une grande étape de transparence. Le jugement de la Cour d’appel et l’ordonnance qui en découle indiquent clairement la source du problème. L’Agglo a fauté. »

Il ajoute : « Ce qui est dommage est que si Michel Joubert nous avait avertis dès le début du problème, nous aurions réagi aussitôt et évité toute cette pollution et la mauvaise image que cette affaire a généré ».

« Par rapport à la situation de l'entreprise Sabarot, j’ai pris la décision de mettre fin à l’autorisation de rejet de ses eaux industrielles dans la station de Pralhac le 18 mars dernier. La mise en place d'une solution de traitement spécifique par cette entreprise est la traduction logique des autorisations administratives auxquelles elle est soumise. » Michel Joubert

« Une station définitive en 2023 pour un investissement supplémentaire d’un million d’euros »

Depuis un mois, Sabarot a totalement arrêté de rejeter ses effluents dans le lagunage. « Nous traitons actuellement nos déchets avec différents prestataires de Haute-Loire, livre-t-il. Puis nous allons mettre en place une station d’épuration temporaire dès le mois de juin, station qui va d’ailleurs nous coûter énormément d’argent (600 000 euros), ajoute-t-il. Elle sera en activité jusqu’à la construction d’une station définitive en 2023 pour un investissement supplémentaire d’un million d’euros ».

Michel Joubert indique à ce propos que la rivière de Pralhac a retrouvé son visage d'avant : « La situation est revenue à la normale depuis plusieurs semaines au niveau de la station et des analyses de suivi sont réalisées de façon continue pour vérifier la qualité des rejets en aval de l'ouvrage de traitement ainsi que l'évolution de l'état sanitaire du ruisseau du Say », assure-t-il.

« On va certes se retrouver...mais devant la justice. Des dommages et intérêts doivent être pris en charge par l’Agglomération du Puy. De nouvelles procédures ont été lancées en ce sens ». Antoine Wassner

« Il est hors de question que je travaille de nouveau avec eux »

Si la Cour d’appel demande à ce que l’Agglomération du Puy et l’entreprise Sabarot avancent main dans la main pour régler le problème, Antoine Wassner refuse catégoriquement. « Je n’ai plus du tout confiance aux services de la collectivité, tonne-t-il. Il est hors de question que je travaille de nouveau avec eux. On va certes se retrouver...mais devant la justice. Des dommages et intérêts doivent être pris en charge par l’Agglomération du Puy. De nouvelles procédures ont été lancées en ce sens ».

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5 commentaires

jeu 12/05/2022 - 19:46

Il serait salutaire qu'un collectif de citoyens vivants sur l'Agglo se constitue afin de demander des comptes à cette équipe dirigeante qui brille surtout par son incompétence et son inconséquence quand à sa façon de considérer les finances publiques. Ceci bien entendu où ces petits élus de pacotille auraient la bonne idée d'augmenter les impôts. Évidemment une hausse maquillée par je ne sais qu'elles balivernes.

 

jeu 12/05/2022 - 16:56

Notre journaliste préféré est de retour. Pourquoi la justice ne fait pas payer celui qui a signé tous les documents(président de ci, de là). C 'est connu Mr Joubert n' a jamais tort... Avec le porte-monnaie des impôts tout va. Si c'était le sien, il regarderait de plus prés ces dossiers avant de parapher.Ex : la retenue d'eau a mauriac, cout approximatif un million et demi d 'euros pour 4 personnes, 70% de subventions, le reste emprunt de la commune, en plus une nouvelle catastrophe écologique en vue. Ne vaudrait-il pas mieux que cet argent là ( station d'épuration), sauvons notre nature de cet homme néfaste qui ne cherche que son m 'a tu vu.

mer 11/05/2022 - 21:39

Monsieur Joubert répète en boucle son attachement sans faille au développement économique de la CAPEV et ne cesse jamais de rappeler que sans le soutien, également sans faille, de l'omnipotent Président de la Région rien ne saurait possible. Le désastre environnemental dont il est responsable et le désaveu catégorique dont l'accable la plus importante entreprise installée sur sa commune montrent son incompétence et son inconséquence dans les domaines fondamentaux de l'économie et de l'écologie. La commune de Chaspuzac est dévastée par une urbanisation et une minéralisation des sols anarchiques, et menacée de l'être encore plus par l'installation d'une retenue collinaire aussi inutile que nuisible. Cet homme est dangereux, son irresponsabilité est coupable.

mer 11/05/2022 - 20:41

Wauquiez veut détruire le paysages des sucs, l'agglo semble détruire nos cours d'eau, le maire du puy semble avoir des pratiques quasi mafieuses dans l'attribution des marchés publics avec le regard approbateur du seigneur des panneaux (au fait ca coute combien, ces annerie de panneau bleux?). Le Prefet semble vouloir autoriser le passage de pléthore de motos en zone Natura 2000... Merci à tous ces dirigeants de détruire l'avenir des nos enfant....Non mais, c'est pas bientôt fini ces dirigeants à la noix, incapables de gérer le moindre dossier sans avoir des problème avec la justice et toujours plus destructeurs de l'environnement et du climat!!!!

mer 11/05/2022 - 19:02

1000 ou 10 000€ par jour où est le problème pour Joubert étant donné que c'est le contribuable qui va payer