Le Puy : une procédure d'expulsion mouvementée et interrompue

mar 16/04/2019 - 22:33 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:57

Ces quatre familles sont assignées à résidence et doivent tous les jours, dimanche et jours feriés compris, à 17 heures, pointer au commissariat du Puy. Depuis jeudi dernier, les membres du Réseau Education Sans Frontière de la Haute-Loire (RESF 43), pointent eux du doigt "une procédure inédite". "Les enfants doivent accompagner leurs parents au commissariat", explique Agnès Ginhoux, membre de RESF 43. "Inédite" au point de déposer un recours auprès du tribunal administratif de Clermont-Ferrand pour deux de ces familles.

----Pourquoi certains ne travaillent-ils pas ?
Ils n'ont pas le droit de travailler puisqu'ils n'ont pas de papier. Les services préfectoraux refusent régulièrement de leur délivrer des autorisations de travail, alors qu'ils en trouvent dans des secteurs en tension, notamment le BTP. Sans papier, pas de travail et sans promesse d'embauche, pas de régularisation... Une impasse pour ces demandeurs d'asile.
N'étant pas français, ils n'ont pas droit aux minimas sociaux.
-----La première aurait obtenu gain de cause vendredi dernier, ce qui aurait permis à la deuxième, une mère seule avec ses quatre enfants de bénéficier d'un allègement de la procédure sur cette obligation concernant les enfants mais également une révision des heures d'assignation à résidence de 17h30 à 19h30. Depuis jeudi, la famille d'origine albanaise, précédemment hébergée dans un appartement du centre d'accueil Tremplin au Puy, devait s'enfermer dans une chambre de l'hôtel Le Régional de 17h30 à 20h30. "Dans cette chambre, il n'y a rien pour se faire à manger, en les assignant à résidence de 17h30 à 20h30, ils ne pouvaient même pas manger au restaurant de l'hôtel qui ne sert plus après 20h30", s'exclame Agnès Ginhoux. 

>> A lire : Haute-Loire : quatre familles (dont neuf enfants) menacées d'expulsion
Mais ce mardi, tandis que la mère de famille respectait son obligation laissant ses enfants à l'hôtel, arrivée au commissariat, "elle a été retenue par des policiers et d'autres se rendaient au Régional pour prendre les enfants [répondant à une mesure d'obligation de quitter le territoire français, prise par le tribunal administratif, Ndlr]. L'un d'eux s'est perché sur le toit, le plus jeune s'est blessé à la jambe en courant. Et la mère a fait une crise de tétanie." Une scène décrite par plusieurs témoins car ce mardi, les soutiens des familles menacées d'expulsion étaient encore présents devant le commissariat et apprenant ce qui était en train de se passer, ils se sont eux aussi dirigés vers le boulevard Maréchal Fayolle. La mère et son fils blessé à la jambe ont été pris en charge par les pompiers pour être transportés à l'hôpital. Les membres de RESF 43 et leurs soutiens ont quant à eux bloqué toutes les voitures créant ainsi un bouchon jusqu'au bout du Faubourg Saint-Jean. "C'est un moyen de se faire entendre !", s'exclame Agnès Ginhoux.
 

(Le maire du Puy pris à partie par les soutiens de la famille albanaise menacée d'expulsion. Photo DR/S.Ma)

Parmi les automobilistes bloqués, le maire du Puy, Michel Chapuis. "On a le maire !", ont crié certains. "Pourquoi vous ne faites rien ?", lui a demandé un membre de RESF 43. "Je ne connais pas la situation et ce n'est pas en restant là que je vais changer les choses", a-t-il répondu. Il a été contraint d'apprendre la situation de cette famille albanaise. "Le maire n'est pas chargé de faire appliquer ces procédures", a-t-il tenté. Mais les membres de RESF 43 ne comptaient pas le lâcher. "Faites passer le message au préfet, il s'agit des droits internationaux des enfants", ont-ils insisté avant de le laisser s'en aller.
Stéphanie Marin

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