Place de la libération, place au goudron

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:03

Plus de 900 000 euros. C'est le budget qui a été investi pour effectuer un lifting intégral de la place de la Libération au Puy-en-Velay, lieu de la caserne des pompiers, du siège de l'Agglomération et ses salles de sports, de l'entrée du stade Massot ou encore de la gendarmerie. Pour cela, les places de parking ont été redessinées, une allée piétonne centrale a été créée, des stationnements deux roues ont surgi de terre ainsi que des emplacements spécialement conçus pour les voitures électriques. Les conteneurs de déchets recyclables et ordinaires ont même été enterrés laissant simplement apparaitre une rangée de réceptacles design.

Pour mettre en valeur les monuments à proximité
"On est très content de pouvoir enfin vous présenter la nouvelle place de la Libération, partage Michel Chapuis, maire du Puy-en-Velay, devant un auditoire d'une cinquantaine de personnes ce vendredi 7 février 2020. On a réussi à bien laver le goudron pour qu'il soit harmonieux. On est maintenant sur une place très jolie. On a essayé et réussi à imposer une cohérence entre le Pont Vieux et la façade de l'église Saint-Laurent afin qu'il y ait un continuum logique entre ces deux monuments".

"On est donc ici sur un endroit très végétalisé"
Laurent Wauquiez, Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, continue dans le même sens : "Je pense que parfois on oublie de là où on vient. Avant, la caserne des pompiers, c'était zéro. Les façades des maisons, zéro. La caserne militaire, vide. Maintenant, tout a changé. Le café du Bistrot est maintenant magnifique, les façades des maisons sont refaites progressivement, l'accès à Massot est superbe." Michel Chapuis assure : "La place sera très belle quand les arbres seront en fleurs. À côté, nous avons végétalisé le parking d'Estrouilhas. De l'autre côté, il y a le jardin de Pomara. On est donc ici sur un endroit très végétalisé".

Du goudron, rien que du goudron
Mais derrière les discours qui encensent comme il se doit les réalisations effectuées, des voix se faufilent entre les oreilles pour faire remarquer la couleur du plancher. Totalement noire d'un bout à l'autre sans quasiment aucune surface verte en dépit de la quinzaine d'arbres maigrelets plantés solidement dans cette place de goudron. "Aujourd'hui, quand on a l'occasion de refaire de l'aménagement urbain, on doit penser à une adaptation aux changements climatiques qui passe par une vraie végétalisation", souligne Willy Guieau, anciennement aux côtés de Michel Chapuis, conseiller municipal et communautaire dédié aux questions environnementales, et à présent aux cotés de Catherine Granier-Chevassus.

"Je trouve que c'est une escroquerie intellectuelle"
"Le fait de refaire tout en goudron crée un ilot de chaleur, explique Willy Guieau. Lorsqu'il y a une canicule, phénomène qui va devenir de plus en plus courant, vous créez une accumulation de chaleur qui sera libérée tout au long de la nuit, aggravant tout autant la situation écologique. Quand on pense adaptation aux changements climatiques, on pense à créer des zones tempérées. Là, on a fait tout l'inverse." Willy Guieau, qui affirme encore que le projet de la place de la Libération a été, pour lui, la goutte d'eau de trop, est abasourdi par ce choix. "Je trouve que c'est une escroquerie intellectuelle de dire aux gens qu'une rénovation tout en goudron n'est pas grave. Le dérèglement climatique, c'est quelque chose de très grave. Pour moi, ce qu'ils ont fait, c'est totalement raté. Et c'est pourtant fait pour les 30 ans à venir".

> Retrouvez également la réaction de Laurent Johanny et l'équipe « Le Puy en commun, en Vert et pour Tous », qui juge que la Place de la Libération ne mérite pas le nom de "place"

Pour l'inauguration, un buffet et du vin chaud ont été servis aux riverains et personnes conviées à l'événement.

Nicolas Defay

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