Une chasse aux fantômes pour Halloween à Yssingeaux
L'histoire du Velay façon Maryse Mezard
Saviez-vous qu'il y a plus de 450 ans, une sorcière a été exorcisée en Haute-Loire ? Après quelques recherches et la découverte d'un document prieural, Maryse Mezard retrace dans « Femme donc sorcière » l'histoire d'Antoinette Bonnet. Entre récit historique et récit d'invention, plongez au cœur de l'abbaye de femmes de Saint-Pierre-des-Chazes, à la rencontre d'une femme… qui dérange.
« Pendant 2 siècles, on a brûlé 9 millions de sorcières en Europe, parce que c'était un pouvoir féminin qui commençait à inquiéter la société. Chaque fois que [les femmes] ont essayé de sortir, de réagir, que ce soit les féministes aujourd'hui ou les sorcières hier, ça été une réaction frénétique pour les ramener à leur place.» Ainsi, « Femme donc sorcière » débute-t-il par une préface, des mots de Benoîte Groult, journaliste, romancière et militante féministe française décédée en 2016.
« Elle est très, trop populaire auprès des villageois, elle dérange. »
Dans son récit, comme dans le titre du roman, Maryse Mezard souligne un certain parallèle, entre ces femmes, considérées comme des sorcières et celles d'aujourd'hui, qui dérangent également par leur beauté, leur intelligence, leur engagement.
Antoinette Bonnet, elle, vivait au XVIe siècle dans l'abbaye de femmes Saint-Pierre-des-Chazes. Très pauvre, elle fut victime de la jalousie et du pouvoir de l'abbesse Catherine de Rivoyre. Entre récit historique et récit d'invention, l'auteure conte le parcours de cette femme, aux puissants pouvoirs de guérison : « Depuis son jeune âge, elle sait calmer les douleurs, apaiser les esprits. Elle aide les femmes à mettre au monde leurs enfants, connait le pouvoir des plantes, possède un étrange don de divination. Elle est très, trop populaire auprès des villageois, elle dérange. L'abbesse des Chazes, jalouse de sa notoriété, lui tend un traquenard, pensant la faire disparaître pour toujours. »
Une histoire ancrée dans l'Histoire
Revenons à l'origine de ce récit. Passionnée de littérature et d'histoire depuis de nombreuses années, Maryse n'a jamais passé le cap de l'écriture, jusqu'au moment où elle se trouve poussée vers la sortie de son ancien emploi. Elle décide alors de se lancer et de partager sa passion. Elle écrit donc Une vie différente (2018), Liberté... (2019), et Lulu (2020).
Jusqu'au jour où elle se penche sur l'histoire d'Antoinette Bonnet. Une histoire qu'elle entend depuis bien longtemps dans la bouche de son entourage et des habitants de son village, mais sur laquelle elle n'a que très peu d'informations. C'est ensuite sur le site de la Bibliothèque nationale de France, Gallica, que la romancière trouve davantage de précisions sur l'existence d'Antoinette Bonnet, « diablesse de Boissiéres » ayant vécu à Saint-Julien-des-Chazes et exorcisée en 1569.
➡️ Visionner le document en question ⬅️
« Ce brave chasse-démon avait fait conduire par force cette pauvre patiente dans l'église »
Sur ce document, on peut lire : « Et c'est ainsi qu'il arriva le vingtième jour du mois de mai, l'an 1569. En l'Eglise dont nous avons parlé : auquel temps le malheur ayant porté qu'Antoinette Bonnet du lieu de la Boissiéres, paroisse de Sainte-Marie-des-Chazes, se trouva réellement possédée d'un grand nombre d'esprits malins, qui lui donnèrent bien de peine, un du trouble durant un long temps, et à tout le voisinage : et entre autres à la régente Catherine de Rivoyre, Dame et Abbesse du noble et du monastère des Chazes, qui touchée de compassion de voir l'état horrible de cette pauvre femme, donna l'ordre qu'elle fut exorcisée par le révérent Père Bourbon, religieux de la Chaise-Dieu, aussi clairvoyant des yeux de l'esprit, et fut tout en cette matière, qu'il était aveugle des yeux corporels.
Ce brave chasse-démon avait fait conduire par force cette pauvre patiente dans l'église de Sainte-Marie, et l'ayant exorcisée devant le grand autel, il la mena au côté droit de l'entrée de l'église, où l'on voit trois sépulcres (tombeau du Christ, Ndlr), deux qui n'ont d'autres fondements que le pavé [...] »
S'en sont suivies davantage de recherches, notamment sur les conditions de vie de l'époque comme « les éléments climatiques (orages, rigueur de l'hiver, sécheresse, crues de l'Allier), les éléments sanitaires (peste), la pauvreté du peuple, la puissance de la noblesse etc... J'ai aussi recherché des écrits sur la vie des bénédictines des Chazes : un couvent regroupant des filles de la noblesse du Velay et du Gévaudan, un couvent opulent et puissant, dominant le Haut-Allier et s'étendant sur les contrées alentours. Un lieu riche en histoire où vivaient elles vivaient souvent contre leur volonté. »
Alors que son prochain roman est déjà en préparation, l'auteure sera présente ce samedi 18 novembre à la Fnac du Puy-en-Velay, pour réaliser des dédicaces et échanger avec les lecteurs.
Vos commentaires
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire