Les liens ville-hôpital renforcés en Haute-Loire avec trois conventions signées
« Non, tout ne va pas bien à l’hôpital »
Les représentants syndicaux CGT, CFDT et FO des personnels du centre hospitalier Émile Roux du Puy tirent (une nouvelle fois) la sonnette d’alarme. Pas assez entendus, se disant victimes de pression et répressions, ils dénoncent la dégradation continue du climat social au sein de l’établissement.
Héros du quotidien, ils ont été également les héros de la crise sanitaire. Bien qu’ayant été moult fois applaudis aux fenêtres et maintes fois soutenus, aussi bien par les politiques que par la population, ces héros sont à bout de souffle. Le personnel hospitalier subit une crise depuis plusieurs années, qui est venue s’aggraver avec l’arrivée du coronavirus. Le centre hospitalier d’Émile Roux (CHER) du Puy-en-Velay semble être en proie a une forte dégradation du climat social. Une situation très difficile que les personnels hospitaliers veulent (une nouvelle fois) dénoncer.
Dysfonctionnements des instances
Les représentants syndicaux regrettent également que leur avis ne soit considéré que comme « consultatif » sans réelle prise en compte de la part de la direction. Direction qui, aux dires des représentants syndicaux, est très peu présente lors de ces comités. Jeudi 11 mars devait se tenir le CTE (Comité Technique d’Établissement) de l’hôpital. Les représentants des organisations syndicales hospitalières ont décidé de ne pas y siéger en signe de contestation et de provoquer « un électrochoc et qu’ils se demandent pourquoi nous ne sommes pas venus », raconte Amandine Rabeyrin, porte-parole de cet intersyndical et secrétaire départementale Santé Action Sociale CGT 43 à l’Hôpital Émile Roux. Ce dernier a donc été reporté au mardi 16 mars, rendez-vous auquel les représentants se sont rendus. Ils dénoncent la mauvaise gestion des instances, notamment autour du fonctionnement du CTE. En effet, il semblerait que les documents ne soient pas envoyés dans les délais, empêchant les représentants « de prononcer un avis éclairé et [les] entrave dans l’exercice de [leur] mandat ». De plus, un manque de transparence est également dénoncé dans les décisions prises.
« Culpabilisation, pression et répression »
Problème décrié depuis longtemps, le personnel hospitalier évolue sous une pression constante, « anormale » selon les représentants syndicaux. Cette pression, commune à beaucoup d’hôpitaux publics, a été aggravée par la crise sanitaire. Mais elle a également été accentuée par une politique de culpabilisation et de répressions. Au mois de mars 2021, il y a eu quatre conseils de discipline. « C’est énorme, et surtout, ces conseils ont été saisis pour des fautes mineures, qui ne justifient pas les sanctions appliquées, qui vont de trois mois de suspension au licenciement », déplore Amandine Rabeyrin. « En dix ans, je n’en ai vus que deux », rappelle une représentante de FO.
« Ce n’est pas un gros mot de dire que tout ne se passe pas bien à l’hôpital », Amandine Rabeyrin
En plus de cette pression supplémentaire, le personnel hospitalier se voit pointés du doigt par la direction de l’établissement. « Lors de nos CTE, en introduction, on nous dit en face que nous et notre travail sommes médiocres, ce qui est vraiment choquant comme terme. On nous dit que notre vision des choses n’est pas la réalité que tout se passe bien, dénonce Amandine Rabeyrin, ce n’est pas un gros mot de dire que tout ne se passe pas bien à l’hôpital ». Une culpabilisation des soignants est aussi fortement déplorée. « On nous fait culpabiliser constamment, par exemple sur la vaccination, où comme chaque citoyen nous avons le droit d’avoir des réserves. On dit que l’on met en danger les patients, mais en tant que personnel soignant, les protocoles sanitaires sont plus que respectés. Et paradoxalement, ce sont les mêmes qui nous ont obligés à venir travailler même en ayant le COVID », ajoute Amandine Rabeyrin.
Des arrêts maladies qui coûtent cher et primes d’intéressement
Émile Roux : grande source d'emplois
Le centre hospitalier Émile Roux constitue l'une des plus grande source d'emplois du département. En effet, il y a environ 1 580 salariés, sans compter les médecins. En comptant ces derniers, c'est presque 2 000 personnes qui travaillent au sein de l'hôpital ponot.
Véritable comble pour les personnels qui nous soignent, les agents de l’hôpital seraient « catalogués » et rencontreraient des difficultés sur leur parcours. La direction convoquerait de manière abusive du personnel en arrêt maladie pour venir travailler, chose qui est illégale. Des latences dans les envois de dossiers viendrait s’ajouter à tout ceci. Les agents se sont également vus refuser des demandes de congés de longues maladies ainsi que les reprises à temps partiels thérapeutiques. « Une fois que vous avez été touchés par la maladie, on fait tout pour vous poussez vers la sortie », explique Amandine Rabeyrin.
Au mois de décembre 2020, les syndicats dénoncent également des primes « à la tête du client » pour reprendre les propos de Catherine Experton, secrétaire de section du syndicat CFDT du centre hospitalier Émile roux. Des primes d’intéressement qui, selon eux, n’ont pas leur place au sein de l’hôpital public. Ces primes iraient de 300 à 1 800 € et ne profiteraient qu’à quelques agents. « Nous ce qui nous paraît normal, c’est soit tout le monde, soit personne. Nous ne sommes pas là pour faire du profit mais pour soigner des gens ! » s’insurge Amandine Rabeyrin
Des inquiétudes quant à l’avenir
Toute cette pression ne touche pas uniquement le personnel infirmier. En effet, en l’espace de deux ans, une dizaine de cadres sont partis de l’hôpital. Beaucoup émettent le souhait de partir à cause des conditions de travail. C’est aussi le cas auprès des médecins, qui souhaitent également quitter le navire pour les mêmes raisons. « Et toujours aussi paradoxal, on ferme la porte à ceux qui souhaitent revenir », ajoute Amandine Rabeyrin en parlant du personnel infirmier.
Le dialogue « impossible » entre eux et la direction les fait se sentir oubliés et pas écoutés ni représentés. Par ailleurs, les représentants syndicaux remarquent une fuite des agents de l’hôpital vers les cliniques privées. « Si tout le monde se tourne vers le privé à cause des mauvaises conditions de travail dans le public, cela va poser un problème au niveau de l’accès des soins. Là où les dépassements d’honoraires sont courants, on risque de perdre l’égalité à l’accès aux soins pour tous. C’est pour cela qu’il faut améliorer tout ça au sein de l’hôpital public », Amandine Rabeyrin.
Les trois syndicats ont pour objectif de partager leur intervention du dernier CTE, qui résume les points exposés ci-dessus, à l'ARS, la préfecture ainsi qu'aux députés départementaux pour alerter et faire connaître la situation actuelle du climat sociale au sein du centre hospitalier.