Lycée Charles et Adrien Dupuy, victime de son succès

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:01

L’année dernière, au mois de juillet 2019, les enseignants du lycée Charles et Adrien Dupuy ont été mis au pied du mur concernant la disparition de la sixième classe de seconde. « Elle a fermé car nous n’avions pas le nombre d’élèves requis, partage Véronique Thomas, enseignante et élue au conseil d’administration. Et pour la rentrée qui a suivi, nous avons dû refuser une bonne vingtaine d’élèves à cause de ça. » Actuellement, les cinq classes de seconde sont plus qu’au complet étant donné qu’elles sont chacune occupées par 36 élèves. « Heureusement que les lycéens tiennent la route et que tout se passe bien, ajoute-t-elle. Mais nous sommes saturés ! »

« Il faut reconnaître que Charles et Adrien Dupuy jouit d’une attractivité que l’on n’avait pas anticipée »
Pourtant, l’ex-Inspecteur d’académie de l’éducation nationale, Jean-Williams Semeraro, s’était exprimé en ces termes, juste avant sa retraite l’été denier : « Il faut reconnaître que Charles et Adrien Dupuy jouit d’une attractivité que l’on n’avait pas anticipée et qui n’est pas celle de ces dernières années. Je suis donc prêt à rééquilibrer l’an prochain. » Il avait assuré que la continuité du service public serait une priorité, laissant à son successeur, Marie-Hélène Aubry, la suite du dossier.

> Lire aussi : Le Puy : 40 futurs lycéens recalés (04/07/2019)

Une dotation incompréhensible
D’autre part, Madiha Hadi, Inspectrice de l’éducation nationale orientation et adjointe pour le second degré, avait à son tour affirmé qu’une attention particulière serait faite pour la prochaine dotation au lycée de la Roche-Arnaud. « Nous avions fondé un peu d’espoir suite à ces propos bienveillants, partage Martine Le Bigot, élue au conseil d’administration. Mais nous sommes tombés bien haut quand nous avons reçu la DGH (Dotation Globale Horaire, NDLR). Car le rectorat ne prévoit que 175 places pour les cinq classes de seconde à la rentrée 2020, soit 35 élèves par classe !  Malgré l’attractivité incontestable de notre établissement, le rectorat anticipe sept mois à l’avance ce chiffre pas en accord avec la réalité du terrain et les attentes des familles ».

Des spécialités uniques dans un lycée public
Qui plus est, cet établissement du Puy-en-Velay possède des spécialités uniques qu’aucun autre lycée public ne propose dans le département. « Les spécialités rares comme Théâtre et Science de l’ingénieur, ou encore le baccalauréat technologique STI2D » (sciences et technologies de l'industrie et du développement durable), détaille Jean-Yves Gay du Conseil d’administration. Ce qui implique que, malgré ces cours exclusifs, certains élèves intéressés par ces derniers ne pourront y accéder faute de place et devront renoncer à leurs choix pour espérer suivre leur scolarité dans ce lycée.

« Qu’on nous laisse notre sixième seconde »
L’attractivité du lycée Charles et Adrien Dupuy est due à plusieurs facteurs d’après le personnel. « Durant les travaux de rénovation, nous avions perdu en effectifs d’élèves, confie Jean-Yves Gay. Mais maintenant que les travaux sont en passe d’être achevés, son rayonnement n’est plus à mettre en doute. Pour la première fois, on devient véritablement attractif et on a l’impression que le rectorat nous sabote tout ce qu’on a mis en place. » Et Marie Vinatier, également enseignante, de rajouter : « Nous avons fait beaucoup d’efforts humains, des projets, des ouvertures à l’internationale, des efforts en temps scolaires et hors scolaires pour les activités. Il y a eu un énorme investissement du personnel. Aujourd’hui, les bras nous en tombent. On est soutenu par la Région alors que le rectorat ne nous donne pas la possibilité d’accueillir plus d’élèves. Nous avons les effectifs, nous avons les locaux. Qu’on nous laisse notre sixième seconde ».

Portes ouvertes les 3 et 4 avril
Rénovation extérieure et intérieure, aménagements des espaces sportifs, sécurisation du lycée... Pourquoi autant d’investissement par la Région Auvergne Rhône-Alpes si les élèves ne peuvent s’inscrire librement ? C’est la question que veulent poser les enseignants à l’Inspection Académique. « On a fait une demande pour avoir rendez-vous avec l’IA, nous apprend Jean-Yves Gay. L’idée, aujourd’hui, est d’alerter par voie de presse sur la situation. Mais nous comptons aussi sur nos portes ouvertes des 3 et 4 avril 2020 pour mettre en avant nos spécialités, les projets pédagogiques et les offres culturelles du lycée. » Quant aux actions alternatives envisagées, elles ne sont pour l’instant pas définies. « Nous ne sommes pas dans une démarche de grève mais rien n’est certain, ajoute-t-il. Au prochain conseil d’administration, on pourrait faire passer une motion pour que le rectorat soit directement interpellé ».

Nicolas Defay

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