Important dispositif pompier pour une fuite de gaz au Puy

Dans un contexte où les annonces sécuritaires se multiplient, les professionnels de terrain de la justice alertent sur un système qui suffoque. Selon les syndicalistes, le SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) et les contractuels réunis devant la Préfecture du Puy ce sont des effets d’annonce sans véritable mesure pérenne.
Ce mardi 17 juin, les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation, étaient de nouveau rassemblés, cette fois devant la préfecture, pour dénoncer, selon eux, leurs conditions de travail et la prise en charge des détenus en milieu ouvert.
Un travail de fond à mener
La colère du SPIP 43 monte face aux priorités gouvernementales « notre ministère fait le buzz sur le narcotrafic en mobilisant des moyens pour construire des maisons d'arrêt ultra-sécuritaires », souligne Pierre Goubet, Conseiller Pénitentiaire d'Insertion et de Probation (CPIP), avant d’ajouter : « Le service public, c'est le patrimoine de ceux qui n'en ont pas. » Selon lui, le manque de personnel touche l’ensemble des services publics, et la justice pénitentiaire n’y échappe pas.
« Ce sont souvent des jeunes issus de parcours d’aide sociale à l’enfance, avec des troubles psychiques, des addictions, une extrême précarité. »
Pourtant « les peines n'ont jamais été aussi fortes en France », dit un agent. Malgré cela, « un tiers de nos conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation, qui sont en CDD, ne seront pas renouvelés, donc on va être, à la rentrée, au minimum à moins 30 % par rapport à cette année » déclare Pierre Goubet.
Selon un agent présent au cours du rassemblement, l’image véhiculée dans les médias semble très éloignée du « grand banditisme » que l’on décrit. « Ce sont souvent des jeunes issus de parcours d’aide sociale à l’enfance, avec des troubles psychiques, des addictions, une extrême précarité. » Le retour à la liberté, mal préparé, mène bien souvent à la récidive ou à l’abandon.
Un système ouvert qui reste scellé
Au cours des incarcérations, « les prises en charge vont être restreintes, différées, de moins bonne qualité de fait. Ce qu'on réclame, c'est d'avoir les moyens à la fois humains, mais aussi que nos structures partenaires aient les moyens. Par exemple, signer des contrats avec l'hôpital pour avoir des placements à l'extérieur pour des soins. » Une grande partie du public suivie présente des troubles psychiatriques. « La prison, ce n’est pas un lieu de soin », nous déclare un CPIP.
Le milieu ouvert, souvent méconnu du grand public, et concerne les mesures alternatives à la prison : sursis avec mise à l’épreuve, placement sous bracelet électronique, travaux d’intérêt général, ou encore libération conditionnelle. « Il faut bien que la population comprenne que toutes les personnes qui sont enfermées ressortiront », rappelle un conseiller.
Et c’est précisément là que le travail du SPIP prend tout son sens : accompagner, préparer, encadrer les sorties pour éviter qu’elles ne se traduisent par un retour immédiat à la case départ ou pire, à la récidive.
Un poste, une fonction
Les agents s’inquiètent également des injonctions contradictoires qui s’ajoutent à leurs fonctions. "On nous demande de travailler sur la question des expulsions, notamment directement sur le milieu ouvert, mais aussi sur le milieu fermé." Des ordres qui brouillent les lignes de conduite des agents : "Nous demandons qu’il y ait une disjonction des fonctions. La fonction de police doit rester à la police. Nous, nous devons travailler sur le champ éducatif. On a besoin de créer un lien de confiance avec les personnes que nous accompagnons. Pour cela, on ne peut pas être dans une posture de contrôle sécuritaire. Notre mission, c’est l’accompagnement et la réinsertion. »
Les professionnels décrivent un système à deux vitesses. D’un côté, le milieu fermé, où "la promiscuité et l’inactivité accentuent les tensions". De l’autre, le milieu ouvert, en théorie plus propice à la réinsertion, serait réduit au tiers de l'effectif actuel, malgré le contexte d’inflation pénale.
Vos commentaires
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire