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Municipales : à Brives, un candidat entre continuité et nouvelles idées
Impliqué dans la vie associative brivoise depuis 1981, Maurice Valentin a notamment été président du club de football de la commune pendant plus de vingt ans, jusqu'en 2010. Il a également été à la tête de la Maison Pour Tous Centre Social de Brives-Charensac, jusqu'à la fin de l'année 2013, qu'il a alors quitté pour être libre de tout engagement dans la perspective des municipales.
Jamais impliqué dans la vie politique, Maurice Valentin entend prendre la succession de Jean-Claude Ferret, premier magistrat de la commune pendant un quart de siècle (lire), à la tête de la liste "Agir ensemble pour Brives-Charensac". S'il refuse de s'inscrire dans "la succession de qui que ce soit", Maurice Valentin a tout de même pris dans sa liste le maire sortant. Il se présentera sans étiquette (il est considéré divers gauche-centre) et sa liste présente une moyenne d'âge de 45 ans.
- Maurice Velantin, on voit déjà au travers de votre parcours que vous avez une grande expérience du monde associatif, c'est un point clef selon vous à Brives-Charensac ?
Oui, j'ai toujours été impliqué, ne serait-ce que dans les associations de parents d'élèves ou le club de foot, où j'ai été président en 1975 mais j'ai aussi été pendant 28 années vice-président du district de football de la Haute-Loire, sans oublier la MPT de Brives... Bref, toutes ces implications dans le monde associatif m'ont permis d'apprécier Brives et de bien connaître ses habitants.
- Brives a justement un tissu associatif assez important...
Il est même exceptionnel, on a plus de 80 associations qui oeuvrent dans des domaines variés et nous avons été reconnus comme la ville la plus sportive du Massif Central dans notre catégorie de moins de 5 000 habitants (lire). Nos associations disposent d'infrastructures de qualité qui méritent de petits aménagements mais qui sont enviés par tous ceux qui viennent nous voir, notamment le complexe sportif Exbrayat qui comprend cinq terrains éclairés, des courts de tennis, les club de boules, de judo ou encore de badminton...
- A quels aménagements pensez-vous ?
Je pense déjà que les associations devraient encore un peu plus fédérées au sein de la Maison Pour Tous mais je pensais surtout au gymnase, dans lequel on pourrait aménager des tribunes plus fonctionnelles et plus accueillantes. Enfin, il faudrait des trouver des solutions pour désengorger un peu l'occupation de ces locaux, au travers de nouvelles formules.
- Pour vous, la Maison Pour Tous de Brives doit redevenir le coeur de la commune ?
Ecouter sa réponse. {{audio}}
- Vous affirmez ne pas prétendre à la succession de Jean-Claude Ferret. A défaut, vous défendez son mandat ?
Je défends totalement et pleinement son mandat mais je repars avec une équipe nouvelle aux deux tiers. J'estime que les huit adjoints ou conseillers municipaux déjà présents lors de la précédente mandature, ainsi que Jean-Claude Ferret, vont nous apporter leur expérience et leur mémoire des dossiers les plus complexes de Brives. Je les ai choisi individuellement et personnellement pour leur attachement à Brives. C'est une équipe diversifiée, rajeunie, qui couvre tous les secteurs de Brives, notamment le clos de Corsac, qui n'était pas représenté ces dernières années.
- Mais vous souhaitez incarner la continuité ou apporter de nouvelles choses ?
Je pense qu'il faut toujours apporter de nouvelles choses mais aussi s'appuyer sur ce qui est réussi. Quand je me suis lancé, je me suis d'abord dit : "il y a tout à Brives", puis on se rend compte qu'il y a toujours des choses à faire. Il faudra certainement avoir plus de concertation avec les habitants, les commerçants et les entreprises locales par exemple.
- On sait justement que le dossier de la TLPE (lire) a rendu les relations entre la municipalité et les commerçants délicates. En cas d'élection, proposeriez-vous une conciliation ?
Je ne crois pas qu'ils soient en guerre non plus. La TLPE a été mise en place avec un but premier, c'est de supprimer les publicités sauvages. On se rend compte que sur Brives, ça a fonctionné, ce qui n'est pas plus mal. Après la supprimer, non, je ne crois pas que ce soit envisageable car c'est une loi qui est passée, la municipalité précédente a pris la décision d'éxonérer tous les petits commerçants du centre bourg, pour des surfaces inférieures à 13m². Une taxe supplémentaire pour les entreprises, c'est toujours impopulaire mais il me semble que c'était nécessaire.
- Les commerçants avaient fait un recours au tribunal administratif : ils se plaignaient d'avoir été peu concertés et que les chiffres avaient été légèrement gonflés...
Mon objectif, c'est justement d'avoir une concertation avec les entreprises concernées pour expliquer clairement ce qu'il en est. Il y a manifestement eu une incompréhension lors de la mise en place, mais elle doit pouvoir se lever.
- Brives possède la zone commerciale la plus importante du département, il faudra donc la conserver je suppose, et accepter quelques concessions avec les commerçants non ?
Pour nous, c'est bien sûr très important, il faudra travailler en concertation avec les entreprises et les aider au maximum pour qu'elles puissent rester sur la commune et pour celles qui seront amenées à partir, il faut pouvoir les remplacer au plus vite car cette zone commerciale est un atout majeur pour Brives, porteur de bon nombre d'emplois.
- Alors que faire pour préserver cette zone et la renforcer ?
Ce sera de toute façon difficile de la renforcer et nous sommes parfaitement conscients que tôt ou tard, nous ne serons plus la principale zone commerciale du département. Elle est aujourd'hui limitée et toutes les parcelles sont occupées donc il n'y a plus de possibilité d'expansion comme pour d'autres développements pour Brives, notamment l'habitat où on est aujourd'hui coincés.
- Alors comment préserver cette zone commerciale ?
Déjà, c'est une zone entretenue par l'agglo dont c'est la compétence, donc il faudra simplement veiller à un bon entretien et une bonne desserte de cette zone.
- Alors si on parle de desserte, on constate justement que le contournement du Puy n'offrira aucune desserte de la zone commerciale de Brives puisque l'échangeur se situe à Bellevue...
Oui, ça nous désole car initialement, l'entrée de Brives devait se faire par La Chartreuse et pour des raisons dont j'ignore les fondements exacts, ça ne s'est pas fait. Il y a des commerçants qui sont installés, comme le Buffalo, et ils risquent d'être fortement pénalisés.
- Il s'agit là clairement d'un point de tension avec l'agglo, alors comment envisagez-vous les relations futures entre les deux collectivités ?
Déjà, on parle beaucoup de tensions mais la communauté d'agglomération se veut être une entité démocratique, où les avis des uns et des autres doivent être partagés. Il est bien normal que tout le monde ne soit pas du même avis mais qu'il y ait de telles querelles, ce n'est pas logique et tout le monde en porte les conséquences. Par contre, contrairement à ce qui a pu être dit, la commune de Brives n'a malgré tout pas été pénalisée outre mesure puisqu'elle a benéficié de trois millions d'euros de subventions de l'agglo lors de la mandature, notamment pour l'aménagement de l'avenue Charles Dupuy, où elle a amené un million d'euros, le pont de Tireboeuf avec 500 000 euros ou encore la rénovation du gymnase, de la piscine, etc. Pour l'avenir, on souhaite donc que Brives soit reconnue comme la deuxième ville de l'agglo avec une vice-présidence et que nous puissions donner notre avis en étant force de proposition.
- Il y a certes des choses qui fonctionnent avec l'agglo, mais d'autres un peu moins, comme par exemple le contournement du Puy et Brives s'en trouve lésé...
Oui, c'est évident, mais est-ce vraiment suite à une distension avec l'agglo ou est-ce plutôt lié aux faisabilités techniques, je ne sais pas.
- Il y a aussi la mutualisation qui a été au coeur de distensions entre l'agglo et Brives...
Pour mutualiser, il faut déjà avoir de la matière à mutualiser... ça peut fonctionner par exemple sur l'entretien des équipements sportifs avec une acquisition de matériel commun, sur la compétence tourisme aussi, il y a peut être une opportunité pour notre camping municipal. On a déjà participé à la mutualisation, avec par exemple la ludothèque qui est passée à l'agglo.
- Il y a donc des choses qui fonctionnent, mais pas tout non plus ?
Non, nous n'avons pas non plus des oeillères, mais il faut être constructif. Je pense qu'autour de la culture, il serait intéressant de mutualiser avec une coordination, une concertation, pour éviter qu'on soit chacun dans notre coin à organiser des choses sans tenir compte de ce qui se passe à côté.
- Un des points d'accrochage, c'est que plusieurs élus de Brives ont estimé que la mutualisation bénéficiait surtout au Puy, avec une importante baisse des charges, au détriment des autres communes...
Force est de constater que la ville du Puy a quand même bénéficié de cette mutualisation mais charge à nous de faire la même chose. On a pas les mêmes moyens et les mêmes charges, mais on peut s'inspirer de ce qui a été fait.
- Personnellement, est-ce que vous soutenez les démissions des six délégués de Brives à l'agglo ?
C'était une volonté pour marquer leur désaccord mais je ne suis pas du tout du genre à abandonner mes responsabilités... La politique de la chaise vide pouvait nous porter préjudice, même si on vient de voir qu'il n'était pas aussi évident mais je répète qu'à l'agglo, nous devons travailler en toute démocratie avec le respect des uns et des autres. Je ne soutiens pas non plus mais je comprends parfaitement leur position car quand personne ne veut vous écouter et qu'on vous fait taire, ce n'est pas logique. Quoi qu'il en soit, il faut mettre un terme à ces querelles et renouer les liens avec l'agglo.
- Si l'on revient à la commune de Brives, la Loire sera-t-elle au coeur de la campagne ?
Elle est déjà transversale puisqu'elle traverse Brives. Ces seuils, c'est un vrai soucis, l'Etat a fait des travaux et on a apprécié mais avec les inondations successives, l'Etat s'est petit à petit désengager de l'entretien des seuils et ils ont été fortement dégradé après la crue de 2008, si bien que leur reprise coûtait alors relativement cher. L'Etat souhaitait donc qu'ils soient repris par une collectivité locale, mais ni le Département, ni l'agglo n'a accepté et la commune n'avait pas les moyens, puisqu'on évalue leur réparation à 200 000 euros, et il y a aussi la responsabilité de la commune qui se trouve alors engagée à la place de l'Etat.
- L'aménagement de la Loire serait important aussi pour le camping municipal ?
Notre camping est vielissant, les infrastructures sont à revoir et il y a une réflexion à engager pour le rendre plus dynamique et plus attractif, cette réflexion devrait porter sur l'aménagement et la gestion, qui est communale aujourd'hui et qui pourrait devenir intercommunale puisque le tourisme est une compétence de l'agglo. Le camping pourrait alors passé en DSP (ndlr : Délégation de Service Public) plutôt que de changer de régisseur chaque année.
- Début janvier, il y avait une réunion à Brives (lire) pour expliquer aux habitants le retour d'une grande partie de la commune en zone inondable, avec le risque de dévaluer les biens et le foncier et d'empêcher l'expansion de la commune... Une nouvelle vraiment préjudiciable pour la commune ?
C'est une très mauvaise nouvelle pour Brives et ses habitants, surtout pour ceux qui ont investi et qui ont construit mais la municipalité ne peut que faire part de son mécontentement puisque c'est imposé par l'Etat. Nous serons amené à revoir le PLU (ndlr : Plan Local d'Urbanisme) puisque les travaux d'études avaient été avancés et surtout, le gros problème, c'est que certains permis de construire ont été acceptés et nous ne sommes plus en zone constructible donc on ne peut plus valider ces permis.
- Pour la commune, c'est aussi une perte de sa réserve foncière, déjà bien mince, et une limitation de ses possibilités d'expansion ?
La commune n'a de toute façon presque plus de réserve foncière mais on va avoir une opportunité avec un projet déjà initié qui concerne l'aménagement de la plateforme de la gare à Brives, qui doit pouvoir amener 130 logements. Mon équipe a une réflexion forte à ce propos et pour les personnes âgées, qui ont du mal à partir en maison de retraite, on envisage d'y créer un projet de logements séniors, qui assure la transition entre le domicile et la maison de retraite. Enfin, nous disposons d'une ultime réserve foncière au-dessus des coteaux des Borilles.
- Un mot aussi sur la fiscalité, le taux d'imposition de la commune pourrait être revue ?
Annoncer une baisse d'impôts, c'est irréaliste et incorrect. Mon engagement, c'est de ne pas toucher aux taux d'imposition communaux. En tant que contribuable, je me rends compte que ma taxe foncière et ma taxe d'habitation ont terriblement augmenté ces dix dernières années. Pour la taxe d'habitation, la base d'imposition est décidée par l'Etat et elle a augmenté de 18 % en 10 ans. La commune n' a pourtant pas touché à son taux d'imposition en 24 ans mais l'agglo a elle augmenté de 44 % depuis sa création donc au final, on a une augmentation de 34 % en 10 ans. Quant à la taxe foncière, la base a augmenté de 19,61 % sur cette période, sans que la commune ne touche à son taux en 24 ans et le Conseil général l'a augmenté de 83 % en 10 ans, soit au final une hausse de 38 % pour le contribuable sur cette période, sans que la municipalité ne touche vraiment davantage.
- Parmi les thématiques souvent abordées à l'aube de ces élections, il y a aussi la sécurité. Fait-il bon vivre à Brives ou la commune est-elle concernée par les problèmes d'insécurité ?
Brives n'est pas trop concernée par l'insécurité mais il y a quelques incivilités qui existent et nous devons rester vigilants mais ce n'est pas pour autant que nous allons installer des caméras à chaque coin de rue si nous sommes élus, en tout cas pas dans l'immédiat. Après de la délinquance, il y en a toujours, mais elle est minime et il y a une forte collaboration avec les services de police. C'est plutôt la sécurité routière qui nous préoccupe, surtout au niveau des entrées de commune. Il n'est pas question de mettre des feux rouge de partout mais il faut plus de sensibilisation car de nombreux riverains se sentent en insécurité, jugeant que certains automobilistes roulent trop vite.
- Pour vous, quels sont les principaux atouts de Brives-Charensac ?
Déjà le dynamisme de son tissu associatif, mais aussi la qualité de vie car il fait bon vivre à Brives, notamment grâce aux aménagements de qualité réalisés, que ce soit les aires de jeux, le parcours de santé ou encore la voie verte, sans oublier le fleurissement, puisqu'on a été honoré d'une deuxième fleur cette année au classement des villes fleuries et enfin le Conseil Municipal des Jeunes, qui est une véritable force de proposition.
- On arrive alors aux faiblesses de la commune : quelles sont les principales selon vous ?
Brives est un peu une ville dortoir, les gens ne sont peut être pas assez impliqués dans la vie de la commune, il faut qu'on trouve du lien social dans une commune étendue, et il y a bien sûr aussi le problème des seuils, qu'on a déjà évoqué précédemment, car nous sommes très attchés à la Loire.
- Pour conclure, que peut-on vous souhaiter pour cette année 2014 ?
Je crois que pour aller de l'avant, il faut aussi regarder dans le rétroviseur. Brives a beaucoup changé au cours de ces 25 dernières années, elle a été métamorphosée et il faut continuer. De belles pages ont été écrites et j'espère en écrire de nouvelles tout aussi belles. Alors souhaitez-moi d'être élu avec mes colistiers afin de continuer à faire de belles choses pour Brives !
Propos recueillis par Maxime Pitavy
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